Ingérence sans frontières : le Venezuela sous pression américaine

Les peuples des pays d’Amérique latine se prononcent toujours plus en faveur de gouvernements issus de la gauche et des mouvements populaires. Evo Morales, Lula, Chávez sont autant de leaders politiques au pouvoir qui commencent à remettre en question l’ALCA (N.d.l.r. Accords de Libre  Echange exigés par les Etats-Unis). Washington a déjà ouvertement déclaré souhaiter le renversement des autorités politiques rebelles, notamment au Venezuela.

Depuis le mois d’avril de nombreuses manœuvres militaires ont été observées au large des côtes vénézueliennes Quelques 6 500 soldats, plusieurs porte-avions, une légion de F-16 et plusieurs sous-marins nucléaires exécutent l’opération « Partnership of the America » (Partenariat de l’Amérique), d’après le journal en ligne Voltairenet.org*  

L’oncle SAM en tant que partenaire corrobore une ingérence sans frontières. Nouvelle organisation internationale, Ingérence Sans Frontières, propose de rétablir le libre-échange, la globalisation et une mondialisation au profit d’une liberté amorale, tout du moins profitant aux mêmes grands groupes financiers. Suivant un monitoring sans faille, ISF ne supporte pas l’idée que l’un de ses objectifs majeurs, l’établissement de l’ALCA, soit remis en cause par l’alternative ALBA, zone de libre échange constituée par les pays d’Amérique latine favorisant ainsi le commerce de filières transnationales et surtout remettant en cause l’ultralibéralisme américain.

Si ce genre de manœuvres militaires n’est pas une première dans les Caraïbes, il reste toutefois un exercice de style périlleux lorsque George W. Bush articule son discours autour d’arguments manichéens. Bien contre mal, avec ou contre lui. Le pentagone, lui, prétexte des mesures de répressions contre le trafic de drogue. La lutte contre le mal continue donc.

Plus concrètement « Ingérence Sans Frontières » exerce un réel travail de lobbying auprès de l’Amérique latine. A tel point que son propre ambassadeur au Nicaragua, M. Paul Trivelli, s’est entretenu avec les leaders de la droite afin d’exiger d’eux qu’ils ne forment qu’une seule liste pour les élections présidentielles et législatives du Nicaragua. En effet, les Etats-Unis ne supporteraient pas un succès électoral du Front sandiniste, même s’il était issu d’un vote démocratique.

Le bras de fer entre Hugo Chávez et l’administration Bush ne fait que commencer. En cause- devinez quoi- le pétrole vénézuélien, bien sûr. Mme Condoleezza Rice, secrétaire d’État, qualifie le Venezuela de « gros problème » et n’hésite pas à favoriser par l’entremise de syndicats des grèves générales au sein même de certaines entreprises vénézuéliennes. Ingérence Sans Frontières tente sans aucun doute de renverser Chávez afin d’entraver un processus allant à l’encontre de leurs intérêts. Et quand on sait que le Président d’ISF, George W. Bush, a rappelé le droit des Etats–Unis à intervenir contre tout autre Etat considéré comme hostile aux intérêts de Washington, on ne peut que craindre le pire.

Le président Chávez, lui, ne désarme pas. Il menace de retirer ses exportations de pétrole vers les Etats-Unis et prétend que le Venezuela est capable de se passer du marché américain. L’achat de 33 hélicoptères de défense à la Fédération de Russie pour un montant de 200 millions de dollars illustre bien l’état d’alerte dans laquelle se trouve l’armée.  Chávez a recommandé à cette dernière de se préparer à une guerre de résistance, tout en constituant une réserve nationale composée de civils. Il a aussi appelé la population à soutenir la Nation vénézuelienne au détriment de mouvements séparatistes.

ISF ne change donc pas son modèle de développement La croissance économique avant tout, soutenue par l’économie pétrolifère. Au scénario subi en Irak dont la trame s’articule autour de la lutte contre le terrorisme et les menaces que représente l’acquisition d’armes de destruction massive se substitue le scénario vénézuelien où la lutte contre la drogue serait une excuse idéale pour asseoir une nouvelle ingérence sans frontières.

Cette nouvelle grosse production américaine réaliserait un film d’action à gros budget. Titre probable : « Pour quelques barils de pétrole de plus ». A noter encore, la sortie du film n’est pas prévue avant la fin de la diffusion de « la chute de Saddam ».

Olivier Grobet

A lire :

*http://www.voltairenet.org/article139856.html

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