Journée internationale de lutte pour l’habitat : la Bahia se mobilise en force

Au Brésil, le premier octobre 2007 a été mis sous le signe des sans-toits à l’instar du jour international de l’habitat. Les différents mouvements sociaux se sont largement mobilisés dans les principales villes du pays. La plus grande manifestation a été enregistrée à Salvador avec plus de 2000 sans-toits dans les rues de la capitale bahianaise.

La lutte pour la réforme urbaine occupe les espaces de débats politiques de la base des mouvements. L’un de leur objectif principal constitue l’augmentation de FNHIS (Fond National pour l’Habitat d’Intérêt Social) jugé jusqu’à présent insuffisant pour combler le déficit de logements estimé à 7 millions de maisons dans tout le pays.

Au niveau national, plus d’un milliard de reais sont reversés au FHNIS chaque année, fruit d’une lutte des mouvements sociaux urbains de plus de quinze ans auprès des autorités. A titre d’exemple, ces mêmes mouvements ont réussi à obtenir plus d’un million de signatures pour engranger un programme national : la réforme urbaine. Chaque année, des mobilisations convergent vers la capitale au mois de novembre afin de faire valoir leurs revendications. En 2006, ils ont estimé à plus de 5000 le nombre de participants de la caravane pour Brasilia.

A Salvador, ce n’est pas moins de 100 000 nouveaux logements qu’il faudrait construire pour combler la demande croissante d’habitation, constituant ainsi la troisième région la plus démunie face à ses problèmes urbains. Géré par le Ministère des Cités à Brasilia, le FHNIS n’a pas été adressé à la région da la Bahia malgré les promesses du gouvernement. En effet, la Casa civil (Organe de conseil et de monitoring pour la présidence de la république brésilienne) et le Ministère des Cités ont changé les normes d’octroi de ce fond. Plus de 10 000 familles ont de ce fait pas accès aux projets sociaux liés à proprement dit à l’habitat et aux propositions des mouvements populaires.

Les dirigeants politiques justifient ce retour en arrière par le fait que la Bahia va être bénéficiaire du PAC (Programme d’Accélération de la Croissance). Or, ce dernier n’est pas directement destiné à la construction de nouvelles maisons, mais pour améliorer l’infrastructure urbaine : routes, système de canalisations, etc. Tous s’accordent à dire que le gouvernement fait plus que ses prédécesseurs – que le PAC relève d’une aide conséquente, certes, mais le revirement de situation face au FNHIS est perçu comme un grand pas en arrière. A relever encore, plusieurs autres Etats du Brésil vont, eux, recevoir la manne des deux fonds à l’inverse de la Bahia.

Pour cette raison, les mouvements de sans-toits de la Bahia (UNMP/ MSTS / CONAM / CMP / FRENTE DE LUTA POPULAR / MNLM / MDMT / MPLT / MSTB / FABS) se sont unis afin de marquer cette journée internationale par une mobilisation d’envergure. Salvador est restée paralysée de 9h à 12h sur sept de ses principaux axes routiers. De plus, les municipalités de Riachão de Jacuioe et de Teofilandia ont emboîté le pas de la capitale.

En fin de manifestation, la SEDUR (Secrétariat de Développement Urbain) a accepté de recevoir un comité de négociation représentant tous les mouvements impliqués dans l’organisation de cette journée. Afonso Florence, secrétaire général de la SEDUR, a affirmé qu’il intercéderait en faveur des revendications des mouvements auprès du Gouvernement Fédéral du Brésil. De leur côté, les mouvements populaires urbains sont prêts à se remobiliser afin d’être entendus. Depuis Salvador, ils envisagent d’envoyer à Brasilia une caravane de plus de 10 bus composée des principaux leaders des mouvements.
>> Voir le site de l’UNIÃO
por Moradia Popular Bahia
Salvador de Bahia,
Claire Rinaldi et Olivier Grobet

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