Le Forum social suisse: un pas en avant sur une longue route

Du 3 au 5 juin 2005, s’est tenue à Fribourg la deuxième session du Forum social suisse (FSS), « Pour une autre Suisse possible ». La participation nourrie ainsi que la qualité des débats attestent du succès de cette rencontre…________
Un forum en expansion
Après un début « timide » le vendredi soir, la journée de samedi fut le moment fort du forum. Dimanche après-midi, l’assemblée de clôture a permis de résumer des principales réflexions faites dans les sept axes thématiques principaux et d’adopter un agenda des mobilisations, convoquées par les organisations membres du FSS.
Durant ces trois jours, environ 1200 personnes ont participé au FSS, y compris les activités musicales du vendredi et du samedi dans 3 salles de Fribourg: 20e siècle, Centre Fries et Fri-son (avec la présence solidaire de nombreux groupes de musique, qui a permis d’élargir l’impact du FSS). Soit une augmentation significative par rapport au 1er FSS ,tenu du 19 au 21 septembre 2003 et qui avait réuni 800 participant/es.
Thèmes principaux débattus (essentiellement le samedi 4 juin): l’émigration ; les tendances répressives et autoritaires dans la société suisse; la responsabilité des multinationales; la souveraineté alimentaire; le rôle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), après 10 ans d’existence; l’économie non-violente et la solidarité avec le peuple palestinien.
Une douzaine de personnalités internationales étaient présentes comme invité/es à Fribourg. Parmi celles-ci, Francisco « Chico » Whitaker (Brésil) et Samir Amin (Egypte), tous deux membres du Conseil international du Forum social mondial (FSM) de Porto Alegre; Ilan Pappe (historien israélien); Isabelle Avran (France), Amadou Kanoute (Zimbabwe), Jason Cainglet (Philippines), Denise Mendez (France), ainsi que des dirigeants syndicaux et sociaux de plusieurs pays latino-américains (Venezuela, Colombie, Cuba, etc.).
Un agenda pour la mobilisation sociale
Le FSS, né en 2002, réunit 80 organisations et réseaux: des syndicats, des ONG actives sur les questions du développement, des groupes politiques, écologistes et de défense des droits humains, des mouvements d’immigré/es, de solidarité, de femmes, des chrétiens, etc.
Dans l’esprit de Porto Alegre, la 2e session du FSS n’a pas adopté de déclaration finale; même si lors de la séance de clôture a été défini un agenda des principales activités, initiatives et mobilisations sociales.
Parmi ces dates, il faut signaler en tout premier lieu la manifestation nationale « La Suisse, c’est nous » du 18 juin, ainsi que les états-généraux de l’asile (octobre 2005), pour affronter le durcissement de la politique contre les immigré/es et les requérant/es d’asile.
Par ailleurs, une audience publique se tiendra les 29 et 30 octobre, au Kornhausforum (Bern), pour analyser et juger la politique de l’entreprise multinationale NESTLE en Colombie. Une initiative similaire, mais à l’échelle mondiale, est impulsée par l’association « Multiwatch ».
Diverses initiatives contre la nouvelle phase de négociations menées par l’Organisation mondiale du commerce – qui se terminera en décembre 2005, avec une rencontre ministérielle à Hong Kong – seront menées en Suisse. Parmi elles, un Conseil général des peuples, qui se tiendra à l’occasion de la réunion du Conseil général de l’OMC à Genève ( fin juillet 2005); et qui sera complété par une mobilisation internationale massive juste avant la séance suivante de ce conseil, le 16 octobre 2005.
Les participants à l’axe consacré aux nouvelles tendances autoritaires et répressives en Suisse ont appelé à soutenir un militant neuchâtelois condamné à trois mois de prison avec sursis pour émeute à Genève. Ils ont aussi décidé de constituer un réseau d’information et d’entraide parmi les différents groupes actifs dans ce domaine en Suisse qui pourront compter avec un site Internet.
L’appui à la Marche mondiale des femmes (MMF) – qui va  passer en Suisse du 10 au 14 juin – fut aussi un point de cet agenda, où les questions de genre sont apparues comme un axe transversal.
Le grand défi
Riche en rencontres et en échanges, en réflexions et en débats, en renforcement des réseaux du mouvement social, le FSS vient de franchir un nouveau pas dans son long chemin vers « Une autre Suisse possible ». Une démonstration que l’échange mutuel entre les acteurs sociaux est essentiel à l’échelle mondiale, continentale et helvétique.
Le grand effort fait pour assurer l’égalité hommes-femmes dans les grandes conférences et dans les sessions d’ouverture et de clôture du FSS est un fait consistant. Tout comme la participation active des jeunes, spécialement à l’occasion du programme musical dans le cadre du Forum.
Il reste toutefois un défi essentiel: la nécessité que les organisations et les mouvements qui en sont membres « s’approprient » réellement le FSS, le ressentent comme une possibilité, l’alimentent et le renouvèlent, le remplissent de présence humaine et de contenu. Pour pouvoir avancer de manière plus consistante dans l’élaboration d’alternatives viables.
Les fondations ont été creusées. Il ne reste qu’à construire la maison…
Sergio FerrariService de Presse E-CHANGER

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