Le mirage tunisien déserté

Rien ne change. La société civile tunisienne et internationale à beau relever l’énorme paradoxe qui subsiste dans l’organisation du SMSI (Sommet Mondial sur la Société de l’Information) de Tunis en novembre 2005, le régime politique autoritaire et liberticide de Zine Abidine Ben Ali ne rencontre que bien peu de réticences de la part de l’ONU. L’homme qui censure systématiquement la presse tunisienne et ses- de plus en plus nombreux- détracteurs, en profite pour récupérer cet événement comme étant gage de la confiance internationale.
 
Qui aujourd’hui peut vraiment prétendre méconnaître les méfaits d’une censure omniprésente dans un pays dont le miracle de l’avènement des ICTs ressemble à l’illusion d’une démocratie médiatique soi-disant naissante. A quoi peut-on reconnaître le mirage tunisien ? « Sur les 300 journaux publiés en Tunisie, seul deux organes de partis d’opposition Al Mawkif et Attariq al Jadid sont autorisés à paraître, tout en étant privé de publicités et de subventions », déclare Sihem Bensedrine, journaliste indépendante et porte-parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie. (http://www.comunica-ch.net/, IPS-INFOSUD – Sihem Bensedrine) 
 
Sihem Bensedrine ne cesse de condamner les affres politiques d’un Ben Ali considéré comme un premier de classe dans la junte politique européenne. Au final de quoi, l’autoritarisme appliqué en Tunisie sert une apparente stabilité politique du pays au détriment d’une réelle démocratie.
 
Dissidents invités au silence
«-Onze ans de prison ferme pour de jeunes internautes de Zarzis pour avoir visité un site d’armement sur Internet. -Trente ans de prison ferme pour les jeunes de l’Ariana, accusés de terrorisme et dont l’unique preuve à charge est constituée d’un téléchargement d’informations se rapportant à la Palestine. -Trois ans et demi de prison ferme pour l’avocat Mohamed Abbou pour avoir critiqué l’invitation faite par le président Ben Ali à Ariel Sharon de venir à Tunis au Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI) ; une critique publiée sur Tunisnews, un site Internet censuré en Tunisie ! » (http://www.comunica-ch.net/, IPS-INFOSUD – Sihem Bensedrine)
 
Dans le cas de Mohamed Abbou, la mobilisation de ses confrères pour contrecarrer le pouvoir en place se bute inexorablement sur les déviances d’une justice locale faisant bien peu cas des lois en vigueur. L’arbitraire règne alors que les avocats mobilisés en face du Palais de justice de Tunis déplore une « affaire mal engagée sur le plan des procédures où les lois n’ont été respectées à aucune étape, des juges aux ordres n’ont même plus pris soin de maquiller un tant soit peu ces sortes de « règlements de comptes politiques que le régime inflige à ses dissidents », comme les qualifie l’avocat Raouf Ayadi. La commission rogatoire a été antidatée au 30 septembre, l’expertise médicale n’est pas signée, le greffe refuse d’enrôler la plainte pour faux des avocats de la défense. » (http://www.comunica-ch.net/, IPS-INFOSUD – Sihem Bensedrine)
 
Dans ce contexte délétère et peu propice au bon déroulement du SMSI, le large boycotte envisagé par la société civile suisse relève du bon sens. Invités au silence en Tunisie ? Que cela ne tienne, nous en parlerons ailleurs.
 
Olivier Grobet

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