Ouragan Matthew : après le bilan, quelles réponses en Haïti ?

3 semaines après l’ouragan Matthew qui a balayé Haïti, fait plus de 500 morts, 400 blessés et 175 000 sans-abris, la région des Nippes manque d’eau potable et la crainte d’une épidémie de choléra est particulièrement  forte. Sur place les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL ont répondu à l’urgence en mettant en place un certain nombre d’activités.

Depuis près de 3 semaines, en Haïti, pas de repos pour les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL. L’ouragan Matthew a ravagé le sud du pays. Les réseaux d’eau ont été endommagés, les maisons aux toits de tôles ont été balayées par les vents et la pluie, les champs ont été mis à terre et la recrudescence du choléra laisse croire à un avenir bien sombre pour les prochains mois. Mais ce constat alarmant n’a pas pour autant élimé la volonté de nos équipes qui dès le lendemain du passage de Matthew se sont mises au travail pour apporter une aide indispensable aux milliers de victimes. Accès à l’eau potable, lutte contre le choléra et dans un avenir proche sécurité alimentaire, sont les trois grands axes de la réponse mise en place par nos équipes haïtiennes renforcées par une équipe d’urgence venue spécialement du siège quelques heures après le passage de l’ouragan pour ouvrir une nouvelle base dans le département des Nippes.

Accès à l’eau potable, la priorité n°1

Déjà très aléatoire depuis le séisme de 2010, l’accès à l’eau potable dans le département des Nippes  est devenu depuis le 4 octobre encore plus problématique. Les réseaux déjà vétustes n’ont pas résisté aux éléments. Les points d’eau, les puits et les rivières ont quant à eux été pollués par les boues et sont désormais source d’inquiétude pour les populations. « Nous avons donc décidé en urgence d’amener depuis Paris et depuis Port au Prince le matériel adéquate nous permettant d’installer des réservoirs souples. Nous en avons installé plusieurs notamment un, de 15m3, dans la commune de Petite Rivières des Nippes permettant à plus de 1000 personnes de s’approvisionner chaque jour, indique Pierre Desvillettes, responsable Eau, hygiène et assainissement de l’équipe d’urgence de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL. En plus de ces réservoirs, nous avons aussi identifié un certains nombre de point d’eau endommagés par l’ouragan. Nous allons les réhabiliter car s’ils fonctionnent encore aujourd’hui, l’eau qui en sort est potentiellement dangereuse pour la population« .

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Dans la ville de Petite Rivière des Nippes, nos équipes ont installé un reservoir souple qui permet à plus de 1000 personnes de s’approvisionner chaque jour en eau potable.

Lutte contre le choléra, l’autre crainte

Ces points d’eau, avant même d’être réhabilités, puisqu’ils sont toujours utilisés, sont d’ores et déjà dotés d’un point de chloration. « Le chlore est le meilleur ennemi contre le choléra, souligne Pierre Desvillettes. Nous avons donc mobilisé des équipes de chlorateurs qui verseront quelques gouttes de chlore dans chaque jerrican rempli à ces points d’eau afin d’assainir l’eau et de la rendre sans risque pour la santé« .
Au-delà de l’assainissement de l’eau, face à la recrudescence du choléra et afin d’endiguer les flambées, des équipes chlorateurs surveillent,  évaluent et apportent une réponse spécifique en désinfectant les foyers infectés. « Mais nous ne sommes pas seulement cantonnés à cette activité, précise Yves-Méry, chloratrice en Haïti. Nous installons des points de chloration au niveau des sources d’approvisionnement en eau, nous intervenons dans les communes, les églises, les écoles et les centres de santé pour sensibiliser la populations aux risques liés au choléra et nous distribuons aussi des kits choléra« .

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Afin de prévenir les flambées de choléra, nos équipes partent chaque jours désinfecter les foyers contaminés.

Sécurité alimentaire, l’inquiétude à moyen terme

L’insécurité alimentaire est une des autres fortes craintes pour les habitants et pour les équipes de SOLIDARITÉS INTERNATIONAL. Et pour cause. « Certaines cultures venaient à peine d’être récoltées, quand les autres devaient l’être dans les semaines à venir. Les stocks de maïs, à peine arrachés de leur pied, ont été inondés. Les bananeraies, elles, ont été balayées par les vents. Dans certaines zones, jusqu’à 80% de la production agricole a été détruite. Et déjà, les prix commencent à s’envoler. Certains parlent d’une augmentation de 30% du prix de la noix de coco. Insupportable pour une grande partie de la population dont les revenus sont extrêmement faibles« , indique Anne-Gaëlle Lebeau, coordinatrice de l’équipe d’urgence.
Aujourd’hui, les habitants de la zone récupèrent les fruits et les légumes tombés à terre pour se nourrir et les vendre sur les marchés. Mais cette option ne pourra pas durer très longtemps. Bientôt, il n’y aura plus rien au sol et donc moins de produits disponibles sur les marchés. « Certes, il va y avoir des distributions de denrées alimentaires réalisées par le Programme Alimentaire Mondial. Mais cette assistance, indispensable, n’est pas durable. Or, la sécurité alimentaire ne trouve de solutions que dans les programmes de moyens et de longs termes. Il faudra évidemment distribuer des semences et du petit bétail, organiser des foires alimentaires de produits secs (huile, riz, haricots…), mais aussi aider les Haïtiens à déblayer leurs champs, à reconstruire leur espace de stockage… Des activités qu’ils n’auront pas les moyens humains et financiers de faire seuls« .

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Dans la région des Nippes, les bananeraies ont été détruites par les inondations et la force des vents.

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