Haïti : la Suisse met en place une stratégie humanitaire sur le long terme

Le séisme en Haïti a engendré des dizaines de milliers de morts ainsi que des millions de personnes survivant dans des situations précaires. La couverture médiatique de cette catastrophe n’est pas sans rappeler l’émoi international que le Tsunami avait suscité le 26 décembre 2004 à l’égard des populations sinistrées dans le Sud-est asiatique.

Si l’aide d’urgence suisse est déjà sur place pour évaluer les besoins et les possibilités d’interventions, Toni Frish, chef de l’aide humanitaire de la Confédération Suisse, défend le fait de ne pas envoyer la Chaîne Suisse de sauvetage au vu des difficultés logistiques que le froid engendre sur les tarmacs helvétiques. Il semble promouvoir une approche à moyen terme de reconstruction du pays à travers des mesures analysées et mieux posées qu’en restant uniquement dans une perspective de situation d’urgence. La Suisse s’extrait selon Micheline Calmy-Rey, Conseillère Fédérale, du tout « show » humanitaire.

La nouvelle pourrait laisser perplexe l’opinion publique. Elle constitue pourtant une approche pertinente à propos des catastrophes naturelles. « Les humanitaires ont un rôle à jouer afin de construire une vraie relation au sein de la solidarité internationale, notamment en accordant leurs actions entre l’urgence et la coopération au développement. Lorsque les équipes confrontant des situations d’urgence s’empressent d’arriver sur le terrain, elles le font souvent avec leur propre plan d’actions sans toutefois concerter systématiquement les acteurs locaux et leur champ d’interventions. Qu’advient-il de la petite coopérative de textile lorsqu’une grosse ONG distribue gratuitement vêtements à qui est sinistré? Comment peut survivre le petit paysan, lorsque la population reçoit gratuitement des aliments de base après une catastrophe naturelle? Finalement la vraie question n’est-elle pas de se demander comment pallier à l’urgence en renforçant les acteurs de la solidarité locale, en priorisant des actions communes avec ceux qui sont investit dans le développement de leur communauté ? » (lire : Entre Urgence et Coopération au Développement : le principe de la solidarité).

Loin de minimiser les besoins immédiats de la population haïtienne, les décisions prises aujourd’hui par Toni Frish semblent aller dans ce sens. Haïti est en proie à la pauvreté depuis des décennies. Investir des millions de dollars sans prendre en compte la coopération au développement qui a travaillé en amont serait sans aucun doute une stratégie contre-productive ou tout du moins ne permettant pas d’optimiser la levée de fonds que cette catastrophe permet à un niveau international. Si la Suisse souhaite s’engager à long terme en Haïti, elle se doit de s’articuler avec les acteurs locaux, civils ou gouvernementaux, ou encore avec les protagonistes de la solidarité internationale déjà sur place.

A long terme, l’aide d’urgence et la coopération au développement travaillant de consort pourraient bel et bien atteindre des objectifs plus ambitieux que de simplement offrir une aide ponctuelle. Il s’agit aujourd’hui de permettre aux Haïtiens de reconstruire leur pays sinistré à partir de leurs besoins et projets.

Olivier Grobet

Quelques liens utiles :

Un exemple de projet post-catastrophe au Sri Lanka – « Solidarité au quotidien pour les groupes de producteurs locaux sur la côte Est du Sri Lanka »

Le Corps suisse d’aide humanitaire (CSA) qui travaille sur l’élaboration d’une stratégie humanitaire à long terme pour la Suisse http://www.skh.ch/ ,
Contact direct : hh@deza.admin.ch

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