Mars 2008, le Tibet se soulève à nouveau par le truchement de ses moines bouddhistes. Depuis de nombreuses années, les militants d’un Tibet libre n’ont eu de cesse de défier l’appareil politique chinois et sa répression. Cette fois-ci, l’approche des jeux olympiques en Chine et d’une focalisation médiatique inéxorable décuplent la volonté des Tibétains à réclamer leur indépendance ou tout du moins la fin de la violence.
Le 10 mars 1959, des centaines de milliers de Tibétains se réunissaient à Lhassa afin de manifester contre l’occupation chinoise. La répression orchestrée par l’Armée de libération de la République populaire de Chine a duré trois jours et tué plus de 87 000 civils dans le seul Tibet central, selon les sources officielles chinoises. Le Dalaï Lama, son gouvernement et quelques 80 000 civils ont pris dès lors l’exil et se sont réfugiés en Inde, devenant le fief de la résistance culturelle et politique tibétaine.
Le lundi 10 mars 2008, des centaines de moines ont décidé de comémorer cette date à quelques mois de l’ouverture des jeux olympiques, notamment pour exiger la libération de moines incarcérés depuis 2007. Plus qu’une date, le 10 mars symbolise la lutte contre la dureté du régime politique en place.
La Chine, elle, est dans le collimateur de nombreuses organisations de défense de droits de l’Homme et de la liberté de la presse à l’instar de Reporters sans frontières qui ne cesse de marteler que le régime chinois bafoue les droits les plus élémentaires. Des sociétés occidentales participent du reste à l’appareil de censure et de répression. Yahoo Chine a par exemple publié les photos des manifestants supposés être des leaders afin qu’ils puissent être dénoncés et punis.
Si la rébellion des lamas suscite de la sympathie au niveau international, il en est de même dans quatre provinces chinoises abritant des minorités tibétaines. Gansu, Qinhai, Sichuan et Ngawa ont malheureusement aussi vu le sang couler. La Chine risque réellement un embrasement général. Alors que les dirigeants de Pékin crie au complot, ils ont soigneusement laissé au panchen lama (seconde référence spirituelle tibétaine) choisi par eux-mêmes au détriment d’un autre jeune représentant l’autorité religieuse du Dalaï-Lama, le soin de dénoncer les exactions de ce qu’ils jugent être « les actes d’une petite minorité qui porte atteinte aux intérêts de la Nation et qui aurait violé le but du bouddhisme ».
En 2005, la Tunisie avait accueilli le deuxième Sommet Mondial pour la Société de l’Information. L’événement généralement peu relayé était devenu très médiatique et avait permis de dénoncer la censure et le régime autoritaire du Président Ben Ali, notamment grâce à l’organisation d’événements parallèles sur place. En 2008, les JO qui garantissent une couverture mondiale pourraient devenir ceux d’un lobbying international sans précédent, et sans boycott, afin d’exiger du gouvernement qu’il respecte la convention internationale des Droits de l’Hommes, voire qu’il libére le Tibet de son joug. A ses propres jeux, la Chine coure le risque de devoir accomplir un exercice d’endurance afin de tenir la pression internationale, mais, attention, si elle tient le marathon, gare à sa main de fer pendant les cinquante prochaines années. Aux JO 2008, les médias internationaux auront donc une responsabilité de taille face au contexte politique chinois. Face à la censure, les journalistes devront assurément braver le risque de mourir, tout comme les organisations internationales des Droits de l’Homme devront trouver le moyen d’insuffler un nouveau souffle plus libertaire au Dragon chinois dans un temps record, celui de la durée de l’avant et pendant les Jeux Olympiques.
Olivier Grobet
Quelques liens :
Témoignages de ce qui se passe sur place
http://observers.france24.com/fr/category/tags/tibet-0
Pétition pour soutenir la fin des violences et favoriser le dialogue avec le Dalaï Lama
http://www.avaaz.org/fr/tibet_end_the_violence/