The Business of giving

La plupart d’entre vous auront déjà lu ou entendu les nouvelles: d’abord que Warren Buffet, un des meilleurs  et plus riches gestionnaires du monde la finance, vient d’annoncer qu’il donnerait 46 milliards de francs suisses à la fondation Bill et Melinda Gates. Ensuite que Bill Gates lui-même se retirerait de ses fonctions opérationnelles chez Microsoft pour se consacrer à sa fondation.
 
La fondation Bill Gates a essentiellement pour objet de soutenir des projets liés à la santé et à l’éducation.
Si Bill Gates se consacre entièrement à sa fondation, c’est probablement pour « faire le bien », motivé par plusieurs raisons telles que celle de payer moins d’impôts, de ne pas laisser trop d’argent à ses enfants, de développer économiquement des pays pauvres pour y créer un marché où les consommateurs seront ses futurs clients, mais aussi tout simplement de donner. Il a gagné, il va donner. Il veut montrer que les riches qui connaissent la valeur des choses peuvent être généreux.
 
Bill Gates étant un vrai business man, il va mettre encore un peu plus de « business » dans le monde humanitaire.
Est-ce bon pour ce monde humanitaire ?
Cela me rappelle des cours de sciences politiques où l’on apprenait le sens du « service public ». On nous expliquait que certaines tâches, comme la santé, l’éducation ou les routes, non rentables, devaient être assumées par l’Etat qui, seul avait les moyens de le faire. On nous disait aussi que seul l’Etat savait bien gérer ces tâches car lui seul savait ce qu’il était bien de faire pour rendre accessibles à tous des services auxquels tous ne pouvaient pas accéder. Maintenant, beaucoup de ces tâches sont privatisées, et cela ne va pas forcément plus mal pour le citoyen.
 
Alors, peut-on « privatiser » une partie de l’aide au développement et de l’aide humanitaire ?
 
Pour Bill Gates et Warren Buffet, il s’agit de « philanthropy business » ou « business of giving » : les pays pauvres ont besoin d’être aidés et aider les pays pauvres est bon pour le business.
–          Les aides publiques sont indispensables, mais souvent difficiles à mettre en oeuvre de manière efficace, et donc critiquées. La corruption amoindrit les résultats des actions.
–          Certaines méthodes de gestion utilisées dans les entreprises privées peuvent l’être dans les organisations d’aide au développement à but non lucratif.
–          La « responsabilité sociale des entreprises » conduit souvent les entreprises à mettre en place des programmes d’aide au développement, qui sont souvent efficaces à court terme, mais pas toujours à long terme, et souvent critiqués pour les habitudes de consommation excessives qu’ils génèrent et pour la naïveté avec laquelle ils sont parfois menés. Mais ils sont perfectibles et cela vaut la peine de le faire
–          L’image d’une entreprise compte énormément pour sa valorisation auprès de l’opinion publique et des consommateurs. Or aider confère une bonne image.
 
Finalement, nous allons certainement vers ce « business of giving ».
Si Bill Gates s‘y met, il faudra s’y faire.
La philanthropie peut faire toutes sortes de choses que les gouvernements ne parviennent pas à faire.
Libérés des pressions politiques, des considérations électorales et de l’opinion publique, les philanthropistes peuvent s’attaquer à des causes qui sont impopulaires ou négligées. Ils peuvent innover en promouvant des moyens qui ne sont pas utilisables par d’autres.
 
La philanthropie de nos parents, parfois mal gérée, inconstante et émotionnelle, devrait laisser la place à une philanthropie gérée comme un business : on dépense pour aujourd’hui, mais on investit pour demain en pensant que son investissement doit rapporter, même si c’est dans 20 ans.
On sauve les enfants aujourd’hui, et on les  éduque pour demain.
On soigne aujourd’hui pour demain.
Dans beaucoup de cas, on prête au lieu de donner.
Le donateur fait plus que simplement donner. Il apprend comment utiliser pour l’avenir.
 
www.gatesfoundation.org
 
Marie Valentine Florin
mv@florin.ch

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