La convergence des luttes est à l’honneur du numéro spécial 8 mars du Courrier

Dans son numéro du 8 mars, Le Courrier a choisi de représenter la diversité des luttes féministes. Au fil de son dossier spécial, le journal s’est penché sur l’afro-féminisme, le multiculturalisme ou encore les scories colonialistes au sein de notre société. Des pages dédiées aux droits de toutes les femmes.

Trop blanc et occidental, le féminisme? Sourd à certaines luttes antiracistes, qui s’entremêlent souvent dans un combat contre l’oppression envers les femmes? En cette journée des droits DES femmes, Le Courrier a choisi d’interroger l’universalité du féminisme.

Au long de ses six pages spéciales, il revient sur l’afro-féminisme à travers le regard de la sociologue et réalisatrice Amandine Gay; sur les débats qui peuvent déchirer la gauche – entre défense des droits des femmes et non-discrimination des minorités – et ceux vampirisés par l’extrême droite; sur la nécessaire convergence des luttes; sur les imbrications possibles entre colonialisme et inégalités de genre ou encore sur la «culture», qui devient circonstance aggravante ou atténuante pour juger d’un même fait (mariage précoce, agression sexuelle).

«Comment tu as dit? Le féminisme… post… post-colonialiste, c’est ça?» Notre making of relate avec humour le chemin réflexif parcouru par une rédaction toute entière, pour maîtriser toutes les facettes d’une thématique complexe et pourtant cruciale.
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DOSSIER SPÉCIAL LE COURRIER

Univers’elles

Par Dominique Hartmann, Le Courrier

Le 8 mars, Journée internationale des droits DES femmes. La précision n’a jamais été aussi cruciale alors que notre dossier spécial interroge l’universalité du féminisme. Sur les mariages précoces, le port du voile-burqa-burkini, les événements de Cologne, comme sur l’avortement, le féminisme ne parle pas d’une seule voix. Car il n’émane pas de cette créature imaginaire et fantasmée que serait LA femme, il relaie les revendications particulières de personnes qui sont aussi noires, blanches, latinos, bourgeoises, surexploitées, indigènes, LGBT, etc. Les oppressions sont donc croisées, et nous tentons d’en démêler quelques fils.

Blanc et occidental, le féminisme a largement négligé les questions raciales. L’afro-féminisme est né de la contestation de cet aveuglement. Le film Ouvrir la Voix donne la parole à 24 femmes racisées (identifiées par leur appartenance raciale) de France et de Belgique, auquel réagissent trois jeunes femmes d’ici. Il en ressort que le racisme anti-Noir est à la fois important et peu connu en Suisse. Pour les militantes afro-descendantes, le contrôle des naissances et l’avortement peut ne pas avoir la même tonalité que pour des femmes blanches (lire la chronique d’Alix Heiniger).

Si la Suisse n’a pas eu de colonies, elle n’a pas pour autant échappé à un système de pensée dominant, infiltrant des consciences. L’exemple des maquilas d’Amérique centrale permet de saisir l’une des intrications possibles entre colonialisme et inégalités de genre: dans ces emblèmes du système néocolonial sur lequel repose la mondialisation capitaliste, les femmes sont exploitées pour produire à bas prix les richesses destinées aux circuits commerciaux occidentaux. Et les violences de genre ont presque toujours à voir avec la recherche du pouvoir.

L’imprégnation coloniale du féminisme occidental a été thématisée dès les années 1970 dans les pays anglo-saxons, mais la diffusion de cette pensée postcoloniale a été moins aisée dans l’espace francophone. Le féminisme qui nous est le plus familier est donc issu de cette vision du monde où l’Autre doit se soumettre à une modernité, à une hiérarchisation du monde, à une revendication d’autonomie individuelle. Pour autant, le féminisme occidental n’a-t-il pas conquis des droits sur lesquels on ne peut transiger? Les féministes se sont déchirées là-dessus après les agressions de Cologne. Notamment parce que la prise en compte des autres cultures est complexe et fait l’objet de raccourcis fréquents.

Aujourd’hui, la défense des droits des femmes continue à mobiliser et la convergence des luttes avec d’autres minorités n’est plus un vain mot. De jeunes artistes y insufflent détermination et créativité: certaines de leurs œuvres dynamisent nos pages. Bonne lecture.

www.lecourrier.ch

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Posted by E-CHANGER on Dienstag, 7. März 2017

 

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