Cisjordanie, août 2009: Gilo Checkpoint, Bethléem, 4.30 am

Gilo est le plus grand des 60 checkpoints implantés en Cisjordanie par le gouvernement israélien depuis 2002. Situé entre Bethléem et Jérusalem, il permet de contrôler étroitement le flux de Palestiniens se rendant dans la Ville Sainte.
Officiellement, ces structures ont été construites pour des raisons sécuritaires, autrement dit pour tenter d’éviter les attaques terroristes. Officieusement, elles ont pour but de restreindre au maximum le mouvement des Palestiniens à l’intérieur des territoires occupés, en particulier en direction de Jérusalem.
Tous les matins, entre 5 heures et 7 heures, environ 2000 Palestiniens et Palestiniennes passent par Gilo Checkpoint. S’ils n’ont pas de permis de travail ou de laissez-passer reconnu par le gouvernement israélien, ils peuvent faire demi-tour.
Certains d’entre eux passent la moitié de la nuit devant l’entrée et dorment sur des cartons. S’ils veulent arriver à l’heure au travail, ils ont intérêt à être les premiers dans la file. A 4h30, celle-ci est déjà longue de plus de 50 mètres. Quelques personnes n’ont pas la patience d’attendre et essaient tant bien que mal d’escalader les barrières…
A 5 heures, lorsque le checkpoint ouvre, le parcours du combattant commence. Les Palestiniens passent un premier tourniquet qui se bloque aléatoirement toutes les 5 à 10 minutes. On attend donc à nouveau. 5, 10, 20 minutes… Ensuite, un soldat contrôle les permis de travail et en profite pour insulter ou crier sur le premier individu qui le présente mal ou qui semble trop pressé.
L’humiliation est constante. Non seulement parce que ces personnes sont entassées derrière des grilles comme du bétail, mais également parce que les soldats s’adressent à eux comme à des moins que rien. Même les bergers de Susiya traitent leurs moutons avec plus de respect…
Après la présentation du permis de travail, les Palestiniens se dirigent dans une immense halle où ils se divisent en plusieurs files. A nouveau, détecteur de métal et contrôle d’identité. Il arrive parfois que quelqu’un doive rebrousser chemin pour des raisons obscures…
Ironie de l’occupation ou blague sadique?! La grande majorité des personnes qui sont contraintes à passer par Gilo tous les matins pour se rendre à Jérusalem n’iront jamais en Israël, même pas en rêve.
A 7h30, le checkpoint est à nouveau désert, le « rush » est passé. Pendant le reste de la journée, les passages sont moins chaotiques.
En plus des 60 checkpoints situés à l’intérieur de la Cisjordanie, 39 chekpoints ont été érigés le long de la ligne de démarcation entre la Cisjordanie et Israël. Cela dit, la grande majorité de ceux-ci se trouvent plusieurs kilomètres au-delà de cette ligne de démarcation, grignotant ainsi des hectares de terres palestiniennes. Une soixantaine de portes permettent à un nombre très limité de Palestiniens d’accéder à ces terres (leurs terres!) pendant une courte période durant la journée.
La stratégie du gouvernement israélien visant à restreindre la liberté de mouvement des Palestiniens à l’intérieur des territoires occupés ne s’arrête cependant pas là: en Cisjordanie, on recense plus de 60 checkpoints « surprise » (flying checkpoints), dont le principe est d’apparaître aléatoirement, n’importe où et à n’importe quel moment, pendant une durée d’environ 24 heures.
Enfin, il existe environ 530 « obstructions » diverses: routes entravées par des blocs de béton ou des tas de sable, barbelés, tranchées, etc.
Cette situation a bien évidemment des conséquences néfastes sur la vie des Palestiniens et des Palestiniennes, notamment en termes d’accès aux soins et à l’éducation. Il est aussi beaucoup plus difficile d’exercer une activité commerciale ou simplement d’aller rendre visite à des membres de la famille vivant dans une ville voisine.
Une telle restriction de mouvement à l’intérieur des territoires occupés implique donc également une restriction des droits humains élémentaires.
Le Mur de Séparation à Bethléem. Malgré ce qu’on pourrait croire, il ne sépare pas les Israéliens des Palestiniens, mais bien les Palestiniens entre eux.
Informations tirées du site http://www.btselem.org/

 

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