Un monde fait de convergences

Au mois de décembre 2004, le tsunami survenu en Asie du Sud-est dévastait principalement l’Indonésie, le Sri Lanka, l’Inde, la Thaïlande et les Maldives. La réaction internationale dépassait alors les espérances les plus folles. Rien qu’en Suisse, la chaîne du bonheur récoltait en un temps record quelques 190 millions de francs suisses auprès de particuliers. Jamais telle solidarité n’a été suscitée pour aucune autre cause humanitaire. L’ampleur de cette entraide répond aujourd’hui à une catastrophe où plus de 280 000 victimes sont recensées un mois après le désastre- chiffre, malheureusement, encore provisoire. Dans ce marasme, la Suisse a donc répondu par un élan de solidarité inégalé, tout comme le reste du monde. A croire que la générosité appelle la générosité.
 
Si la couverture médiatique de l’événement « tsunami » a joué un grand rôle dans le succès de la récolte de fonds, l’accessibilité de ces pays au grand public sur le plan touristique constitue toutefois un facteur prédominant de cette « réussite ». A la suite de l’émulation affective où le populisme se mêle aux bons sentiments, on en viendrait presque à espérer qu’un déclic se soit produit et les derniers doutes levés. Un vrai changement est souhaité. La dette mondiale serait définitivement revue à la baisse, voire abolie. Une réelle solidarité internationale se substituerait à la logique implacable de l’économie de marché ; une utopie deviendrait réalité.
 
Qui y croit vraiment ? Lors de la surenchère de dons, bon nombre de gouvernements n’ont pas lésiné sur leurs déclarations tapageuses à l’image d’un Colin Powell outrancier. Comment pouvait-il affirmer avec sérieux une semaine après le désastre que les Etats-Unis offraient plus de 300 millions de dollars et qu’ils démontraient ainsi leur générosité? Pire encore, comment pouvait-il espérer en Indonésie que les islamistes se souviennent de ce geste comme étant garant des vraies valeurs des Etats-Unis et surtout de leur ouverture ? Parlons plutôt de retour sur investissement. Qui a dit que l’image n’est pas un capital.
 
Et pourtant, deux forums, Porto Alegre et Davos, l’un altermondialiste et lobbyiste, l’autre sélectif, s’achèvent après avoir (re) dessiné les lignes directrices d’un monde économique globalisé. A vrai dire, le forum social mondial de Porto Alegre s’est toujours escrimé à parer les velléités hégémoniques du World Economic forum de Davos. Enfin jusqu’alors car aujourd’hui le discours de ces deux rendez-vous convergent. Il est bel et bien question de rentrer en matière lorsque l’on relate la dette mondiale, de réduire les disparités sociales et économiques de notre planète, de taxer les transactions financières. Les objectifs du millénaires (http://www.humanitaire.ws/plus_info.php?idnews=138 )de l’ONU pourraient peut-être se réaliser à terme (Ndlr. : soit en 2015). Des espoirs gonflés à l’idée que l’année 2005 représente celle du micro-crédit.
 
Les questions demeurent toutefois. Peut-on décemment espérer des puissances économiques qu’elles s’engagent à mieux redistribuer les richesses ? Peut-on encore espérer des gouvernements des pays du Sud qu’ils prennent leurs responsabilités en utilisant l’argent dégagé par ces mesures pour l’ensemble des populations sous leur férule, et cela sans le détourner au profit de privilégiés? Un Autre monde- meilleur en l’occurrence- suppose bien des changements. Au Nord comme au Sud.
 
Olivier Grobet

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