200.000 PERSONNES VEULENT PLUS DE MOYENS POUR LA COOPÉRATION

 

Question : A la veille du dépôt de cette pétition auprès des autorités fédérales, comment évaluez-vous l’impact réel de la campagne « 0,7 %, ensemble contre la pauvreté » ?
 
Bastienne Joerchel : Je pense qu’il est important d’analyser deux aspects essentiels. Premièrement, toute la mobilisation que signifie cette campagne pour les associations de développement, écologistes, culturelles, les syndicats et les églises qui y ont participé. Ce fut simplement fantastique. Nous avons réussi à mettre en commun des milliers d’efforts, avec un seul objectif : récolter la plus grande quantité de signatures dans le cadre d’un débat ouvert sur le thème de la coopération. Cette mobilisation et la réponse positive qu’elle a suscitée ont permis de rassurer les gens qui travaillent dans le monde de la coopération et qui parfois se sentent un peu déstabilisés par les critiques dont ils font l’objet. Cette campagne a permis de renforcer la conviction que la Suisse doit en faire plus, aux niveaux national, cantonal et communal. C’est un succès.
Quant à l’aspect « externe ». Le résultat  aussi de la Suisse romande est excellent : pratiquement un quart des signatures (environ 50.000) ont été récoltées dans cette région. Notre initiative a été bien reçue, ce qui a permis de sensibiliser sur ce thème d’autres secteurs et de stimuler le débat. Ce fut positif. Surtout si l’on sait qu’une partie de la presse, certains milieux intellectuels et, plus particulièrement, certains secteurs politiques critiquent de manière permanente l’augmentation de la coopération au développement.
 
Q : Le chiffre final de 200.000 signatures répond-il aux attentes initiales des promoteurs de la pétition ?
 
R : Je pense qu’il correspond à un objectif maximal. Lors du lancement de la pétition, nous avions avancé de manière informelle un chiffre de 100.000 signatures (ndr : l’équivalent d’une initiative fédérale à récolter dans un délai de 18 mois). Notre tactique était de ne pas surévaluer artificiellement l’objectif. Si nous avions obtenu un chiffre inférieur, cela aurait été un échec.
Si nous avions récolté entre 100.000 et 150.000 signatures, le résultat aurait été aussi bon, mais peut-être insuffisant politiquement. Le chiffre de 200.000 est excellent. Je ne crois pas qu’avec les moyens et le temps dont nous disposions, nous aurions pu faire mieux.
 
Q : La pétition est adressée au Parlement et aux autorités fédérales. Pensez-vous, avec le travail effectué durant cette année, avoir réussi d’envoyer des signes à ces deux pouvoirs qui, en dernière instance, devront décider du budget alloué à la coopération ?
 
R : Nous avons réussi à atteindre la classe politique. Et je pense que nous avons obtenu un scénario plus ouvert sur ce thème. Notre initiative a suscité un regain d’intérêt sur la thématique de la coopération, de la part d’un groupe plus large de parlementaires et de personnalités de toutes les sphères. Sans notre campagne, le débat serait aujourd’hui plus intime, plus discret, plus limité. Tout le monde a été forcé à sortir du  bois.
 
Q : Ma question porte aussi sur l’impact réel de cette pétition dans le monde des décisions concrètes…
 
R : C’est à voir. Il y a évidemment de nombreuses réticences sur le thème de la coopération, dans les sphères du pouvoir. Nous constatons ces derniers temps que les critiques et les questions sur l’efficacité et l’effectivité de l’aide sont mises sur la table. Il est clair qu’on ne peut éluder ces questions. Il est intéressant de voir que si avec cette campagne nous avons contraint les différents acteurs à sortir du bois, les ONG – en tant qu’acteurs du développement – doivent répondre aux hommes politiques sur la qualité de l’efficacité. Nous sommes dans un moment de débat, où il est nécessaire de traiter ces points essentiels : penser au type de coopération, avec quels partenaires, quel doit être le secteur qui en bénéficie le plus. Nous devons franchir une étape supplémentaire.
 
Q : C’est-à-dire…
R : Clarifier ce qui se fait et comment cela se fait… Y compris des parlementaires sensibles à ce thème demandent des clarifications. C’est important, car tout le monde est obligé de se positionner. Par exemple, lors du séminaire que nous avons organisé à Berne, le SECO (Secrétariat à l’économie) a déclaré que les intérêts économiques suisses et ceux de la coopération au développement peuvent et doivent aller de pair. Nous pouvons être d’accord ou non sur ce sujet. Mais il faut en discuter et il est important de clarifier ces positions.
 
Q : Après un an de travail intense, après le dépôt de la pétition à la chancellerie fédérale, lundi  26 après-midi, l’adrénaline des participant-e-s à la campagne va-t-elle baisser ?
 
R : Nous n’allons pas nous reposer. Le thème de la qualité et de l’efficacité de la coopération au développement prendra une importance centrale. Plusieurs conférences internationales à ce propos sont déjà convoquées. Et c’est aussi un thème pour une bonne partie de nos ONG. Nous allons reprendre ce point immédiatement. Ainsi que d’autres points, comme les accords bilatéraux conclus par la Suisse. Nous devons suivre de près tous ces aspects…
 
*Sergio Ferrari
Collaboration E-CHANGER + Le Courrier
Traduction H.P.Renk
 
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UN EXEMPLE CONCRET : E-CHANGER ET LA  CAMPAGNE 0,7 %
 
E-CHANGER (E-CH) s’est mobilisé activement en faveur de cette pétition pendant toute la dernière année. A Fribourg, a  soutenu le train romand arrivée à Berne le 7 juillet 2007 pour le lancement public de cette initiative. E-CH a organisé  une douzaine de récoltes publiques de signatures. En septembre 2007,  4 étudiant-e-s membres du mouvement ont réalisé un record en récoltant 350 signatures, en seulement 3 heures, à l’Université de Firbourg (Perolles). E-CH  a organisé quatre assemblées publiques, du 9 au 11 octobre (une à Fribourg, deux à Lausanne, et une à Berne, au local de la Direction de Développement et Coopération) avec  Francisco « Chico » Whitaker (prix Nobel alternatif 2007 et co-fondateur du Forum social mondial) comme principal invité. E-CH  avec les autres organisations sœurs de « Fribourg solidaire », a participé à la journée mondiale contre la pauvreté, le 17 octobre,  et à la Journée Mondiale de Lutte Paysanne (17 avril 2008).
Durant ces 12 mois, E-CH a présenté la campagne lors d’une vingtaine des activités publiques organisées par des groupes d’appui de coopér-acteurs.
Une cinquantaine de membres d’E-CH – secrétariat, comité, groupes régionaux, groupes d’appui – ont participé à, au moins, une activité spécifique. E-CH a recueilli au tour de 3.000 signatures, trois fois le chiffre prévu. (Sergio Ferrari)
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