Afghanistan: un nouvel espoir au Raghistan

Afghanistan – Le nouveau programme alimentaire de Medair au Raghistan améliore les conditions de vie de toute une région.
Un dimanche après-midi, en plein mois de juillet, Najiba, accompagnée de son mari et de son enfant malade, arrive épuisée à Zeriaki, au terme d’une longue marche à travers les montagnes. La famille a dû voyager 4 jours durant à dos d’âne, avant d’atteindre un centre de soins qui pourra guérir leur fils.

Âgé d’un an, le jeune Nematullah n’a jamais vraiment été en bonne santé. À six mois, il a commencé à régurgiter tout ce qu’il avalait. Incapable de garder sa nourriture, l’enfant maigrissait et devenait de plus en plus faible. Avec l’arrivée des neiges hivernales, il était devenu impossible à Najiba et à son mari de quitter leur village isolé en pleine montagne. Ils ont dû attendre la fonte des neiges et la décrue des rivières pour pouvoir aller chercher de l’aide dans un autre village.
Lorsque Nematullah est enfin admis au centre de stabilisation de Medair à Zeriaki, il se trouve dans un état de malnutrition sévère. Immobile dans son lit d’hôpital, le visage livide, Nematullah fixe de ses grands yeux bruns Lesley Stathis, la directrice du programme de nutrition de Medair.
« Aidez-nous, s’il vous plaît », demande Najiba, assise au chevet de son fils, la tête recouverte d’une burka blanche.
« J’ai déjà perdu six de mes enfants, explique-t-elle d’une voix fatiguée, les yeux rivés sur son fils. Il ne m’en reste plus que deux. »
Les deux visages du Raghistan
En été, le Raghistan est l’un des plus beaux endroits sur terre. De vertes collines parsemées de vesce pourpre côtoient les champs de blé et d’orge. Au loin, se profilent de grands massifs montagneux coiffés de neiges éternelles. Les ruisseaux murmurent joyeusement dans la vallée et seul le braiement occasionnel d’un âne ponctue çà et là le calme de cette région.
« Ragh signifie montagnes vertes et plaines vertes, explique Mohammed Rustan, le gouverneur de Raghistan. Si quelqu’un me demande où j’habite, je lui réponds que je vis dans la région la plus élevée et la plus magnifique au monde, bien au-dessus du niveau de la mer ».
Il est difficile d’imaginer, dans un cadre aussi idyllique, que tant de personnes, notamment des femmes et des enfants, souffrent de la faim et de la malnutrition. En effet, la beauté de l’été au Raghistan fait suite à la rigueur des longues saisons hivernales.
Près de sept mois durant, la région est recouverte d’un épais manteau de neige. Il devient alors pratiquement impossible de voyager. Durant ces longs mois d’hiver, les familles survivent grâce aux récoltes des plantations effectuées durant l’été. Elles se nourrissent donc essentiellement de riz au lait, de naan (pain local), et de thé. Certaines d’entre elles qui possèdent des vaches et des chèvres, hésitent à consommer la viande de ces animaux qui représentent leur seule source de subsistance.
« Les familles de Raghistan mangent rarement de la viande ou des haricots, et il en est de même pour les fruits et légumes, confie Lesley. Avec une telle alimentation, il n’est pas étonnant que les habitants de la région souffrent de malnutrition. »
Un taux élevé de malnutrition
En 2009, Medair a réalisé une rapide évaluation de la situation nutritionnelle dans la province de Badakhshan. Cette évaluation a été suivie d’une enquête de nutrition plus approfondie, conduite en 2010. Ces études ont révélé que les enfants de moins de cinq ans et les femmes en âge de procréer souffraient d’un degré de malnutrition nécessitant la mise en place immédiate d’un programme ciblé pour répondre à ces besoins vitaux.
En mars 2010, Medair a lancé un ambitieux programme de nutrition au Badakhshan, district situé à l’est du Raghistan, afin d’apporter une aide nutritionnelle d’urgence aux femmes et aux enfants malnutris, tout en s’appuyant sur des campagnes de sensibilisation pour prévenir l’apparition de nouvelles crises alimentaires.
Au cours des derniers mois, Medair a ouvert neuf centres de nutrition dans des villages stratégiques du Raghistan. Ces centres distribuent des rations alimentaires riches en nutriments aux femmes et aux enfants souffrant de carences alimentaires. Les enfants présentant des complications médicales liées à un état de malnutrition plus sévère sont transférés vers le centre de stabilisation de Zeriaki.
Au centre de Zeriaki, ces enfants font l’objet d’un suivi médical rigoureux et sont soignés par une équipe de médecins compétents jusqu’à ce qu’ils soient en état de retourner dans leur famille.
L’histoire de Nematullah
Peu après l’admission de Nematullah, l’équipe du centre de soins de Zeriaki a diagnostiqué des symptômes de reflux qui sont généralement faciles à traiter chez les nourrissons. Toutefois, dans les régions reculées du Raghistan, les mères et les enfants n’ont guère accès aux soins et sont peu sensibilisés aux problèmes de santé.
« Comme pour beaucoup de mères de la région, personne n’avait montré à Najiba comment faire éructer son bébé pour éviter les reflux, indique Andrew Robinson, un équipier Medair. C’est donc la première chose que le personnel soignant lui a apprise. »
Après seulement une journée de traitement, l’état Nematullah commence à s’améliorer et le personnel a bon espoir de voir l’enfant se rétablir. « Le personnel m’a expliqué comment nourrir mon enfant, confie Najiba. Je suis tellement soulagée et heureuse d’être ici, sachant que mon enfant est pris en charge. Déjà son regard est plus vif. »
Des bienfaits immédiats
À la fin juin, plus de 500 femmes et de 600 enfants malnutris avaient déjà bénéficié du programme de nutrition de Medair au Raghistan.
« Je suis très content du programme de nutrition car il profite à la population et vient en aide à nos enfants », déclare Mohammad Rabbana, le chef du village dont la femme, souffrant également de malnutrition, a reçu des rations alimentaires au centre local de Medair. « 80 % de la population du Raghistan ont reçu l’aide des équipes de Medair. Elles apportent une aide précieuse à tous les villages. »
Prévenir la malnutrition à long terme
Même si le programme de nutrition de Medair a remporté un franc succès, il ne représente que la première étape d’un projet plus ambitieux visant à éradiquer à long terme la malnutrition au Raghistan.
« Il est évident qu’il faut soigner les enfants souffrant de malnutrition, déclare Lesley, mais pour être efficaces à long terme, nous devons enseigner aux parents comment répondre aux besoins alimentaires de leurs enfants. »
Par exemple, les mères habitant au Raghistan arrêtent généralement d’allaiter leur enfant à partir de six mois. L’enfant est nourri ensuite de riz et de pain naan comme le reste de la famille. Un sevrage si précoce prive l’enfant des anticorps et des nutriments essentiels contenus dans le lait de sa mère.
C’est pourquoi le personnel de Medair a initié les mères et les femmes enceintes à des notions alimentaires de base, notamment à la manière d’allaiter leur enfant, à l’importance des légumes et à la nécessité de faire bouillir l’eau pour la rendre potable.
« Nous avons beaucoup appris grâce à ce programme, confie Mizrad Shah, un employé du gouvernement travaillant dans le village de Robat e Seab. Avant l’arrivée de Medair, je ne savais pas que les aliments à faible valeur énergétique étaient une cause de malnutrition chez les femmes et les enfants. Nous avons compris l’importance des aliments à haute valeur énergétique pendant la grossesse et après la naissance »
Dans la région du Raghistan, les équipes de Medair aménagent également des potagers de démonstration où la population locale peut apprendre à cultiver différents légumes pour varier et équilibrer son alimentation.
« La région est adaptée à la culture des navets, des carottes, des pommes de terre, des oignons verts et des radis », explique Tariq, diplômé en agronomie d’une université afghane. Il travaille aujourd’hui pour Medair et forme les agriculteurs de la région en leur enseignant comment optimiser leurs cultures.
« Nous leur expliquons comment utiliser moins de graines tout en augmentant les récoltes, précise Tariq. En entretenant ces potagers, les habitants de la région pourront améliorer leur alimentation, leur santé et celle de leur famille pour le bien de toute la communauté. »
Un nouvel espoir au Raghistan
Au travers de ce programme, Medair vise à transmettre à la population locale les connaissances nécessaires pour améliorer son alimentation à long terme. En l’espace de trois mois à peine, le programme de nutrition de Medair insuffle un nouvel espoir à des familles du Raghistan comme celle de Najiba, de son mari et du jeune Nematullah.
« J’ai visité plusieurs centres de nutrition et je peux dire qu’ils font du bon travail, a déclaré le gouverneur Mohammed Rustan. Au nom des habitants du Raghistan, je vous remercie et j’espère que vous continuerez à nous aider.
Les personnes qui soutiennent les programmes de Medair offrent un avenir à nos familles. »
Le programme ciblé de nutrition mis en œuvre par Medair dans la province du Badakhshan est soutenu par des donateurs privés, le Comité central mennonite, la Canadian Foodgrains Bank, l’UNICEF et le Programme alimentaire mondial.
Medair intervient en Afghanistan depuis 1996 et conduit actuellement, en collaboration avec la population locale, un programme de soins thérapeutiques pour personnes souffrant de malnutrition aiguë dans la province du Badakhshan. Medair y a installé plusieurs centres et établi des relations privilégiées avec les villages isolés. Ses équipes tentent d’améliorer la sécurité alimentaire, en fournissant une aide alimentaire, en favorisant l’accès à des services de nutrition et en créant des emplois dans la région. Enfin, Medair améliore l’accès à l’eau potable, l’assainissement et l’hygiène, et intervient en cas de catastrophes naturelles dans les provinces du Badakhshan et de Bamyan. Au Badakhshan, Medair met en place des programmes de gestion des risques en cas de catastrophes naturelles.
Cet article a été rédigé grâce aux informations recueillies par le personnel Medair (sur le terrain et au siège). Le contenu de cet article n’engage que Medair et ne doit en aucun cas être considéré comme le reflet de l’opinion officielle d’une quelconque autre organisation. www.medair.org

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