Assemblée générale d’E-CHANGER: 50 ans au Sud… sans oublier qu’un autre Nord est nécessaire

L’Assemblée Générale d’E-CHANGER (E-CH) de 2009, celle de ses 50 ans, a constitué un moment fort de la vie du mouvement, à la croisée de nombreux chemins. Au Bouveret, dans le centre de formation historique d’E-CH en Valais, se sont retrouvés samedi 6 juin plus de 70 participants, représentants de trois générations de volontaires et provenant d’horizons géographiques différents. S’y sont en effet rencontrés, en une synthèse historique émouvante, les Missionnaires Laïques des débuts, les Frères sans Frontières ensuite, et les membres actuels d’E-CHANGER.
Tous, comme briques différentes autant que complémentaires d’une construction commune qui débuta en 1959 avec les premiers volontaires partant pour Madagascar. Construction qui continue aujourd’hui, avec 43 coopér-actrices et coopér-acteurs, travaillant dans cinq programmes différents, dont quatre en Amérique Latine (Brésil, Bolivie, Colombie et Nicaragua) et un en Afrique (Burkina Faso et Mali).
UN MOUVEMENT REDYNAMISÉ
La rencontre au Bouveret a pris la forme d’un grand miroir dans lequel, durant toute la journée, le mouvement entier a pu refléter son image.
Dans ce miroir sont apparues de nombreuses images : les reflets d’une crise dépassée; des tâches en réalisation, comme la clarification de la structure ou la mise sur pied des cinq représentations cantonales; des directions claires, comme le rééquilibrage des cinq programmes nationaux et un nouveau concept de formation sur une base modulaire; des défis impératifs, comme la nécessaire intensification de la recherche de fonds propres pour équilibrer la tendance à la baisse de la contribution financière de l’Etat.
Ce même miroir a également permis de refléter, avec la même acuité, la passion du mouvement dans la réflexion de son existence propre. L’analyse des comptes 2008 et celle du budget 2009 a donné l’occasion d’un débat aussi vibrant qu’essentiel.
Dans ce même miroir se sont également reflétées les questions de fond concernant la stratégie suisse pour la coopération, ainsi que la réalité politique complexe dans laquelle elle s’insère. Ou encore, les risques et les défis d’E-CHANGER sur cette scène et, surtout, la décision irrévocable du mouvement de ratifier son droit à l’existence, dans l’égalité des conditions avec tant d’autres ONG suisses actives dans le même domaine.
Une existence vouée, dès ses origines, au service du Sud ; à se mettre à disposition de nos partenaires d’Afrique et d’Amérique Latine et à construire avec eux une lecture propre du monde et des relations planétaires, ce qui se traduit aujourd’hui par l’élaboration conjointe des programmes par pays.
Le Bouveret 2009 a permis un exercice intense d’autoréflexion en tant qu’organisation, de manière analytique et autocritique. Sans sous-évaluer en parallèle la capacité présente et future de redynamisation de nos propres forces.
Forces qui incluent un demi millier de membres, dont une bonne centaine de membres actifs présents lors de différentes activités du mouvement; la riche existence d’une trentaine de Groupes de Soutien des coopér-actrices et coopér-acteurs, regroupant au total quelques 3000 personnes; cinq représentations cantonales; des groupes d’intérêts spécifiques, comme les journalistes amis d’E-CHANGER; un observatoire de la coopération, promu par le Comité même ; et évidemment la quarantaine de volontaires et leurs partenaires (en majorité des mouvements actifs et des réseaux sociaux du Sud), qui assurent l’essence de notre coopération solidaire.
LA FORCE DE L’HISTOIRE
Partant de la naissance de l’association à Madagascar – par un poème chanté par le petit-fils d’un des premiers volontaires dans ce pays – pour clore avec la Bolivie par des chants des coopér-actrices dans ce pays sud-américain, des ancien-nes coopérant-es ont retracé durant l’après-midi le voyage actif, du passé au présent, formant le panorama d’un capital accumulé en cinq décennies.
Ont été évoqués également le Burundi, le Pérou, le Tchad, Haïti, le Cameroun, l’Equateur, la Colombie, la République Centrafricaine, le Nicaragua, l’Argentine, le Brésil, à travers des images et des souvenirs, des chants et des expériences, des récits, aussi bien des présents que des absents, avec mémoire des volontaires décédés.
Toutes ces images ont retracé l’émouvant voyage collectif de quelques 1000 volontaires en un demi-siècle, dont leurs photos font croître l’arbre d’E-CHANGER, symboliquement représenté pour l’exposition du 50e anniversaire et fortement présent ce 6 juin dans la salle au Bouveret.
Ces images dessinent le “visage humain” d’une coopération différente, de proximité, d’échange, de “peau à peau”, selon l’heureuse image du théologien Leonardo Boff, partenaire de longue date du mouvement.
Elles sont également l’expression d’un périple non terminé, d’une construction planétaire, dans laquelle celles et ceux qui sont partis – les volontaires suisses – sont sans aucun doute les plus enrichis par le savoir être et le savoir-faire des partenaires du Sud.
Des voyages qui ont toujours un retour : en Suisse, avec ses villages et ses paroisses, ses associations et ONGs, ses partis et ses institutions, ses fédérations et moyens de communication, ses simples citoyens. L’autre partie de ce « peau à peau » indispensable.
Service de presse E-CHANGER
Sergio Ferrari, le Bouveret, Suisse Traduction : Mathieu Glayre
 

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