Solidarité active: les Groupes de Soutien font des petits

C’est par un petit journal envoyé en 1998 depuis le Cameroun par Jacqueline Fraefel, une ancienne volontaire d’E-CHANGER, que tout a commencé. Hervé, un jeune de la structure d’accueil FARESO avec qui collaborait la coopér-actrice, y décrivait sa journée-type dans un article où l’on apprenait qu’il prenait le premier repas de sa journée en milieu d’après-midi, au retour de l’école. Une réalité dure à saisir pour des enfants suisses, alors âgés d’une dizaine d’années, pour qui les quatre heures représentaient le troisième ou quatrième repas de la journée.

L’incompréhension fit vite place à l’envie d’agir et c’est ainsi que, la première année, en mettant le quart de leur argent de poche de côté et en sollicitant leurs proches, ces enfants purent offrir des petits-déjeuners, durant la période d’examens de fin d’année, à la vingtaine de pensionnaires du foyer. Les contacts avec Jocanto, le responsable de FARESO, se sont poursuivis après le retour de la coopér-actrice en Suisse et les quelques centaines de francs mobilisés chaque année par les jeunes Suisses ont permis aux jeunes Camerounais de bénéficier de petits-déjeuners de manière pérenne, puis de cours d’appui pour augmenter leurs chances de réussite scolaire.

Même si, au village de N’tolo, ces jeunes Vaudois se font parfois encore appeler « les jeunes des petits-déjeuners », les projets qu’ils soutiennent vont aujourd’hui bien plus loin. Grâce à l’association Direction N’tolo qu’ils ont fondée pour officialiser leur action, ils ont pu financer la construction et l’aménagement d’un foyer culturel profitant à tout le village, des campagnes de sensibilisation contre le SIDA et la malaria, une bibliothèque dans le lycée voisin, un projet de bourses d’études permettant, à chaque rentrée, à plus de trente jeunes de la région de retrouver les bancs de l’école, ainsi qu’un projet de microcrédit pour promouvoir l’entrepreneuriat local.

Tous ces projets sont développés en collaboration avec des partenaires locaux rencontrés lors de plusieurs voyages sur place. Ces séjours sur le terrain et les contacts privilégiés avec des interlocuteurs locaux permettent aux jeunes de Direction N’tolo non seulement de mettre sur pieds des projets concrets de manière pragmatique, mais aussi d’établir une relation basée sur la confiance et l’échange. Depuis toujours, les membres de Direction N’tolo ont également veillé à ne pas développer leurs propres projets mais à écouter et répondre aux demandes directes du terrain, tout en y apportant un point de vue externe et leur esprit critique.

Une décennie et demie après le séjour de la coopér-actrice d’E-CHANGER sur le terrain, l’importance de son travail d’information auprès de son groupe de soutien sur le quotidien des jeunes Camerounais qu’elle accompagnait se mesure à l’aune des projets et des partenariats qui en ont découlé. Bien conscients du rôle de cette action de sensibilisation, les membres de Direction N’tolo la perpétuent en organisant des événements et des moments d’échange en collaboration avec des écoles, des groupes de jeunes, des gymnases ou des facultés universitaires. En plus de faire mieux connaître certaines réalités du Cameroun et de donner l’opportunité à leurs partenaires du Sud de s’exprimer, qui sait s’ils ne donneront pas, à leur tour, l’impulsion à d’autres jeunes de s’engager pour un monde plus juste ?

Pascal Briod, E-CHANGER

www.direction-ntolo.com

 

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