Brésil: Le Mouvement des sans terre demande: « Gouverner avec le peuple et non contre lui » » »

« Il y a de tout. Dans chaque ville bataillent les coeurs et les esprits.  A Sao Paulo et à Rio des secteurs de droite ont pris l’avantage, agressant des militants de gauche et provoquant la violence pour générer le chaos. Mais dans d’autres villes la gauche continue à donner le ton.
 
Voici ce qu’on peut dire en résumé :
 
1. La mobilisation est sociale, et part d’un secteur né après l’époque néo-libérale – classe moyenne et classe moyenne basse. C’est un secteur qui ne communique que via les réseaux sociaux et n’est pas influencé par la télévision et par les grands médias. Pour l’heure les travailleurs gardent le silence.
 
2.  C’est le fruit de 12 ans de conciliation de classe (comme au Chili) qui a exclu la jeunesse de la participation politique. Et la jeunesse veut participer d’une façon ou d’une autre, ne serait-ce qu’en défilant das la rue, sans répression.
 
3.  C’est la conséquence d’une grave crise urbaine structurelle, générée par le capital financier et la spéculation immobilière qui ont impliqué la hausse des loyers, la vente massive de voitures financées par les banques d’où le chaos aux heures de circulation, sans transport public, qui fait perdre aux gens deux à trois heures pour se rendre au travail ou à l’école…
 
4. Personne ne les contrôle. Il n’y a pas de leadership politique.
 
5.  Pour l’heure les plus touchés sont les partis traditionnels, la politique bourgeoise, et bien sûr la méthode développée par le Parti des Travailleurs (PT) pendant ces années de gouvernement, mais aussi les gouvernements de chaque État, tous, qu’ils soient de droite, du centre, de gauche…
 
6. La droite s’infiltre pour générer un climat de violence, de chaos et rejeter la faute sur le PT et sur Dilma Roussef.
 
7.  Le gouvernement de Dilma est paralysé dans sa politique. Il ne voulait qu’administrer et maintenant il ne sait plus quoi administrer.
 
8. En tant que mouvements sociaux nous tentons de générer une politique pour aller de l’avant (voir la lettre ci-dessous à la Présidente Dilma Roussef) et élargir les revendications pour avancer vers une réforme politique et une réforme des médias, une réforme fiscale et une réforme agraire.
 
9. Nul ne sait ce qui va se passer : allons-nous vers une situation à l’espagnole (capitalisée par la droite dans les urnes – qui se reproduirait ici en 2014) ou vers une situation à l’argentine ( 2001) avec des avancées, ou à la grecque, pour l’heure dans une impasse ?  Probablement aucune d’elles. Nous allons trouver une formule brésilienne que personne ne connaît aujourd’hui…
 
10. Mais il est clair que nous avons besoin de changements et il y aura des changements, dans tous les sens!
 
Le Secrétariat National du MST
 
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Lettre ouverte des mouvements sociaux à a Présidente Dilma Roussef
 
« Nous espérons que le gouvernement actuel choisira de gouverner avec le peuple et non contre lui »
Lettre signée par 35 entités du mouvement social et populaire qui proposent de réaliser d’urgence une réunion nationale, avec les gouvernements de chaque État, les maires des principales villes et les mouvements sociaux pour trouver une solution à la grave crise urbaine qui touche nos grandes villes.
 
Chère Présidente, le Brésil a connu cette semaine des mobilisations dans 15 capitales régionales et dans des centaines de villes. Nous partageons vos déclarations soulignant l’importance de ces mobilisations pour la démocratie brésilienne, sachant que les changements nécessaires dans le pays passent par la mobilisation populaire.
 
Plus qu’un phénomène conjoncturel, les manifestations récentes montrent la reprise progressive de la capacité de combat populaire. C’est cette résistance populaire qui a permis les résultats des élections de 2002, 2006 et 2010. Notre peuple, mécontent des mesures néo-libérales, a voté pour un autre projet. Pour sa mise en œuvre, cet autre projet s’est heurté à une forte résistance principalement de la part du capital rentier et des secteurs néolibéraux qui gardent une grande force dans la société.
 
Mais il a également été confronté aux limites imposées par les alliés de dernière minute venus d’une bourgeoisie nationale qui, dans la discussion des politiques gouvernementales, entravent la réalisation de réformes structurelles telles que la réforme des transports urbains et publics.
 
La crise internationale a bloqué la croissance et, avec elle, la continuité du projet porté par ce vaste front qui a jusqu’ici soutenu le gouvernement.
 

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