NIGER: Les familles des journalistes français incarcérés appellent à la « clémence » du président Tandja

Lors d’une conférence de presse tenue le 24 décembre 2007 au siège de Reporters sans frontières, à Paris, le frère du cameraman Pierre Creisson, Jean-Michel, a fait « appel à la clémence » de Mamadou Tandja. « Thomas [Dandois] et mon frère ont été arrêtés et nous savons que cela fait partie de la règle du jeu de ce métier. Mais il n’ont rien fait d’immoral et leur inculpation pour ‘atteinte à la sécurité de l’Etat’ est disproportionnée, a-t-il déclaré. Nous souhaitons que le président nigérien puisse entendre notre appel pour qu’ils rentrent et que Pierre retrouve sa femme et ses deux enfants. De plus, il nous semble que cela contribuerait à améliorer l’image du Niger. »
 
Marc Dandois, frère du journaliste Thomas Dandois, très ému, a quant à lui déclaré qu’il reconnaissait la « situation politique complexe » dans laquelle son frère, son cameraman et leur chauffeur se trouvent. Mais il a ajouté que les journalistes n’avaient pas « voulu faire de la propagande » et que Thomas « manque à sa famille ». Il a également demandé au président Mamadou Tandja de faire preuve « d’un geste d’humanité » en permettant leur retour en France.
 
Le sécrétaire général de Reporters sans frontières, Robert Ménard, a fait part de son « étonnement devant le décalage entre ce qui est reproché aux deux journalistes et la réalité ». Il a affirmé qu’il comprenait « l’angoisse » des autorités nigériennes devant la rébellion armée, mais qu’il convenait de « ne pas faire payer cette situation aux journalistes ». Tout en rappelant que l’organisation était consciente du fait que le Niger est « un pays de droit, dont la souveraineté doit être respectée », elle souhaitait aujourd’hui, à la veille de Noël, demander au président Mamadou Tandja de faire « un acte de générosité » envers Thomas Dandois et Pierre Creisson.
 
L’associé des deux journalistes, Sébastien Camicas, a lui aussi fait valoir que Thomas Dandois et Pierre Creisson était « des journalistes, pas des criminels » et que leur objectif n’était en rien de « faire de la propagande ». Il a reconnu qu’ils avait « pris des libertés avec la législation, faute de pouvoir travailler dans la zone, mais qu’il étaient en route pour Niamey pour recueillir le point de vue des autorités » sur la situation. Il a affirmé que sa société de production était également « solidaire » des Nigériens arrêtés en même temps que les deux journalistes français.
 
Marco Nassivera, rédacteur en chef d' »Arte Reportage », l’émission qui avait commandé le sujet des deux journalistes, a réaffirmé que sa chaîne, « connue pour son sérieux et son objectivité », entendait « comprendre, et non pas juger ». Tout en reconnaissant la « situation délicate » des journalistes, il a déclaré que, si sanction il devait y avoir, « l’inculpation prononcée à leur encontre n’est pas adaptée ».

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