Indymedia dans la tourmente

L’une des plus grandes expériences de média indépendant au monde (environ 140  sites) se confronte aujourd’hui à une plainte déposée conjointement par la Suisse et l’Italie. Malgré le peu d’informations divulguées, il semblerait qu’une action judiciaire ait été entreprise à la suite d’un post envoyé par un activiste révélant l’identité de deux policiers suisses lors de la manifestation anti-G8. Toujours d’après le site www.indymedia.org, aucune information n’a été donnée par Rackspace (Ndlr. : hébergeur d’indymedia) pour justifier cette imposition de fermeture et notamment d’un point de vue juridique. Au bilan de cette répression, 20 sites indymedia sont directement affectés dont le site suisse.
 
« Ces derniers mois de nombreuses attaques ont été dirigées vers les médias indépendants par le gouvernement fédéral des USA. En août, les services secrets ont employé une injonction afin d’essayer de perturber l’IMC New York City avant la Convention Républicaine (RNC) en essayant d’obtenir les logs d’IP des fournisseurs d’accès aux USA et aux Pays-Bas. Le mois dernier la Commission Fédérale des Communications US (FCC) a fermé les stations radio communautaires à travers les USA. Il y a deux semaines le FBI a demandé qu’Indymedia supprime un article sur IMC Nantes qui contenait une photo de policiers suisses démasqués, et des bénévole d’IMC Seattle ont reçu la visite du FBI au même sujet. D’autre part, Indymedia et d’autres organismes de médias indépendants jubilaient à la suite de leurs victoires, par exemple contre Diebold et le Patriot Act. Aujourd’hui cependant, les autorités US ont arrêté des IMCs (Ndlr : Independent Media Center) à travers le monde », explique Indymedia.org.
 
Coïncidence ou fait corrélé, l’Italie et la Suisse ont été les derniers pays à avoir dû assurer un service de sécurité relatif au  G8 (Gênes et Genève). A vrai dire, il serait probablement plus question de maintenir un contrôle face à un netactivisme dérangeant. La liberté d’expression prend un coup dans l’aile tandis que la fédération internationale des journalistes (FIJ) parle volontiers d’ « intimidation ».
 
Lorsqu’une société s’en prend à ses médias et à la liberté d’expression, c’est le premier pas vers un autoritarisme dont les dérives sont malheureusement que trop connues. Cette action menée par le FBI ne fait que confirmer le paradoxe dans lequel nous évoluons. Nous sommes libres…- oui, mais sous certaines conditions. Attribuer la responsabilité du contenu des sites internet aux hébergeurs ne pouvait qu’annoncer le début d’une ère nouvelle de contrôle sur le web. Les imprimeurs seraient-ils d’accord de prendre en charge la responsabilité rédactionnelle de leurs journaux ?  Sûrement pas. Nos démocraties se sont dotées d’un appareil juridique puissant pour faire taire leurs détracteurs. A vrai dire, le seul pragmatique car tracer un individu physique selon des adresses IP n’est pas possible. Seul l’ordinateur ayant servi l’internaute est détectable. Autant dire que la Police est impuissante face au clientélisme anonyme  du web- devenu jusque là un outil indéniable de liberté d’expression. Réprimander la pédophilie et autres actes criminels présents sur le web semble compréhensible. Mais ce contrôle est-il toujours pertinent lorsqu’il s’agit d’idées et d’informations? Où se situe la limite?
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Olivier Grobet

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