Nette victoire sandiniste lors des élections nicaraguayennes

 L’alliance « Nicaragua Unida Triunfa » – conduite par l’actuel parti gouvernemental, le Front sandiniste de libération nationale (FSLN – a en effet largement remporté les élections nationales pour la présidence et la vice-présidence du pays, les député-e-s à l’Assemblée nationale et les représentant-e-s au Parlement centroaméricain (PARLACEN).
 
Lors du dépouillement intermédiaire publié 6 heures après la fermeture des plus de 12.000 bureaux électoraux, l’actuel président Daniel Ortega Saavedra fut plébiscité avec 64 % des suffrages. Soit presque le double des votes recueillis par l’ensemble des quatre autres forces de droite présentes. Il est très loin devant le 29 % obtenue par l’Alliance formée par les libéraux indépendants et les dissidents de la rénovation sandiniste (MRS).
 
Quant à l’ex-président Arnoldo Alemán, il se retrouve en troisième position avec un score rachitique de 6 % des suffrages.
 
Bien qu’il manque toutefois le décompte d’un haut pourcentage d’urnes, les tendances sont si claires que rien n’a empêché, cette même nuit du dimanche 6 novembre, que Daniel Ortega (âgé de 66 ans) soit confirmé dans son mandat.
 
Son résultat est en effet le plus élevé qu’ait jamais obtenu un parti dans toute l’histoire de ce pays d’Amérique centrale, depuis la nouvelle étape démocratique ouverte par la révolution de juillet 1979. Le FSLN a ainsi presque doublé le score de 38 %, résultat alors fragile avec lequel, cinq ans auparavant, en 2006, il s’était à nouveau retrouvé au gouvernement.
 
La victoire actuelle est si nette qu’elle pourrait même assurer au FSLN la majorité absolue à l’Assemblée nationale (un parlement de 90 membres). Et elle est suffisamment claire pour répondre politiquement aux accusations « institutionnalistes » formulées depuis des mois par l’opposition, qui dénonçait la possible réélection de Daniel Ortega comme inconstitutionnelle.
 
La différence significative entre Ortega et ses adversaires paraît aussi balayer les dénonciations constantes d’irrégularités lancées par ses rivaux, qui accusaient le FSLN de préparer une fraude éventuelle.
Selon les commentateurs locaux, il serait quasiment impossible de pouvoir orchestrer une fraude sous les yeux de 25 membres des bureaux de vote, de centaines d’observateurs internationaux et avec un fonctionnement électoral … Rares sont en effet les pays d’Amérique latine disposant, par exemple, de registres électoraux avec noms et prénoms des titulaires, accompagnés d’une  photo similaire à celle de leur carte électorale.
 
Dès que les autorités électorales aient fait connaître les premiers décomptes, la fête éclata dans les principales villes du pays. De nombreuses artères de la capitale, Managua, ont vu passer des milliers de personnes à pied ou dans des véhicules arborant les drapeaux rouges et noirs, les couleurs historiques du sandinisme.
 
Toutes ces vagues confluèrent à la « Place des Victoires », un carrefour central d’avenues où débuta la fête populaire qui continuait aux premières heures de l’aube, animée par des musiques et des danses populaires. Un moment propice pour constater la profonde rénovation générationnelle du sandinisme : parmi les milliers de personnes présentes, un grand nombre était des jeunes de moins de 25 ans.
 
Les chansons ne furent interrompues que par le discours téléphonique de la « première dame » Rosario Murillo, responsable à la communication du Front sandiniste, proclamant officiellement la victoire de son époux.
 
La victoire sandiniste renforce le projet de l’ALBA (Alliance bolivarienne des peuples des Amériques) sur le plan continental, ainsi que les options progressiste dans la région centroaméricaine – limitant du même coup l’impact de la victoire, lors du second tour des élections guatémaltèques qui se tenait aussi ce même dimanche 6 novembre, de l’ex-général Otto Pérez Molina (du Parti patriote, droite).
 
La victoire sandiniste – en plus de l’actuel gouvernement salvadorien du Front Farabundo Marti pour la libération nationale (FMLN) et du renforcement croissant de la résistance au Honduras – confirme ainsi une géopolitique progressiste à l’échelle régionale. Et cela dans une région traversée, il y a à peine 30 ans, par des guerres civiles et des interventions militaires étrangères.
 
Sergio Ferrari et Gérald Fioretta depuis Nicaragua
 
Traduit de l’espagnol par Hans-Peter Renk

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