SMSI Tunis 2005 : sous le joug de la répression le Sommet Citoyen sur la Société de l’Information est annulé

Violences, répression, violations de droits de l’humain, intimidations envers des délégués et des journalistes, le sommet sur la société de l’information qui se tient à Tunis dérape et démontre les limites d’ouverture d’esprit du régime politique made in Ben Ali. Alors que le sommet devrait débattre des moyens à mettre en place pour combler le fossé numérique entre les « infos-pauvres » et les « infos-riches », entre les pays ayant accès au savoir et à l’information et les pays dont l’accès aux technologies de l’information se limite à quelques privilégiés, les incidents vécus à Tunis relèguent au second rang les objectifs de base du sommet et rappellent à la face du monde combien la lutte pour les droits de l’humain n’est pas encore achevée.
 
« Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit » (art. 19 des droits de l’Homme http://www.unhchr.ch/udhr/lang/frn.htm ). Organiser un sommet sur l’information- c’est bien. Mais sans liberté d’expression, c’est tout de même un peu déplacé. (GO)
 
Voici le communiqué diffusé le 15 novembre par les différentes parties organisatrices du Sommet Citoyen sur la Société de l’Information :
 
 
« Annulation d’événements parallèles officiels au SMSI le 15 novembre 2005
Action de solidarité par des organisations de la société civile internationale en raison de graves violations des droits humains
 
A la lumière des événements qui ont eu lieu la semaine dernière à Tunis, des organisations de la société civile internationale ont annulé le 15 novembre 2005 des événements parallèles du Sommet Mondial sur la Société de l’Information (SMSI). Cette action n’était pas planifiée à l’avance. Elle est la réponse directe aux circonstances anormales dans lesquelles le Sommet de Tunis prend place.
 
Alors que la conférence préparatoire finale se déroule à l’intérieur du Kram, un centre des congrès hautement sécurisé, des défenseurs des droits humains et des journalistes ont été harcelés et physiquement blessés lundi dans les rues de Tunis. Plusieurs sites Internet, dont celui d’un événement parallèle au SMSI, le Sommet Citoyen sur la Société de l’Information, sont bloqués et inaccessibles depuis la Tunisie. Enfin, des organisations de la société civile ont été empêchées de tenir différentes réunions de travail dans le centre de Tunis
 
Durant la Prepcom III à Genève en septembre 2005, une coalition de 19 organisations, composée d’ONG tunisiennes et internationales, a décidé d’organiser un Sommet Citoyen sur la Société de l’Information (SCSI) en tant qu’événement parallèle du SMSI de Tunis.
 
Le SCSI s’inscrit dans la longue tradition d’événements organisés par des citoyens  et citoyennes durant des conférences des Nations Unies. Il a été conçu comme complément à d’autres événements parallèles mis à l’agenda du Sommet de Tunis. Dans le but de preparer le SCSI, une réunion était prévue lundi 14 novembre au Goethe Institute à Tunis. Les autorités tunisiennes ont empêché la tenue de la réunion en bloquant l’accès à l’Institut Goethe et en forçant physiquement les personnes à s’éloigner des lieux. Au cours de ces événements, des délégués et déléguées ont été insultés et violemment battus.
 
L’organisation du SCSI a été difficile. Depuis la Prepcom III, des réunions de coordination ont régulièrement été perturbées. A Tunis, et suite à la pression des autorités, la réservation de la salle pour le SCSI, confirmée et prépayée, a été annulée. Dans la nuit du 14 novembre, l’accès au site Internet du SCSI a été bloqué depuis la Tunisie, sauf à l’intérieur du Kram où se déroule le SMSI.
 
L’annulation d’événements parallèles officiels du SMSI comme action de solidarité le 15 novembre vise à:
 
·         Exprimer notre solidarité avec les nombreuses personnes et organisations tunisiennes dont les droits humains fondamentaux sont violés au quotidien.
·         Encourager tous les délégués et déléguées du SMSI à poser la question des violations des droits humains à Tunis auprès de leurs délégations nationales. Ces violations ont été clairement documentées avant le Sommet déjà par le groupe IFEX (International Freedom of Expression, http://campaigns.ifex.org/tmg/).
·         Rappeler à chaque personne impliquée dans le SMSI que les objectifs de ce Sommet ne peuvent être atteints sans le respect des droits humains particulièrement les libertés d’expression, d’opinion, de réunion et d’association, tels que rappelées dans la Déclaration de Principes du SMSI de Genève en 2003.
·         Suggérer qu’à l’avenir les Nations Unies, pour l’accueil de réunions telles que le SMSI, accordent une attention particulière au respect des conditions de réunions et de collaboration des citoyens et citoyennes dans le pays hôte.
 
Les membres du comité d’organisation du SCSI
Pour soutenir le SCSI : support@citizens-summit.org, Presse : press@citizens-summit.org
Informations générales : contact@citizens-summit.org  »
 
Ou encore :
 
http://www.humanitaire.ws/plus_info.php?idnews=318

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