Switzerland first! Commission veut réduire la coopération internationale

Une courte majorité de la Commission des finances du Conseil national exige de nouveau des coupes dans la coopération au développement. Dorénavant, celle-ci devrait s’élever à moins de 0,5% du revenu national brut – ce qui, au bout du compte, nuirait à la Suisse elle-même.

En 2010 le Conseil des Etats avait donné son feu vert à un crédit additionnel pour la coopération au développement. Le Conseil national avait suivi peu après. Le but était d’augmenter petit à petit l’aide publique au développement (APD) de la Suisse à 0,5% du revenu national brut (RNB) – à l’époque celle-ci n’était que de 0,4%. Le consensus international exige même 0,7%.

Maintenant une courte majorité de la Commission des finances du Conseil national veut annuler de nouveau la décision du Parlement. Elle exige que les dépenses de développe­ment de la Suisse ne représentent plus un pourcentage minimal de 0,5% du RNB, mais qu’elles dépendent de l’état des finances fédérales. Pourtant ce qui peut paraître raison­nable du point de vue de la politique financière nuit à la réputation de la Suisse comme partenaire fiable.

Avec sa motion, la Commission des finances pave visiblement le chemin à d’autres mesures d’économie sur le dos de la lutte contre la pauvreté. Car la barre des 0,5% n’est, de fait, déjà plus en vigueur : dans le programme de stabilisation 2017 – 2019, la coopération au déve­loppement porte déjà plus d’un quart du fardeau. Dans le cadre de ce programme d’écono­mies, le Conseil fédéral a déjà abaissé les futures dépenses de développement à 0,48%.

De plus, dans le budget 2018 et dans la planification financière 2019 – 2021, le Conseil fédéral veut imposer d’autres coupes dans la coopération au développement qui vont bien au-delà des économies déjà décidées. Il faut s’attendre à ce que des forces conservatrices de droite exigent des réductions encore plus drastiques au Parlement.

Alliance Sud, la communauté de travail des organisations suisses de développement, considère ces plans comme insensés de plusieurs points de vue. La coopération au déve­loppement n’est pas seulement l’expression de la solidarité et de la tradition humanitaire de la Suisse, mais elle contribue aussi à empêcher l’extrémisme violent, les guerres civiles et de potentielles crises de réfugiés futures. Des coupes dans la coopération au développe­ment mettent ainsi en péril des intérêts importants de la Suisse et elles nuisent à sa réputation internationale. Finalement, des conditions stables dans les pays en développe­ment sont aussi favorables à l’économie extérieure de la Suisse.

Déjà aujourd’hui la Suisse est la principale bénéficiaire de ses propres fonds de développe­ment. Cela est dû aux dépenses d’accompagnement des requérants d’asile en Suisse, qui ont augmenté récemment. Ces coûts sont comptabilisés par le Conseil fédéral aussi comme aide publique au développement, ce qui est absurde et, en 2016 ils représentaient déjà environ 20% des dépenses.

De surcroît, l’argent du budget de la coopération de la Confédération va dans des projets internationaux de protection du climat, au lieu d’aller dans la formation, la santé et le soutien de la société civile dans les Etats faibles. Si on ne comptabilise pas ces dépenses hors sujet, la part de la coopération au développement véritable et de l’aide humanitaire représentait en 2016 seulement 0,39% du RNB.

22.05.2017

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