Au Brésil, la police militaire incendie et expulse le Quilombo Campo Grande en pleine épidémie

Lors d’une audience qui s’est tenue ce mercredi 7 novembre 2018, le juge Walter Zwicker Esbaille Junior a ordonné l’expulsion des familles exploitant les terres de Quilombo Campo Grande depuis 20 ans.

Avec cette décision, 450 familles occupant l’usine désaffectée Ariadnopolis de Campo do Meio-MG sont touchées, 1 200 hectares de cultures de maïs, de haricots, de manioc et de courges, 40 hectares de jardin agro-écologique et 520 hectares de café seront détruits.

Des centaines de maisons, d’enclos et des kilomètres de clôture seront également détruits. Cet ordre a été appliqué vendredi 14 août, détruisant tout ce que les gens ont construit en deux décennies de travail. La décision d’expulsion a été annoncée vendredi (27/07) et concerne une zone de 12 000 hectares où environ 800 familles vivent au sein de 30 communautés.

Dans l’état du Maranhão, les communautés de quilombolas, les travailleurs et les travailleuses organisés ont réagi au décret du gouvernement brésilien, favorisant l’expansion d’un programme spatial brésilien, en contradiction totale avec la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT).

Cette intervention est appliquée en pleine épidémie de Covid-19 qui touche très fortement les communautés quilombolas.

Au Brésil, dans l`’État de Minas Gerais, le Quilombo Campo Grande, a été un des plus grands quilombos existants. Selon un travail de recherche de l’histoire populaire du Brésil, il comptait plus de 20 000 habitants au XIXe siècle, soit neuf fois plus que le quilombo de Palmares, le plus grand de ces territoires autonomes et libres, ayant résisté pendant plus d’un siècle aux esclavagistes.

L’extension du Quilombo Campo Grande s’étendait du Triângulo Mineiro, en passant par le sud et le sud-ouest du Minas Gerais, jusqu’aux régions du nord-est de l’État de São Paulo.
C’est l’inspiration pour l’occupation du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST) dans le sud du Minas Gerais, à Campo do Meio.

Le Mouvement des travailleurs ruraux Sans-Terre de l’État du Minas Gerais dénonce la violente expulsion menée par la police militaire, le vendredi 14, dans l’après-midi. En pleine pandémie, le gouverneur Romeo Zema a mis en danger la vie et la santé de milliers de personnes, manifestant son mépris pour la population en montrant son côté lâche et criminel.

Après 56 heures de résistance dans le campement de Quilombo Campo Grande, l’expulsion fixée pour ce mercredi 12 août s’est concrétisée par une violente attaque des familles regroupées par la police. Ce furent trois jours de tension, de violations des droits humains et de requêtes au gouverneur Romeo Zema pour que l’action de la police soit suspendue. La mobilisation de l’appareil policier a favorisé les regroupements, exposant non seulement les familles sans terre, mais aussi toute la population de la région à la propagation du Coronavirus, y compris les femmes enceintes, les personnes âgées et les autres personnes du groupe à risque.

Nous dénonçons le fait que la superficie de 26 hectares initialement incluse dans la procédure judiciaire n. 6105218 78.2015.8.13.0024, qui était déjà inoccupée, ait été élargie à 52 hectares dans la dernière ordonnance du Tribunal Agraire et que l’opération de police ait été au-delà de celle déterminée par l’injonction, détruisant la maison et les cultures de sept familles. Une fois de plus, l’État va à l’encontre des intérêts de la population et favorise l’escalade de la violence dans les campagnes. De plus, il s’attaque directement à l’éducation, l’opération ayant détruit l’école populaire Eduardo Galeano qui a permis à d’innombrables enfants, jeunes et adultes d’apprendre à lire et à écrire.

C’est la toute dernière trouvaille du gouverneur Zema pour la population du Minas Gerais. Un projet de violence et de mort plaçant les intérêts de la bourgeoisie au-dessus de tout. C’en est assez des expulsions ! Le gouverneur doit être puni pour les crimes qu’il a commis.

En dépit des violations et des pertes, il est important de souligner que dans ce processus éprouvant, l’unité de la classe ouvrière et la solidarité de la société, dans la dénonciation et la mobilisation contre le néofascisme qui prend racine dans notre pays, ont été fondamentales pour que nous puissions faire face aux réquisitions de l’État la tête haute. Ainsi, nous réaffirmons que nous resterons fermes dans la lutte pour la terre et que les 450 familles resteront sur les terres de l’ancienne usine d’Ariadnópolis, produisant une alimentation saine pour la population brésilienne. Zéro expulsion.

Direction de l’État du MST – MG

Le 14 août 2020

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