Paris: Les droits fondamentaux des Afghans continuent d’être bafoués

§      En France, un nombre croissant de mineurs afghans vit dans la rue, sans protection
 
Alertée par le dispositif d’accueil de jour de l’Armée du Salut Saint-MARTIN, la mission SDF de MDM a rencontré depuis une semaine plus d’une quarantaine  de jeunes afghans vivant dans les rues de Paris.
Psychologiquement affectés par un voyage clandestin de plusieurs mois extrêmement éprouvant, ces mineurs vivent aujourd’hui dans une situation sanitaire précaire. Sans connaissance de leurs droits, des institutions et structures d’accueil, mais aussi une proie facile pour passeurs, dealers et autres trafiquants, ces mineurs sont aujourd’hui en danger. Alors que certains d’entre eux demandent à bénéficier d’une protection, la capacité insuffisante des dispositifs  spécialise  de prise en charge pour les accueillir  et les délais inhérents aux procédures légales les condamnent à la rue. Alors que les interpellations se multiplient, les mineurs n’ayant pas pu prouver leur âge risquent de se retrouver en centre de rétention. Faute de places disponibles dans les structures d’accueil spécialisées, MDM a pris l’initiative d’héberger les jeunes ayant exprimé leur désir de protection.
 
§      Des expulsions collectives vers un pays toujours en guerre
 
Malgré une liberté retrouvée fin 2001 et la tentatives de stabilisation de l’Administration Karzai, l’Afghanistan reste, depuis 26 ans, un pays en guerre : 19.000 soldats des Forces de Coalitions sous commandement américain et 8.000 soldats internationaux sous commandement de l’OTAN sont toujours déployés dans le pays. Guerre larvée contre les groupes fondamentalistes, les pouvoirs locaux d’anciens chefs de guerre, les narcotrafiquants dont les liens avec les pouvoirs en place sont tout aussi dangereux qu’inquiétant ainsi que le souligne le dernier rapport d’Amnesty International.
 
Malgré les conditions d’insécurité qui perdurent, 3.5 millions sont déjà rentré en Afghanistan depuis le début 2002 et un million supplémentaire est attendu en 2005-2006. Comme leurs compatriotes restés dans le pays, ils voient leurs droits fondamentaux non respectés. Le droit d’accès aux soins par exemple est loin d’être une réalité pour les Afghans: espérance de vie de 44 ans, 12% de la population ayant accès à des infrastructures sanitaires de base, 23% ayant accès à l’eau potable et 80% de la population atteinte de stress post traumatique selon l’OMS.
 
Aujourd’hui ni le Gouvernement Karzai ni la communauté internationale ne sont à même d’assurer aux Afghans la sécurité légitime auxquels ils ont droit sur leur territoire. C’est pourquoi les renvois collectifs des exilés décidés par les gouvernements Européens bafouent les droits fondamentaux des Afghans et le devoir de protection qui est de notre responsabilité collective.
 
MDM alerte sur la situation des mineurs afghans vivant dans la rue et demande que des places supplémentaires d’accueil soient débloquées de toute urgence. Nous nous indignons également de voir les Etats Européens bafouer ouvertement les Droits de l’Homme en renvoyant des exilés vers un état toujours en guerre.
 
 
Emmanuel OLLIVIER
 

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