Les indignés installent leur iglou à Davos

A quelques mètres de la gare de Davos-Dorf et à moins d’un kilomètre de la zone fermée de haute sécurité autour du Centre des congrès où se réunit le forum, ils ont construit un iglou de résistance, d’où ils lanceront leur message de protestation durant une semaine.

« L’objectif est de réaliser chaque jour une action symbolique », explique une des jeunes dirigeant-e-s du mouvement. Par exemple, le mercredi 25 janvier – jour d’ouverture du principal événement de l’économie mondiale -, « nous lâcherons de grands ballons dans le ciel avec des consignes anti-néolibérales », précise-t-elle.

La vie quotidienne dans l’iglou n’est pas simple. Surtout durant la nuit avec des températures de plusieurs degrés au-dessous de zéro dans l’hiver alpin, dans une cité alpestre située à plus de 1000 mètres d’altitude.

Pour affronter le froid et avoir un centre de réunion informelle, les « occupy » ont dressé près de l’iglou deux tentes circulaires un peu plus protégées. Et ils ont installé une vieille maison roulante dans les environs.
La cinquante d’occupants se relaie constamment. Et les jeunes candidats sont nombreux à venir des diverses villes de Suisse et à se relayer pour assurer la continuité de la protestation.
 
Une semaine symbolique pour rappeler à l’opinion publique mondiale, comme ils le soulignent, que « le mouvement des indignés continue d’exister dans des milliers d’endroits du monde entier ». Une sorte de mémoire active, d’une nouvelle conscience citoyenne planétaire en construction.

Des chiens invisibles avec les noms de multinationales suisses

Sous la consigne, « attachons les multinationales avec une corde », 500 membres d’organisations non-gouvernementales et d’associations de solidarité avec le Sud ont animé à leur manière la ville du Forum économique mondial le mercredi 25 janvier (jour de l’ouverture).
 
Les militants de la campagne « Droit sans frontières » ont déambulé durant deux heures dans cette petite ville avec des chiens invisibles tenus en laisse, nommés « Nestlé », « Axpo », « Glencore » ou « Syngenta ».

En même temps, ils distribuaient des informations et discutaient avec les passants – dont beaucoup, délégués au Forum économique mondial, posaient des questions, curieux et surpris, sur la raison de cette action.
 
Tout cela en petits groupes, en raison de l’interdiction des manifestations publiques dans la ville de Davos, occupée durant le forum par des forces de police, militaires et de sécurité.

La campagne « Droit sans Frontières », qui regroupe plus de 50 organisations de coopération au développement, de solidarité, syndicales et de défense des droits humains, a été créée en novembre 2011.
 
Elle organise une pétition qui sera présentée en juin 2012 aux autorités suisses: cette pétition exige que les multinationales suisses en activité dans les pays du Sud doivent respecter les droits humains et écologiques fixés par les normes suisses. Et elle propose des règles juridiques contraignantes.

« Il est inimaginable qu’au Forum économique mondial de Davos, qui projete le monde de demain, les droits humains n’occupent pas une place essentielle »,  relève la porte-parole des manifestants, Danièle Gosteli (Amnesty International, section suisse).
 
Et de souligner que ces multinationales commettent de graves violations aux droits humains et environnementaux: les victimes de ces pratiques, généralement, « n’ont droit à aucun recours juridique ».

L’un des cas les plus cités par la Campagne est celui de l’entreprise agrochimique suisse Syngenta, qui « fait d’énormes bénéfices dans le Sud grâce à des pesticides interdits en Europe et attente à la santé de la population paysanne », explique l’un des documents de « Droit sans frontières ».

Dans ce climat de protestation citoyenne inventive, à la fin de cette semaine, « Public Eye on Davos » (Oeil du public sur Davos) – observatoire critique créé par deux ONG suisses  – fera connaître à Davos le lauréat du prix décerné à « la pire entreprise transnationale du monde ». Parmi les candidats favoris pour l’obtention de ce triste trophée, on trouve justement l’entreprise agro-chimique Syngenta.

*Sergio Ferrari (depuis Davos Suisse)
Traduit de l’espagnol: Hans-Peter Renk
Collaboration de presse E-CHANGER, ONG suisse de coopération solidaire, membre de la campagne « Droit sans frontières »
 
www.droitsansfrontieres.ch

 

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