Clin d’œil de « Sourire d’Asie »

A la suite de l’article critique « Evitez les pièges de l’aide humanitaire en collaborant avec des partenaires locaux » http://www.humanitaire.ws/plus_info.php?idnews=243 , l’association Sourire d’Asie par le truchement d’Emmanuel Ollivier  a envoyé un message encourageant pour toutes les initiatives nées de la bonne volonté de la société civile. Le témoignage qui suit émane de l’initiative de quelques personnes, dévouées, qui lancent un appel à quiconque souhaite encore s’engager en Asie du Sud-est.
 
Emmanuel Ollivier :
 
J’entretiens un rapport privilégié avec l’Asie. Plusieurs voyages m’ont permis de me familiariser toujours davantage avec ses richesses. C’est en Octobre 2004 que j’ai découvert le Sud de la Thaïlande à travers les villages de pêcheurs qui longent la côte ouest, de Sikao à la Malaisie. Dans chaque village, à chaque rencontre, je fus accueilli si chaleureusement que certaines restent ancrées dans ma mémoire pour longtemps, si ce n’est à jamais. Je pense particulièrement à un cultivateur de pastèques qui nous a offert à manger sur une place, alors que lui-même et l’ensemble des habitants suivaient le Ramadan. N’étant pas nous-mêmes musulmans, nous pouvions manger parmi, ou répondre au sourire des femmes portant un léger voile coloré, sans qu’aucune gêne ne vienne troubler la magie de l’instant. Ces mêmes musulmans nous ont conseillé des grottes bouddhistes non loin du village, grottes ou méditent les moines tout au long de la journée, au milieu du silence et de l’oubli. Mon am!  i, chrétien, moi-même bouddhiste travaillant pour l’Armée du Salut, eux, musulmans. Nous avons vécu dans la tolérance de l’autre. Mais bine plus encore: nous avons vécu dans la découverte de l’autre, dans la curiosité, celle qui vous donne envie d’échanger et de partager. C’est plein d’énergie que je suis rentré à Paris, et surtout, avec une irrépressible envie de repartir.
 
Quelques semaines après, le tsunami du 26 décembre 2004 frappe les côtes de plusieurs pays du Sud de l’Asie. Le flot des images inondant les écrans de télévisions n’ont fait qu’exacerber mon sentiment d’impuissance. Très rapidement, j’ai tenté d’entrer en contact avec mes amis en Thaïlande, à Bangkok et dans le sud du pays. Peu d’informations concernant les zones touchées au sud de Phuket, moins touristiques et à dominante musulmane, sont arrivées jusqu’en France. Même l’ambassade de Thaïlande ne parvenait pas à me fournir plus de détails sur cette région.
 
J’ai donc décidé de me rendre sur place, tout en étant conscient que je partais à l’inconnu, ne sachant pas ce que j’allais rencontrer ni de quelle manière ma présence pourrait aider. J’ai commencé par évoquer mon projet autour de moi. J’en ai notamment parlé aux membres de l’association L’Un Est l’Autre, avec lesquels je distribue sur Paris, une fois par semaine, des repas complets aux personnes en grande précarité. L’association L’Un Est l’Autre se compose de bénévoles engagés dans une démarche spirituelle tournée vers l’action sociale. Des membres de différentes Sangha ( groupe Thich Nhat Hanh, Dharma Ling, zendo de la Montagne Bleue, Shambala)
 
 Leurs réactions m’ont agréablement surpris. Beaucoup d’entre eux ont spontanément exprimé le désir de s’engager à mes côtés pour participer à une action en Asie du Sud-est, financièrement, mais aussi concrètement, en apportant leurs aides et compétences, ici et sur place. Devant cet enthousiasme, mon entreprise personnelle a rapidement pris de l’ampleur. Il fut finalement décidé que mon initiative deviendrait un projet porté par l’association L’Un Est l’Autre, sous le nom « Sourire d »Asie ». Il s’agissait alors de s’organiser sans perdre de temps: une collecte de dons et de médicaments fut lancée; une campagne d’information et de communication fut mise en place sur Paris, puis dans toute la France, par le truchement de réseaux relayés par des particuliers et des associations. Dans le même temps, nous élargissions la liste de nos contacts en Thaïlande pour mieux préparer notre arrivée.
 
Je suis parti le jeudi 27 janvier 2005, accompagné d’un ami journaliste, Maurice Virivau, d’origine laotienne, personnellement sensible aux évènements inhérents à la catastrophe, et familier de la région comme de la langue thaïe. Nous emportions avec nous des médicaments ainsi que des cartons de compresses cédés généreusement par l’Armée du Salut et Pharmaciens sans Frontière.
 
Nous sommes restés trois jours à Bangkok afin d’optimiser notre circuit dans le Sud, et de recueillir des informations sur la situation de cette région. Enfin, nous en avons profité pour rencontrer des personnes vivant sur place et souhaitant s’impliquer dans notre action. Nous avons pris un vol pour Phuket, zone la plus durement touchée en Thaïlande, tant sur le plan humain que matériel. Nous y avions rendez-vous avec le frère d’une bénévole de l’association, Pierre Rohart, Français vivant une partie de l’année sur l’île de Koh Yao Yai. Ce dernier nous a présenté un autre Pierre, Pierre Henninot, lui aussi expatrié, et particulièrement impliqué suite au tsunami.
 
Nous avons décidé de passer trois jours sur l’île de Koh Yao Yai afin de rendre visite aux familles touchées et de commencer à mettre en place des actions pour aider les pêcheurs oubliés par l’aide internationale restée concentrée sur Phuket. Notre circuit nous a menés sur d’autres îles alentour, pour finir sur l’île de Koh Mook, dans la province de Trang, près de la Malaisie, ou Pierre Henninot avait commencé à fournir son aide pour rebâtir les « long tailed boats », ces barques de pêche endommagées par le raz-de-marée.
 
Nous avons débarqué sur Koh Mook un jeudi après-midi. Par le biais des responsables d’un hôtel, eux-mêmes impliqués dans la reconstruction d’une école, nous avons fait la connaissance des villageois. Nous nous sommes présentés aux autorités locales, parmi lesquelles l’imam du village. Que l’on soit bouddhiste ou musulman, peu importe, puisque nous avons été les témoins d’une grande solidarité entre les habitants.
 
Bua, l’infirmière du village, seul personnel soignant, a représenté une rencontre importante, par la place centrale qu’elle occupe au sein du village. Le lendemain du 26 décembre 2004, elle était seule à soigner les blessés, aucun médecin ne souhaitant se rendre sur l’île, par peur d’une nouvelle vague dévastatrice, et ne disposant pas elle-même de bateau pour acheminer les blessés les plus graves vers l’hôpital, sur le continent.
 
Avec l’aide de Pierre Henninot, nous avons décidé de monter un projet visant à permettre aux pêcheurs de retourner au plus vite en mer. Il s’agit de reconstruire les barques, pour qu’ils puissent se remettre au travail et ainsi reprendre leur vie et celle de leur famille en main. Avec son bateau et celui d’un ami canadien, Pierre s’est rendu à Satun, à l’extrême sud du pays, à la frontière de la Malaisie, pour acheter du bois et différents matériaux (outils et pièces détachées pour les moteurs, filets de pêche pour les poissons et pour les crabes) pour la réparation des embarcations. Suite à une déforestation massive et sauvage en Thaïlande, le gouvernement a désormais interdit l’abattage des arbres sans autorisation, d’où la nécessité de traiter avec des entreprises habilitées à exploiter le bois.
 
L’étape suivant la livraison du bois constituait à travailler avec le charpentier et deux ouvriers, pour planifier les réparations. Nous souhaitons également que le charpentier puisse former d’autres pêcheurs à la réparation des barques, par souci de gain de temps. En moins de quinze jours, trois barques ont pu repartir au large.
 
Sur l’île de Koh Mook résident de 350 familles, 300 bateaux ont été endommagés par le tsunami. En moyenne, pour la réparation de trois barques, il faut compter 1500 euros de bois plus du matériel afin de travailler l’étanchéité. Un moteur coûte à peu près 2000 euros, un filet de pêche 250 euros, un filet à crabe 400 euros. Nous payons le charpentier et les deux ouvriers 240 euros pour 15 jours de travail.
 
Toutes les personnes impliquées dans le projet Sourire d’Asie et se rendant sur place prennent en charge l’ensemble de leurs dépenses (billets d’avion, hébergement, nourriture…). L’ensemble des dons que l’association L’Un Est l’Autre a pu collecter sert intégralement à la reconstruction sur place.
 
Il fut également décidé que l’association permette à l’infirmière Bua et au poste de secours d’acquérir un bateau pour transporter les blessés nécessitant des soins plus poussés à l’hôpital. Nous avons évalué le coût de la construction à 4000 euros.
 
Dans les prochains mois, d’autres bénévoles de l’association l’Un Est l’Autre prendront le relais sur place. Nous désirons repérer d’autres îles dans les environs et identifier d’autres familles dans le besoin. Pendant ce temps, Pierre va se rendre en Indonésie avec son bateau pour effectuer des repérages auprès des victimes indonésiennes oubliées par l’aide internationale.
 
Nous avons décidé de mener ce projet sur le long terme afin d’apporter notre aide aux nombreuses familles vivant sur les îles isolées d’Asie du Sud-Est. Afin de poursuivre notre action nous devons continuer à faire connaître nos actions et récolter des dons. Nous cherchons des personnes qui souhaitent s’engager avec nous afin d’apporter des gestes de tendresses à ces populations qui nous ont par ailleurs beaucoup donné au niveau spirituel.
 
L’adresse Internet ou se trouvent les photos que nous avons faites concernant Sourire d’Asie est:
 
http://souriredasie.hautetfort.com/
 
Sourire d’Asie
Emmanuel OLLIVIER
34, rue Emile Zola
93100 MONTREUIL

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