Kaboul, Afghanistan, Mardi 18 novembre 2008 : Le retour des réfugiés afghans depuis 2002 représente la plus grande opération de rapatriation jamais menée au monde, avec près de 5 millions de retournés (estimés), alors que des millions d’Afghans demeurent encore au Pakistan et en Iran. L’Afghanistan doit faire face aujourd’hui aux défis immenses que représentent les besoins des populations retournées, afin de leur assurer des conditions de retour minimum.
Le Ministère afghan des affaires étrangères et le HCR en Afghanistan vont présider, mercredi 19 novembre 2008, une Conférence internationale sur la question des retournés et des rapatriés. La Conférence a pour objectif de parvenir à un consensus autour des questions politiques, sécuritaires, économiques et sociales qui devront être traitées de manière prioritaire afin de permettre la poursuite des efforts en matière de retour et de réintégration des réfugiés afghans. La Conférence vise notamment à obtenir des engagements financiers afin de couvrir les besoins budgétaires liés à la mise en œuvre du processus de réintégration des réfugiés entre 2009 et 2013, en lien avec la Stratégie afghane de développement national.
Malgré la plus grande opération de retour de réfugiés jamais menée -plus de 5,5 millions de personnes sont revenues en Afghanistan entre 2002 et 2008 -, près de 3 millions d’Afghans sont toujours en exil au Pakistan et en Iran. La plupart des réfugiés retournés se retrouvent aujourd’hui sans terre. Les Schémas d’allocation des terres (Land Allocation Schemes) initiés par le Ministère afghan pour les réfugiés et les retournés depuis 2005 visent à distribuer des terres publiques vierges et inutilisées aux retournés et déplacés internes sans terre pour la construction de leur maison. Or, le bilan de ces expériences n’est pas encore probant, nombre de maisons étant aujourd’hui inoccupées. Pour Ziggy Garewal, Directeur pays d’ACTED en Afghanistan, « ces Schémas d’allocation des terres peuvent potentiellement couvrir la plupart des besoins des réfugiés-retournés ; mais seulement si une stratégie complète est mise en place et suivie. Les erreurs et échecs des Schémas d’allocation des terres doivent être identifiés et reconnus afin de permettre la mise en œuvre de nouvelles étapes susceptibles d’apporter des solutions pérennes et efficaces pour les retournés. »
L’allocation de fonds par le budget national afghan ne peut garantir seule le retour des réfugiés ; c’est surtout la situation générale en Afghanistan, l’un des pays les plus pauvres au monde malgré des efforts de développement depuis 2002, qui doit évoluer. « Le gouvernement s’est engagé dans une démarche autour des coûts liés aux efforts matériels pour venir en aide aux retournés, avec une attention particulière en matière de santé, d’éducation, de soutien aux moyens de subsistance et avec les Schémas d’allocation des terres, qui doivent contribuer au retour durable des populations. Néanmoins, sans amélioration de la situation sécuritaire, les réfugiés vont continuer à refuser de prendre le risque de revenir en Afghanistan », confie pour sa part Khial Shah, Directeur exécutif de l’Agency for Rehabilitation and Energy Conservation en Afghanistan.
En outre, le coût estimé du retour à l’avenir des réfugiés ne tient pas compte des 5,5 millions d’Afghans qui sont déjà rentrés en Afghanistan depuis 6 ans et qui se sont regroupés dans les principaux centres urbains et dans des camps spontanés plutôt que de revenir dans leurs localités d’origine. « Nous accueillons favorablement cette Conférence qui va traiter des besoins auxquels il faut remédier afin de permettre une réintégration durable des futurs réfugiés, mais le gouvernement afghan et la communauté internationale ne doivent pas pour autant oublier les besoins des millions de réfugiés qui sont déjà revenus en Afghanistan et qui n’ont pas pu encore se réinstaller correctement. Ces populations demeurent encore dépendantes du soutien de leurs proches et des membres de leurs communautés », estime quant à lui Niamh Murnaghan, le Directeur régional du Norwegian Refugee Council.
La participation du Pakistan et de l’Iran à la Conférence de demain est vitale car ces deux pays accueillent encore officiellement respectivement 1,75 million et 1 million de réfugiés afghans. « Les pays voisins de l’Afghanistan ont fait preuve de bonne volonté envers les réfugiés afghans depuis 3 décennies. En ces temps de troubles régionaux économiques, politiques et sécuritaires, le maintien de cette bonne volonté, encore affichée par les gouvernements de ces deux pays, est essentiel pour assurer la sécurité, le bien-être ainsi que la dignité des réfugiés afghans », ajoute Ciarán Donnelly, Directeur pays de l’International Rescue Committee en Afghanistan.