SMSI Tunis 2005: sommet sur l’information censuré?

Du 16 au 18 novembre 2005, le deuxième sommet mondial sur la société de l’information se déroulera à Tunis. Initié à Genève, le sommet porte sur une problématique essentielle pour l’avenir et la démocratisation du savoir : une communication globale grâce aux technologies de l’information et de communication (TIC). Donner un accès à tous, réduire la fracture numérique et garantir la liberté d’expression deviennent donc les nouveaux défis d’une ère où la communication à l’échelon mondial se renforce.

Dans cette extension du principe de communication à l’ensemble de la planète, la manière de traiter l’information et ses observateurs  n’est toutefois pas uniforme. Si les journaux locaux européens ne consacrent qu’entre 5 et 10 % de leurs pages à la rubrique internationale, il  n’en est pas moins qu’internet abat les frontières et ouvre donc de nouvelles perspectives. Dès lors, l’autoritarisme de gouvernements en apparence démocratiques engendre des mesures draconiennes pour contrôler leur propre image et donc le contenu du « world wide web ».

Que ce soit Reporters sans frontières, Amnesty international ou d’autres organisations oeuvrant pour les droits de l’Homme, toute dénonce la main mise politique sur le contenu du web dans certains pays à risque (Iran, Chine, etc.). Malheureusement la Tunisie, pays accueillant le deuxième SMSI, est, à ce titre, un exemple criant où la censure sert les intérêts d’individus au pouvoir.

La liberté d’expression ne cohabite apparemment pas avec le régime Ben Ali.  « Il existe une police de l’information, non officielle, liée au ministère de la communication qui contrôle et censure les sites internet, les courriels et les publications indépendantes. En tant qu’organisation indépendante, la police nous empêche systématiquement de nous réunir (Ndlr. : ligue tunisienne des droits de l’Homme). Interdiction de rentrer chez soi, quadrillement de nos quartiers par la police font partie de notre lot quotidien », déclarait Sihem Bensedrine lors d’une conférence de presse tenue par comunica-ch dans le cadre de la prepcom2* de Genève.

Le deuxième SMSI constitue une excellente opportunité de médiatisation des entraves aux libertés individuelles que le régime Ben Ali impose. « La décrispation politique » n’a pas encore eu lieu, au contraire. Depuis le 18 octobre, huit personnalités politiques tunisiennes ont entamé une grève de la faim pour dénoncer la répression contre  l’Association des Magistrats Tunisiens (AMT), l’interdiction du congrès constitutif du Syndicat des Journalistes Tunisiens (SJT) et l’interdiction de la tenue du 6è congrès de la Ligue Tunisienne des Droits de l’Homme (LTDH).

A quelques jours du sommet, une alternative au 2ème sommet mondial sur la société de l’information, le sommet citoyen sur la société de l’information, se dessine comme solution idoine face à la censure que différentes ONG et personalités tunisiennes subissent. Amnesty international et comedia ont décidé de boycotter le sommet officiel afin de soutenir la société civile tunisienne dans sa volonté d’instaurer un climat national propice aux droits de l’Homme. A relever encore, le lieu n’est pas encore connu. « Tous les hôtels contactés ont refusé de louer leurs salles sur injonction des autorités et aucun espace public n’est disponible », affirment les organisateurs.

Pour plus d’informations :

http://www.comunica-ch.net/
http://www.amnesty.ch/indexf.html
http://www.infosud-wsis.info/
« Vous n’avez aucun droit ici, mais vous êtes les bienvenus en Tunisie » – rapport de Reporters sans frontières

*Réunion préparatoire du SMSI de l’ONU

Olivier Grobet

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