E-CHANGER au Brésil . « Renforcer le paradigme d’une coopération réellement solidaire »

Depuis janvier 2017, E-CHANGER (E-CH) a relancé son programme historique au Brésil. On trouve à la tête de ce programme le théologien et éducateur populaire Djalma Costa, lié au mouvement depuis 20 ans. Costa est en outre coordinateur du Centre de défense des droits des jeunes et des adolescents d’Interlagos (CEDECA Interlagos) à São Paulo et personne de référence pour notre organisation partenaire Novo Movimento. Interview

Q : Que signifie pour vous le fait de reprendre la coordination du programme E-CHANGER au Brésil, dès janvier 2017 ?

Djalma Costa (DC) : C’est une grande joie. Cela implique la possibilité de continuer à promouvoir une coopération construite de manière commune avec les partenaires. Cela montre que la solidarité entre le Nord et le Sud est forte et toujours possible, lorsqu’il existe une réelle conviction.

Q : Quel est le plus grand capital hérité de la présence d’E-CH dans votre pays depuis plus de 25 ans ?

DC : Son énorme crédibilité. Dès le début, Frères sans Frontières (FSF), puis E-CH, ont eu une relation forte et horizontale avec les partenaires. Ceux-ci participaient toujours aux propositions et aux définitions du programme lors de chaque étape. Ils nous ont toujours transmis leurs certitudes, leurs expériences et leurs projets, comme mouvements sociaux et comme acteurs essentiels de la société civile brésilienne. Cela donne une grande force à cette identité d’une coopération réellement solidaire de la part d’E-CH.

Q : Au cours des dernières années, ces mêmes partenaires avaient manifesté leurs inquiétudes par rapport à l’identité d’E-CH…

DC : Effectivement. Les partenaires brésiliens ont appuyé E-CH, lorsqu’ils ont eu connaissance de l’alliance construite en Suisse avec d’autres ONG, basée sur l’hypothèse de renforcer ce type particulier de coopération par l’échange de personnes. Mais ils ont conditionné leur confiance à l’existence même d’E-CHANGER comme acteur social en Suisse. Cela signifiait qu’E-CH continuait à être protagoniste d’un type de coopération opposé à la vision traditionnelle, verticaliste, de transfert de valeurs. E-CH remet en cause le modèle néo-libéral, incompatible avec un développement planétaire durable, équitable et solidaire. Les partenaires brésiliens ont donc enregistré avec préoccupation certains signaux qui leur parvenaient depuis la Suisse. Cela explique pourquoi, lors de la dernière rencontre nationale entre partenaires et coopérant-e-s, tenue à Manaus en mai 2015, ceux-ci se sont prononcés en faveur de la reprise par E-CH de son propre programme, fondé sur ses valeurs historiques, bien que ce dernier soit plus réduit et modeste qu’auparavant.

Q : Vos priorités pour 2017 ?

DC : Remettre la maison en ordre. Assurer que le nouveau programme 2017-2020 soit installé tranquillement. Ces prochains mois, nous devons reprendre la relation privilégiée et historique avec nos partenaires et nous centrer sur un apport à leur renforcement institutionnel. Les mouvements sociaux brésiliens, en général, et nos partenaires, en particulier, vivent un moment très difficile, un moment de fragilité. Ils sentent la menace d’un Etat ayant rapidement changé de perspective après le coup d’Etat parlementaire de l’année passée. Comme le relèvent des personnalités qui ont toujours été des amis d’E-CH – comme les théologiens Leonardo Boff et Frei Betto – aujourd’hui les organisations sociales sont criminalisées et chaque jour davantage poursuivies. Je pense que la décision de débuter en 2017 avec des coopér-actrices/acteurs nationaux est cohérente. Mais sans perdre de vue la présence future de coopérant-e-s suisses, qui constitue l’axe central de la coopération impulsée par E-CH.

Propos recueillis par Sergio Ferrari

Traduction: Hans-Peter Renk

Texte complet de l’interview www.e-changer.org

 

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