L’intervention d’ACTED au Liban

ACTED Liban : Projets passés et présents

A la fin février 2007, ACTED a conclu avec succès un projet d’eau et d’assainissement d’urgence financé par l’UNICEF à travers l’acheminement par camion de presque sept millions de litres d’eau dans les villages du sud du Liban et l’organisation d’ateliers d’hygiène de l’eau auxquels ont participé plus de mille femmes. Un projet financé par le Service d’Aide Humanitaire de la Commission Européenne (ECHO) a aussi permis la réparation de quatre aqueducs desservant plus de 60 000 résidents.
 
En se basant sur ces projets initiaux d’eau et d’assainissement, nous avons par ailleurs entrepris la réparation d’une section des canalisations des eaux usées, endommagées l’été dernier par les bombardements et ayant entraîné la contamination des puits alentours. Le projet ECHO vise également à réhabiliter et reconstruire un certain nombre de réservoirs d’eau afin d’approvisionner en eau pure les villages ciblés pendant les secs mois d’été et après.
 
Aujourd’hui, ACTED met aussi en oeuvre un projet de construction d’abris dans le sud du Liban, en soutenant les familles dans leurs travaux d’étanchéification et de réparation des demeures détériorées pendant le conflit de l’été dernier. Le projet est en oeuvre dans cinq villages pour le moment et sera amené à être davantage développé dans les mois à venir. L’exhaustivité des évaluations sociales et techniques conduites avec la collaboration des bénéficiaires ainsi que l’accent mis sur la mobilisation de la communauté grâce aux forts liens avec les représentants des municipalités permettront à ACTED d’à la fois mettre en œuvre l’intervention actuelle et aussi d’identifier d’autres besoins des communautés en vue de futurs projets.
 
L’équipe du Liban conduit également un certain nombre d’évaluations dans différents secteurs afin de déterminer les projets à mener sur le long terme. Ceux-ci ne se concentreront pas exclusivement sur les besoins non couverts des populations directement affectées par le conflit de 2006 mais prendront en compte également d’autres zones du pays requérant de l’aide. De fait, une équipe d’ACTED mène actuellement une enquête sur la situation agricole et en terme d’irrigation des agriculteurs du sud du Liban. Des évaluations supplémentaires sont en cours dans le secteur éducatif. L’accent sera mis sur les écoles primaires et publiques et participera d’une intervention globale sur les écoles qui comprendra la réhabilitation des infrastructures scolaires, la mobilisation des communautés, le renforcement des compétences et l’initiation aux thèmes de la santé, de l’hygiène, de la nutrition et du développement des jeunes enfants. 
 
Nahr El bared : la nouvelle crise du Liban
 
Contexte :
 
Le Liban recueille sur ses terres presque 400 000 réfugiés palestiniens – ceux qui ont fui la Palestine en 1948 ou au cours des guerres successives. Les réfugiés se concentrent sur 12 camps à travers le pays, principalement dans les environs des principales villes libanaises.  En raison d’une myriade de circonstances historiques et politiques, les populations réfugiées au Liban sont fortement marginalisées et les camps, qui avaient été initialement conçus comme des refuges temporaires pour les populations déplacées, se sont peu à peu transformés en banlieues permanentes, de vraies villes pour ainsi dire. Les services sociaux, éducatifs, de santé et économiques élémentaires pour les réfugiés sont assurés par l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés de Palestine au Proche Orient (UNRWA), alors que les questions de politique et de sécurité sont à la charge même des administrations des camps. La quasi autonomie et le faible coût de la vie dans ces camps de réfugiés touchés par la pauvreté ont entraîné l’installation de non Palestiniens qui soit n’ont pas les moyens de vivre ailleurs soit cherchent à jouer profil bas.
 
Commencement de la crise
 
Le camp de Nahr El bared proche de la ville de Tripoli au nord abrite environ 30 000 personnes, Palestiniens ou non Palestiniens. Fin mai 2007, des combats ont éclaté entre un groupe militant résidant à Nahr El Bared et l’Armée Libanaise. Huit semaines plus tard, les combats continuent et l’on compte déjà plus de 200 victimes.
 
Pendant les deux premières semaines du conflit dans le nord, un certain nombre d’explosions ont eu lieu dans et autour de Beyrouth. Les bombardements se sont produits tard dans la soirée et ne visaient apparemment personne en particulier – bien qu’il faille dénombrer deux victimes – mais plutôt avaient en mire, symboliquement, des centres commerciaux. Toutefois, l’assassinat d’un membre du parlement dans une explosion de voiture s’est ajouté à la liste des homicides politiques de ces deux dernières années. Bien qu’il n’y ait pas eu d’autres incidents le mois dernier, les tensions dans le pays demeurent élevées.
 
Déplacement
 
Presque tous les résidents de Nahr El Bared ont fui, bien que certains rapports affirment que de nombreuses familles sont restées dans le camp, ne pouvant ou ne souhaitant pas partir. La majorité des déplacés se sont répartis entre le centre voisin de Beddawi, exerçant une pression supplémentaire sur ce camp déjà surpeuplé, et d’autres camps du pays. La situation humanitaire à Nahr El Bared est difficile à prévoir même si l’on peut déduire de l’interdiction d’accès aux groupes d’aide que les personnes restées à l’intérieur manquent gravement des provisions de base.
 
Dans le camp de Beddawi, la population a pratiquement doublé et les familles de déplacés sont logées chez les résidents (parfois quatre familles occupent un même appartement) et dans les écoles publiques. Le manque d’eau est critique et empire avec la chaleur et l’humidité de l’été, et les nécessités sont, dans le meilleur des cas, en quantité infime.
 
La réponse d’ACTED
 
L’action humanitaire s’est mobilisée peu après le début du conflit, l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés de Palestine au Proche Orient disposant, seule, d’un mandat d’intervention avec les réfugiés et coordonnant les activités. ACTED a commencé par participer à des réunions sectorielles sur les problèmes d’eau et d’assainissement et de construction d’abris et, en raison de son expérience passée et présente dans ces deux domaines d’activités, a tout de suite mis en œuvre des interventions visant à satisfaire les besoins croissant en eau des résidents et des familles de déplacés de Beddawi. ACTED a aussi planifié des actions à réaliser dès la cessation des hostilités à Nahr El Bared.
 
Le 4 juin dernier, ACTED a débuté, avec le financement de l’UNRWA (et ensuite d’UNICEF) la mise en oeuvre d’une intervention d’approvisionnement en eau par camions et de remplissage des réservoirs publiques à l’intérieur et hors du camp. Afin de renforcer les compétences de la population locale et de garantir de la façon la plus efficace possible la coopération de la communauté, ACTED a recruté et formé des bénévoles locaux. Ces équipes de bénévoles ont été chargées d’aider les conducteurs de camions à acheminer l’eau des sources locales à l’ensemble des cuves et d’effectuer des tests sur l’eau, de la source aux robinets des maisons.
 
Un élément supplémentaire du projet consiste à sensibiliser les bénéficiaires sur la disponibilité et qualité de l’eau fournie ainsi que sur des questions simples relatives à la propreté de l’eau. Un atelier animé par les agents de santé d’ACTED a été organisé pour l’ensemble des volontaires et conducteurs pour leur inculquer de simples notions d’hygiène de l’eau. Les bénévoles ont ensuite réalisé des tests sur l’eau des robinets domestiques en vue de rassurer les bénéficiaires que l’eau est effectivement potable ; ces visites fournissent également la possibilité de répondre aux questions et d’informer les résidents sur les problèmes liés à l’eau et sur les bonnes conduites à tenir.
 
La collaboration de la communauté locale, le Beddawi Camp Scouts, et des ONG palestiniennes locales a largement facilité la mise en œuvre de ce projet. Au départ, un certain nombre de problèmes de coordination sont apparus entre les organisations d’aide humanitaire et l’UNRWA, et de nombreux incidents sont survenus lorsque certains bénéficiaires détournaient les citernes publiques pour leur usage personnel, mais ces problèmes ont été résolus au fur et à mesure qu’ils se sont présentés.
 
Le futur
 
ACTED entend poursuivre ses activités d’acheminement et contrôle de l’eau pour les familles déplacées et résidentes tant que les besoins d’urgence l’exigent. Une évaluation continue des besoins est menée par l’équipe d’ACTED à Tripoli et les activités sont adaptées en conséquence.
 
Un plan global esquissé par l’UNRWA cherche à répondre aux besoins urgents des populations revenant à Nahr El Bared une fois que le camp aura été jugé plus sûr. Cependant, alors que les combats se poursuivent, des photos provenant du camp montrent que les destructions y sont de plus en plus importantes, limitant fortement les possibilités de retour des populations délogées.
 
En collaboration avec deux autres ONG, ACTED a préparé un projet de construction d’abris d’urgence qui sera financé par le Service d’Aide Humanitaire de la Commission Européenne et qui complètera la distribution de kits de dépannage avec l’identification de réparations légères à mener immédiatement pour rendre à nouveau habitables les logements des bénéficiaires. Toutefois, les besoins risquent de changer en fonction de l’état du camp une fois que les agences d’aide et les résidents auront été autorisés à y pénétrer. L’équipe d’ACTED continuera à participer aux réunions sectorielles, restera informée des derniers développements et sera prête à agir dans tous les domaines possibles et requis.

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