Gerolf Weigel: « L’intégration ponctuelle et intelligente des ICTs est donc essentielle »

1. Quels ont été les enjeux de la rencontre entre les agences bilatérales de développement et le Comité de l’Aide au Développement et la Direction du Développement de la Coopération ?

L’objectif cette conférence constituait  en un échange d’expériences et d’avis dans le cadre d’une rencontre entre les agences de l’OCDE et du CAD (Comité d’Aide au Développement) quant aux rôles et enjeux d’un accès au savoir et les perspectives de la communication eu égard à une lutte contre la pauvreté.
La connaissance et communication Personne-Centrée : Potentiels et pièges pour la réduction de pauvreté et les avancements de MDGs (…) cet événement organisé par le Comité d’aide au développement de l’OCDE (OECD-DAC) et l’agence suisse pour le développement et la coopération (SDC) a fourni une occasion spéciale de discuter les dernières  tendances, perspectives et pièges relatifs à l’usage de l’information et des technologies de communication (ICTs) dans le cadre de la réduction de pauvreté. Nous nous sommes concentrés plus particulièrement sur la dimension du développement et de la pauvreté. Cette discussion parmi les agences bilatérales de développement complétera le grand nombre de conférences d’ICT4D où le sujet est plus axé sur la technologie.

2. Quels pistes et approches ont été abordées afin de réduire l’écart entre les pauvres et les riches, que ce soit d’un point vue sociétal ou encore dans toutes les relations économiques contribuant à un processus néolibéral ?

Sans mesures d’accompagnement spécifiques, les technologies de l’information et de la communication (ICTs) risquent de produire un effet malheureux, soit que les hommes riches et mieux formés profitent plus fortement de ces outils. Des fossés existants peuvent de cette manière s’approfondir plus encore. Il est par conséquent important que des ICTs soient intégrées de façon ponctuelle dans les programmes, stratégies et politiques ébauchés plus largement. Il est crucial que les priorités et les besoins des personnes désavantagées soient mis au centre du débat. La technologie ne doit pas dicter les objectifs de la lutte contre la pauvreté, mais la servir. La conférence de Genève du premier septembre 2004 a approfondi cette approche. Si les ICTs sont bien intégrées dans de plus larges stratégies de lutte contre la pauvreté, elles peuvent non seulement réduire les différences de revenu, mais aussi donner de la voix aux personnes les plus désavantagées, notamment dans les processus de décision, et encore les renforcer en obtenant des informations sur leurs droits ou possibilités économiques. En conclusion, la création de conditions d’investissement favorables pour des infrastructures de technologies de l’information et de communication est importante, mais elle ne conduit toutefois pas automatiquement à la réduction de pauvreté.
Lors de ma présentation, je me suis efforcé de décrire plusieurs points que voici:
Existe-t-il des perspectives dans les ICT pour les pauvres ?
Les Technologies de l’Information et de la Communication font partie du quotidien de bon nombre de personnes, chiffre en constante augmentation et ceci de manière indépendante des ICT4D programmes.
En fait, les technologies de l’information et de la communication regorgent de nouvelles opportunités pour les personnes alphabétisées, éduquées et qui possèdent de nombreuses ressources. Les groupes marginaux et désavantagés bénéficient de moins de chance de profiter automatiquement d’outils tels qu’internet.
Cette scission sociale grandissante élargit le fossé entre nations riches et pauvres, entre les régions, les individus ou même à l’intérieur de communauté ; elle s’inscrit encore  dans la division entre les Hommes et les Femmes.
…une structure d’opportunités vraiment inégale…
Pour les pauvres, la véritable solution n’est pas tant les ICT dans la mesure où ces technologies font déjà partie de leur environnement.
La véritable issue au problème, si nous acceptons que le pauvre puisse bénéficier d’un revenu adéquat, de nourriture et de service de la santé, etc., serait que les populations défavorisées puissent jouir de nouvelles opportunités d’améliorer leurs conditions de vie.
Le choix stratégique d’aujourd’hui est d’accepter  de part et d’autre le fossé grandissant causé par une structure d’opportunités inégales ou d’utiliser les ICT de manière créative dans le but de réduire l’écart au niveau économique, social, culturel et politique.
Citons le secrétaire général de l’UN, Kofi Annan : (Assemblée générale 2002)
“(…) à la suite des dernières années, un large consensus a émergé à propos du potentiel des technologies de l’information et de la communication (ICT) afin de promouvoir la croissance économique, combattre  la pauvreté et de faciliter l’intégration de pays en voie de développement dans l’économie mondial. Mesurant les opportunités de la révolution de la technologie digitale, ce virage constitue l’un des plus pressants challenge auquel nous faisons face. »Kofi Anan a demadé à l’assemblée de «  (…) réfléchir sur de nouvelles idées et des approches  plus efficaces. Tout d’abord, nos efforts  doivent être basés sur les besoins réels des populations qui requièrent de l’aide. Ils doivent être entièrement et originellement impliqués dans cette démarche.
Les gens ont-ils besoin de pain ou de ICT ?
La pertinence de cette question dépend de la perspective qu’on aborde…
…les ICTs doivent-elles être considérées comme la baguette magique où leurs infrastructures vont forcément mener à la réduction de la pauvreté…ou
…les ICTs sont bel et bien intégrés dans un large effort de réduction de la pauvreté où les ICTs à travers un meilleur accès à l’information majeure, au pouvoir et aux nouvelles opportunités économiques, contribuent comme un outil performant à la réduction de la pauvreté et au développement ?

3. Pensez-vous qu’internet jouera un rôle prédominant  dans les nouveaux flux de communication mondial et notamment au niveau  la facilitation  des acquis de savoir?

Internet a amélioré drastiquement les possibilités de communication horizontale et interactive sur des grandes distances et à des frais relativement modestes. En rapport avec une lutte contre la pauvreté, Internet doit toutefois souvent être relié à d’autres technologie de l’information et de communication comme par exemple la radio locale, ce qui faciliterait  l’accès des analphabètes à l’information.

4. Comment justifier auprès des couches populaires un fossé grandissant entre les pays riches et les pays pauvres, entre le Nord et le Sud et encore entre certaines couches de la population que ce soit en Suisse ou en Colombie ?
On doit s’opposer activement à l’approfondissement de ces oppositions sociales et économiques. Les instruments et mécanismes traditionnels ne suffisent plus. Dans cette perspective, l’intégration ponctuelle et intelligente des ICTs est donc essentielle.
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Propos recueillis par Olivier Grobet

Traduction de l’Allemand de Mireille Grobet

FRAGMENTS DE PAROLES

Gerolf Weigel: « L’intégration ponctuelle et intelligente des ICTs est donc essentielle »
Pascal Raess :  » Il existe une Communauté de travail active en Suisse qui se préoccupe de manière prioritaire des questions du désendettement « 

Une réflexion sur « Gerolf Weigel: « L’intégration ponctuelle et intelligente des ICTs est donc essentielle » »

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