RD Congo: un cameraman tué par balles dans l’est du pays

Reporters sans frontières exprime son émotion et sa colère après l’assassinat, le 5 avril 2010, dans la soirée, de Patient Chebeya Bankome, dit Montigomo. Le cameraman a été tué par balles, sous les yeux de son épouse, alors qu’il regagnait son domicile, dans la ville de Béni (province du Nord-Kivu).
« Si elles traitent cette affaire avec sérieux, indépendance, et en ne négligeant aucune piste, les autorités congolaises ont l’occasion de mettre enfin un terme à l’impunité dont bénéficient jusqu’à présent les assassins de journalistes. Tous les regards sont donc tournés vers elles. Ce nouveau crime odieux, le sixième en cinq ans pour un professionnel des médias dans l’est de la RDC, rappelle combien les journalistes sont exposés à la violence dans cette partie de l’Afrique », a déclaré l’organisation.
Le 5 avril, aux alentours de 22 heures, Patient Montigomo, cameraman indépendant travaillant pour plusieurs télévisions dont la chaîne publique Radio-Télévision Nationale Congolaise (RTNC), a été dépouillé de son sac contenant des cassettes vidéo, son téléphone portable et de l’argent liquide, avant d’être abattu de quatre balles à bout portant.
Selon le témoignage de son épouse, qui a assisté à la scène, les trois assaillants, en tenue militaire, attendaient le journaliste devant sa maison et ont déclaré être venus spécialement pour le tuer.
Deux suspects, un sous-lieutenant et un premier sergent-major, tous deux membres de la base logistique des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC), ont été arrêtés rapidement après le crime. « Il ne s’agissait pas d’une embuscade mais d’un coup bien monté. C’est un événement malheureux que nous condamnons fermement », a déclaré à Reporters sans frontières le maire de Beni, Mufunza Bayengo.
Agé de trente-cinq ans, Patient Montigomo avait couvert la plupart des conflits armés de l’est de la RDC, notamment celui de la province de l’Ituri. Après Pascal Kabungulu, Serge Maheshe, Patrick Kikuku, Didace Namujimbo et Bruno Koko Chirambiza, il est le sixième journaliste tué dans cette région depuis cinq ans.
En décembre 2008, un mois à peine après le meurtre, à Bukavu, du journaliste de Radio Okapi Didace Namujimbo, Reporters sans frontières s’était rendue sur place pour enquêter sur ce drame et pour rencontrer les autorités civiles et militaires du Kivu Sud. Dans un rapport intitulé « Bukavu, la cité des meurtres », publié en mars 2009, l’organisation avait dénoncé les confiscations répétées des enquêtes par les militaires et avait appelé le président Joseph Kabila et son gouvernement à mettre sur pied une commission judiciaire spéciale, chargée de faire la lumière sur les assassinats de journalistes et de militants des droits de l’homme. Cette requête est restée sans suite.
Télécharger le rapport.

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