Les Synergies possibles entre les segments de la microfinance et les transferts de fonds des migrants pour créer des emplois durables et décents au Sud

Les envois d’argent des travailleurs migrants vers leurs pays d’origines ont pris de l’ampleur.Jusqu’à la fin des années 1980 étaient non comptabilisés voire ignorés par les Etats et les organismes d’aide au développement international. Depuis les années 1990 une crise s’observe dans le financement de l’aide publique au développement car les pays industrialisés ne cessent de réduire leurs budgets en la matière. Cette crise a été l’occasion d’amener à explorer dês nouvelles pistes de financement du développement local. Elle a aussi contribué à mettre em lumière un acteur de développement jusque là ignoré par les politiques macro-économiques d’antan à savoir le migrant d’une part et d’autre part ses principaux moyens d’intervention que sont les transferts d’argent vers le pays d’origine.
 
L’ampleur de transferts de fonds augmente au fur et à mesure que croissent les migrations internationales. Et l’impact de ces transferts est plus que jamais pris en compte par les Etats, lês organismes internationaux travaillant sur les questions du développement économique et social, sans parler d’une multitude d’entreprises de transferts de fonds qui veulent capter cette manne. Une étude récente du FIDA (2007 : 2) montre que les 150 millions de migrants adultes à travers le monde ont transféré au moins 300 milliards de dollars américains en 2006. Habituellement par des transferts d’un montant variant entre 100 et 300 dollars. Tous les pays en voie de développement sont concernés même si ces flux sont inégalement répartis : l’Asie et l’Océanie (113,055 milliards), Amérique latine (67,905 milliards), Europe centrale (50,805 milliards), Afrique (38, 611 milliards), Proche-Orient (28,449 milliards). Le poids des fonds de migrants s’apprécie mieux par leurs proportions dans les produits nationaux bruts de divers pays. Ainsi en 2002 le Mexique enregistrait plus de 10 milliards de dollars provenant de ses migrants aux Etats-Unis soit plus que ce que générait le secteur touristique mexicain (GUILMOTO et SANDRON, 2003 : 122). L’argent de migrants est devenu la plus grande source de financement extérieur pour nombreux pays en développement.
 
James D. Wolfensohn, ancien président de la Banque mondiale, dans l’avant propos du livre Remittances : Development Impact and Future Prospects écrit par Samuel Munzele Maimbo et Dilip Ratha en 2005, rappelait le défi posé par ces transferts aux Etats. Défi de capitaliser lê potentiel de développement général des flux de ces transferts dans les pays du Sud. Défi qui implique non seulement de situer et de faire face aux contraintes présentes dans l’envoi dês fonds de migrants – qui sont avant tout des fonds privés – grâce à des politiques adaptées. Mais aussi défi d’établir des processus et des infrastructures formelles et informelles qui seraient plus satisfaisantes. Car plus novatrices et plus orientées vers le développement dans les pays d’origines. Défi enfin de créer des synergies avec le système bancaire et d’augmenter lês opportunités d’investissement des migrants2. Sans pour autant qu’investir vers le pays d’origine du migrant rime avec son retour là-bas comme l’ont essayé avec peu de succès des politiques dites de co-développement dans certains pays depuis les années 1990.
 
Ces sommes contribuent-elles à la réduction de la pauvreté par la création des emplois décents et durables au Sud ? Dans quelle mesure ces transferts de fonds des migrants peuvent-ils être mis en synergies avec d’autres instruments financiers tels que la microfinance pour arriver à cette fin ? Car la microfinance peut servir de modèle d’expérience réussie en matière de « réplicabilité » dans le domaine du développement de l’emploi. Lancée pour venir en aide à dês personnes vivant dans les pays en développement, l’idée a rapidement essaimé sur l’ensemble de la planète. A tel point que l’on retrouve aujourd’hui des organismes de microfinance au Nord où ils soutiennent la création de petites entreprises.
 
Le Programme Syni et le réseau Laboria International s’efforcent d’interroger cette idée de réplicabilité et explorent l’interaction bénéfique possible entre des modèles réussis dans différents champs d’action du développement. C’est ainsi qu’ils ont organisé la table ronde d’échanges du 7 novembre 2008. Elle permettait ainsi à un panel de 7 experts et à une quarantaine de participants provenant de différents horizons de concrétiser quelques pistes de réflexion d’une part. Et de l’autre ils esquissaient des propositions sur les interactions possibles entre d’autres segments de la microfinance avec les transferts des fonds des migrants pour créer des emplois dans les pays du Sud.
 
2. Les cinq questions débattues
Ces experts et ces participants ont échangé et partagé des connaissances, des expériences, des conclusions et des propositions en partant de 5 questions suivantes :
 
1. Les liens actuels entre segments microfinanciers et transferts des fonds : acquis et limites.
 
2. Les besoins et les attentes des migrants porteurs de projets face à la microfinance.
 
3. Les liens novateurs possibles entre segments microfinanciers et transferts de fonds des migrants pour leur canalisation vers des projets productifs au Sud.
 
4. Les processus et infrastructures informelles et formelles novateurs susceptibles de soustendre ces synergies au Nord, au Sud voire du Nord au Sud.
 
5. Les rôles et les accompagnements possibles des acteurs publics, des organismes internationaux intéressés aux questions de la migration et du développement, des ONG de développement et des banques.
 
Le présent rapport donne la synthèse des interventions des spécialistes, des échanges avec les participants, des conclusions et recommandations qui ont été faites lors de cette table ronde.
 
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« LES SYNERGIES POSSIBLES ENTRE LES SEGMENTS DE LA MICROFINANCE ET LES TRANSFERTS DE FONDS DES MIGRANTS POUR CRÉER DES EMPLOIS DECENTS ET DURABLES AU SUD »

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