Un attentat à la Joie en plein cœur de Marseille : « Ramène ta mère à la Plaine ! »

Voici un exemple de fête de quartier / festival culturel autogéré, réalisé sans autorisation ni subvention, qui vient de se dérouler à Marseille le samedi 8 octobre 2011.

Cette journée s’est inventé grâce à un mouvement spontané d’habitants du quartier du Cours Julien et de la Plaine, ayant le désir de se réapproprier les rues pour y faire grandir des espaces de convivialités. En effet, de nombreuses associations de quartier, bien implantées, voient leur activité diminuée ou anéantie, faute de subventions et de soutien. Et en 2013, Marseille est censée devenir une capitale européenne de la culture : est-ce que cela se fera sans ses habitants ?
Pourquoi ?
1- Pour nous rappeler que l’espace public est le nôtre, et que nous pouvons faire grandir en lui l’espace d’une convivialité.
2- Pour apprendre ensemble ce que signifie véritablement une responsabilité collective.
3- Pour apprivoiser ce que peut vouloir dire encore aujourd’hui notre liberté d’expression.
4- Pour que les cultures populaires puissent vivre et coexister dans leur diversité : de nombreuses associations de quartier, bien implantées, voient leur activité diminuée ou anéantie, faute de subventions et de soutien. En 2013, Marseille est censée devenir une capitale européenne de la culture : est-ce que cela se fera sans ses habitants ?

Il était une fois…
50 personnes enjouées balayent le Cours Julien en ce samedi 8 octobre à 10h, nettoient la fontaine de ses déchets, posent moquettes et coussins, accrochent pancartes et sculptures aux arbres, partagent croissants et cafés, dans une belle humeur spontanée, sans se préoccuper des 3 véhicules de CRS garés deux rues à côté…
Voilà les prémices d’un attentat à la joie, réalisé sans subvention ni autorisation, en dehors des systèmes tortueux de l’administration… Attentat organisé par nous-mêmes, un collectif insensé qui a grossi au fil des mois, – de 2 à plus d’une centaine de personnes.
Collectif non cerné, non cernable, où chacun a ajouté sa touche à la volée, s’y mêlant et le quittant quand l’envie le piquait… ! Collectif autogéré, en système D, où partage, bienveillance et responsabilité collective ont fait naître une émulsion créative de fadas !!
 
Cela donne…
Un « espace peinard » où la crieuse égrène les lettres d’amour, poèmes et coups d’gueule écrits par les passants, un espace « il était une fois » où conteuses et conteurs font rêver petits et grands, une fanfare de cuivres qui fait danser les curieux, une « bouffe de rue » des mets les plus exquis qui rassasient les participants…
Une chorale qui enchante et fait rire, la Love Police « Messieurs Dames, contrôle d’identité ! Avez-vous vos sourires et vos bisous sur vous ? », un collectif de gestion des déchets et des mégots sur la place…, un lâché de clowns, des initiations aux danses folk, un troc de fringues, des gamins qui courent partout et repeignent de couleurs le goudron gris de la cour, pas de stand d’alcool mais des tisanes de fleurs sauvages offertes gracieusement, des sketchs engagés puis une batucada qui nous entraîne jusqu’à la grande place de la Plaine pour danser !
Quelques CRS sont là. De loin, ils nous observent sans intervenir, peut-être même en prenant du plaisir ?
Et c’est dans une ronde immense, à la nuit tombée, au rythme des violons et accordéons, de pas de danse rythmés, enchantés, encore maladroits, que la soirée se transforme en un légendaire bal folk comme la cité phocéenne n’en a jamais vu !
 
 
Des moments festifs qui ont
rassemblé les générations
Gamins, parents et grands-parents, plusieurs centaines de personnes, ont été surpris et ravis de cette initiative collective en marge des fêtes organisées à gros sous. Au fil des heures, de nouveaux artistes venaient investir la place, le programme préétabli s’assouplissant pour permettre à tout un chacun d’avoir sa place et de co-créer l’évènement !

 
Et ce n’est qu’un début…
A travers cette action nous n’avons pas agi contre un ordre, mais pour une vie collective riche de sens. Nous espérons susciter la ré-appropriation de l’espace public par ceux qui l’habitent !
« Ramène ta mère à la Plaine », c’est le rêve de 2 personnes, qui a résonné chez d’autres pour s’amplifier, se transformer et devenir réalité, en un acte d’une joyeuse résistance collective.

Redécouvrons ensemble que nous avons les moyens d’engager des initiatives pour changer le monde à partir de là où nous sommes !!

Retrouvez bientôt plus d’infos ainsi que des photos de la journée sur : http://lajavadespirates.free.fr

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