Une délégation indigène brésilienne à New York, Le Rio Xingu à la une, La FUNAI publie des photos d’indiens isolés, Le Plan Amazonie Soutenable – PAS, La COIAB participe à la COP9 réunie à Bonn.
"AYA Info" peut être consulté sur les sites Internet :
http://www.terrabrasilis.ch > Aya Info et http://www.humanitaire.ws
Une délégation indigène brésilienne à New York
Une délégation brésilienne d’une dizaine de leaders indigènes a participé à la 7e Session de l’Instance permanente sur les questions autochtones qui a eu lieu du 21 avril au 2 mai au siège de l’ONU, à New York. Cette session avait pour thème les "Changements climatiques, diversité bioculturelle et moyens d’existence : le rôle de gardien des Peuples Autochtones et les nouveaux défis à relever". La rencontre a réuni près de 2’300 représentants autochtones du monde entier. La Coordination des Organisations Indigènes de l’Amazonie Brésilienne (COIAB) a annoncé que la délégation brésilienne a saisi cette occasion pour rencontrer des représentants du Haut Commissariat des Droits Humains. Le 22 avril, elle a rencontré M. Julian Burger, puis, le 28 avril, MM. Rodolfo Stavenhagen et James Anaya, ancien et nouveau Rapporteur spécial de l’ONU sur la Situation des Droits Humains et Libertés fondamentales des Peuples autochtones. Les leaders indigènes ont remis un document qui aborde les principaux problèmes touchant divers peuples indigènes du Brésil, notamment les violences sur la Terre Indigène Raposa Serra do Sol, la gravité de la situation sanitaire des peuples de la Vallée du Javari, les projets de développement (construction de barrages, transposition du fleuve São Francisco) qui mettent en danger la vie des communautés, etc. Le nouveau rapporteur souhaite se rendre au Brésil, encore en 2008, pour connaître personnellement la situation des Peuples indigènes.
Pour en savoir plus (en portugais et en espagnol) :
http://www.coiab.com.br/coiab.php?dest=show&back=noticia&id=77&tipo=N&pagina=2 et
http://www.coiab.com.br/coiab.php?dest=show&back=index&id=78&tipo=E
Le Rio Xingu* à la une
Un incident a marqué la rencontre "Xingu vivo para sempre" (Xingu vivant pour toujours), organisé par un collectif d’associations de défense du cours d’eau dans la localité d’Altamira, dans l’État du Para. Le 20 mai, un technicien de l’entreprise "Eletrobras", venu expliquer la position de sa société à propos de la construction de l’usine hydroélectrique Belo Monte, a reçu un coup de machette d’un indien Kayapó et a été blessé à l’épaule. L’incident a largement été repris par les médias. Le Conseil Indigéniste Missionnaire – CIMI a vu l’un de ses membres accusé d’avoir armé les indigènes. Il a publié une note en réponse à ces affirmations.
De sa source, dans l’Etat du Mato Grosso, à sa jonction avec l’Amazone 2’000 km plus au nord dans l’Etat du Pará, le Rio Xingu est l’illustration des tensions que suscitent des conceptions (et des intérêts) divergentes du développement du Brésil. Au sud, les rivières qui en constituent les premiers affluents sont situées dans l’arc de déforestation intensive qui met en danger le Parc Xingu sensé protéger le peuple indigène Kayapó. Au nord, des projets de barrages sur ses affluents et sur le Xingu lui-même font prévoir l’inondation de vastes espaces. Riverains et peuples indigènes s’engagent pour protéger leur cadre de vie. Une lettre, signée par la centaine d’organisations présentes à la rencontre d’Altamira, exprime la volonté de lutter contre un modèle de développement socialement injuste et écologiquement dégradant. Elle décrit en douze points un plan de développement plus favorable aux riverains.
Pour en savoir plus (en portugais) : http://www.socioambiental.org/nsa/detalhe?id=2688 , http://www.socioambiental.org/nsa/detalhe?id=2687 et la note du CIMI : http://www.cimi.org.br/?system=news&action=read&id=3225&eid=293
* En français se prononce "Chingou"
La FUNAI publie des photos d’indiens isolés
Le 29 mai dernier, la Fondation Nationale de l’Indien – FUNAI a publié des photos prises entre le 28 avril et le 2 mai par les membres du "Front de Protection Ethno – environnemental du Rio Envira". Elles montrent un groupe d’indiens isolés, c’est-à-dire sans contact avec la société environnante, d’une ethnie pas encore définie. Ces "fronts" de la FUNAI sont chargés de la surveillance et de la protection des indiens isolés et des terres qu’ils habitent. Selon la Fondation, il y aurait d’autres groupes isolés dans ces Terres Indigènes (TI) démarquées ou en voie de régularisation situées dans l’Etat d’Acre à proximité de la frontière avec le Pérou. On compterait encore plusieurs dizaines de ces peuples "isolés" en Amazonie. La politique actuelle de la FUNAI est de ne pas faire de contact direct avec ces groupes et de conduire des actions pour empêcher les intrusions par des exploitants forestiers, fazendeiros, orpailleurs et autres "étrangers" pour maintenir la totale autonomie de ces groupes. Il s’agit de les préserver des maladies qui peuvent avoir des conséquences tragiques pour ces populations dont les organismes sont dépourvus d’anticorps. Le premier contact avec des "étrangers" avait provoqué de nombreux morts chez les Matis de la Vallée du Javari au milieu des années 70. Plus récemment, en 1997, les maladresses commises par la FUNAI dans ses opérations de contact avec les Korubo (aussi de la Vallée du Javari), avaient coûté la vie à l’un de ses agents. Suite à cet incident, la COIAB et le Conseil Indigène de la Vallée du Javari (CIVAJA) avaient recommandé à la FUNAI de veiller à interdire tout accès aux aires susceptibles d’abriter des groupes isolés. Sur l’une des photos publiées récemment, on peut voir deux indiens vouloir décocher des flèches en direction de l’avion qui les survole… Le message semble clair ! Les difficultés rencontrées, tant par la FUNAI pour empêcher les intrusions dans les TI, tant par la Fondation Nationale de la Santé (FUNASA) pour assurer un service de santé correct auprès des peuples indigènes, il est permis de se demander si la FUNAI a eu raison de diffuser cette information avec autant de détails ?
Pour en savoir plus (en portugais) : http://www.funai.gov.br/
Le Plan Amazonie Soutenable – PAS
Ce Plan a été présenté le 8 mai dernier par le président Lula. Il est le résultat de consultations publiques et de plusieurs années de travail, en particulier des deux Ministères de l’Intégration nationale et de l’Environnement. Il se veut en faveur d’un développement soutenable pour les 23 millions d’habitants de l’Amazonie. Il comporte seize engagements, par exemple : combattre la déforestation illégale; garantir la biodiversité et les ressources hydriques; assurer les droits territoriaux des peuples indigènes et des communautés traditionnelles. Les lignes directrices concernent la gestion du territoire et de l’environnement, la production soutenable innovante et compétitive, l’infrastructure pour le développement soutenable et l’inclusion sociale et la citoyenneté. Le Ministre extraordinaire des sujets stratégiques, Mangabeira Unger, a été désigné par le président Lula pour être le coordinateur du Conseil de gestion du PAS. Selon une information publiée le 4 juin 2008 par le "Jornal do Brasil", ce choix aurait été l’une des raisons ayant incité Marina Silva à quitter le gouvernement*.
Pour en savoir plus (en portugais) : Le PAS dans ses grandes lignes (13.8 Mo) :
http://www.mma.gov.br/estruturas/sca/_arquivos/plano_amazonia_sustentavel.pdf et le discours du Président de la république pour le lancement du Plan : http://www.imprensa.planalto.gov.br/exec/inf_discursosdata1.cfm > maio > 08/05/2008 > Discurso… lançamento do Plano Amazônia Sustentavel. Et le "Jornal do Brasil" : http://jbonline.terra.com.br/editorias/pais/papel/2008/06/04/pais20080604002.html
* Voir "AYA Info" No 28
La COIAB participe à la COP9 réunie à Bonn
Du 19 au 30 Mai 2008, la 9e Conférence (COP9) des Parties à la Convention de l’ONU sur la Diversité Biologique (UNCBD) a eu lieu à Bonn. Cette Convention a été adoptée au "Sommet de la Terre" de Rio de Janeiro en 1992. Un paragraphe du préambule et l’article 8j parlent des peuples autochtones. La COIAB y était représentée avec d’autres délégués de peuples autochtones du monde. Ces représentants ont élaboré et présenté un texte reprenant les propositions relatives à l’application de la Convention, par exemple sur les connaissances traditionnelles et la diversité biologique agricole.
Pour en savoir plus : le texte de la Convention (en français) > http://www.cbd.int/doc/legal/cbd-un-fr.pdf, sur la position des Peuples autochtones à Bonn (en espagnol) > http://www.coiab.com.br/coiab.php?dest=show&back=index&id=104&tipo=E et sur la participation de la COIAB > http://www.coiab.com.br/coiab.php?dest=show&back=noticia&id=106&tipo=N&pagina=1
Bernard Comoli