Forum Social Mondial: Le grand défi de communiquer « vers l’extérieur »

Q : Un nouveau FSM centralisé à l’échelle mondiale aura-t-il lieu en 2009 ?

R: Oui. Le  Conseil international – principale instance du Forum – a décidé, lors de sa séance tenue fin mai à Berlin, que la session 2009 se tiendra à  Belem do Para, dans l’Amazonie brésilienne. Et il a déjà commencé le travail d’organisation.

2009: Le FSM en Amazonie

Q : Y avait-il eu d’autres candidatures ? Pourquoi de nouveau le Brésil ?

R:  Il a aussi été proposé de tenir à nouveau la session 2009 du FSM en Afrique. Le choix final est tombé sur Belem do Para, pas tellement à cause de sa localisation au Brésil, mais surtout parce que c’est un lieu très significatif de cette grande région amazonienne, qui s’étale sur plusieurs pays de la région. Elle est donc porteuse d’une valeur symbolique particulière par rapport au thème du climat. Cela ne signifie pas que le Forum sera consacré seulement à l’environnement. Mais la réalité écologique de la planète est si angoissante qu’elle mérite un traitement particulier. L’idée est de revenir en 2010 ou en 2011 en Afrique et ensuite de penser sérieusement à l’Asie comme continent organisateur.

Q : L’Amazonie aura-t-elle la force de tenir une rencontre mondiale ?

R: Sans aucun doute. De nombreuses organisations et mouvement ont commencé à se réunir pour faire avancer les préparatifs. D’autre part, les organisations de cette région ont déjà une riche expérience avec l’organisation des forums Panamazoniens. Et pour renforcer la préparation, le Conseil international du FSM tiendra sa prochaine réunion, fin octobre, à Belem.

2008: un format distinct

Q : Que se passera-t-il lors du FSM 2008?

R: Il aura une forme très distincte. Ce ne sera ni un forum centralisé, ni un événement polycentrique comme en 2006. Une série d’activités en tous genre est prévue dans le monde entier. L’idée, c’est de convoquer pour le 26 janvier une journée d’action globale pour toutes ces initiatives puissent être plus visibles et leur impact plus effectif. Par exemple, à Sao (Brésil), une grande foire aux actions pour changer le monde est en cours de préparation; à Rio de Janeiro, il y aura un grand festival sur la plage; la Catalogne et le Mahgreb tiendront chacun un forum social; en France, il y aura de nombreux forums locaux. A chacun selon son initiative, sa créativité et ses possibilités.

Espace ou mouvement ?

Q : Quels sont les thèmes conceptuels de fonds que continuent de débattre les acteurs du FSM une demi-année après la fin de la dernière édition de Nairobi (Kenya) ?

R : Un débat très important, de fonds – qui existe pratiquement depuis la création du FSM – continue. Autour de la nature du FSM comme un espace ouvert – thèse que je défends avec conviction – ou d’un mouvement international. Il ne manque pas de voix au sein même du Forum qui proposent "de lever le camp et de laisser place à des nouveaux modes d’organisation globale de la résistance et de la transformation", comme l’a suggéré Walden Bello dans un article publié après la session de Nairobi. Mais de nombreux acteurs sociaux en général restent convaincus du rôle du Forum comme espace servant à construire de nouveaux modes d’organisation globale de la résistance. Avec une seule limite: que personne ne prétende imposer sa propre vision ou conception à tous les autres acteurs, ni parler au nom de tous les autres participants, ni exiger que le FSM assume comme tel les positions d’une partie de ses composantes.,

Q: Au-delà de ce thème essentiel, où se trouve, à votre avis, le "grand" défi actuel du FSM ?

R: Obtenir que les grandes majorités de la population mondiale s’approprient, s’identifient et s’accordent sur le message que les organisateurs et les participants du FSM répètent depuis 2001, à  savoir qu’un autre monde est possible. Il est évident que les minorités au pouvoir ne veulent pas que le monde change. Et il est aussi claire que la majorité voudrait un changement, mais n’est pas toujours persuadée que ce changement soit possible. En ce sens, il y a deux défis fondamentaux: d’une part, améliorer la  communication du FSM vers l’extérieur, quant à notre force, à la nécessité et à la possibilité du changement ; d’autre part, nous devons activer l’espérance: renforcer la conviction du changement pour que d’autres y croient aussi.

Q : Continuez-vous d’être optimiste, comme toujours, sur le futur de ce processus ?

R: Sans doute, le processus en marche "colle" – pour reprendre une expression populaire -, il a son impact. Il se multiplie en forums nationaux, régionaux, locaux, thématiques. A Nairobi, en Afrique, en janvier passé, le FSM a permis aux organisations de la société civile, dans tous les pays de ce continent, puissent se réunir et se rencontrer pour la première fois dans l’histoire, pour mieux se connaître, échanger des expériences, découvrir des convergences. En juin, s’est tenu le premier Forum social nord-américain; fin août un autre forum s’est tenu au Québec, et ainsi de suite. Des initiatives similaires existent dans de nombreux pays, régions et continents. Il s’agit de pouvoir s’organiser effectivement comme espaces ouverts, incubateurs de nouvelles actions et de campagnes articulées à l’échelle mondiale pour dépasser la logique hégémonique mondiale qui postule l’empire de l’argent.

*Propos recueillis par Sergio Ferrari

collaboration E-CHANGER et PAGES DE GAUCHE

Traduction H.P. Renk

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