Après le politicien Al Gore, qui n’a pas hésité à s’exposer avec des histoires – même très personnelles – pour relancer une vérité qui dérange, c’est au tour d’un économiste de réputation mondiale de nous alerter à propos du changement climatique : Sir Nicholas Stern.
Chargé par le gouvernement Blair d’enquêter sur le coût économique du réchauffement climatique, Sir Nicholas Stern était en 2000 le successeur de Joseph Stiglitz au poste d’économiste en chef de la Banque mondiale. Il est aujourd’hui directeur du budget et des finances publiques du Trésor britannique. Le choix de faire parler un économiste n’est pour une fois certainement pas anodin. C’est peut-être en utilisant le même langage – le langage des chiffres – que l’on peut atteindre les entreprises qui avaient jusqu’alors fait la sourde oreille. Et des chiffres liés aux conséquences économiques et biensûr humaines, Sir Nicholas Stern les a bien produits. Son rapport de plusieurs centaines de pages nous incite à prendre des mesures immédiates pour prévenir des dommages économiques à échelle planétaire.
La liste qu’il a dressée n’a rien d’inédit : risques d’inondations dû à la fonte des glaciers, tarissement des sources d’eau, chute des rendements agricoles spécialement en Afrique, famines, résurgence de parasites, 200 millions de réfugiés climatiques en 2050, 40% des espèces menacées d’extinction, le climat devenant plus extrême. Des assureurs, des ONG et les Nations unies recensent aussi les risques auxquels l’indifférence et notre vision à court terme nous exposent : effondrement du marché de l’immobilier, explosion du coût des assurances, guerres civiles dans les Etats les plus fragiles.
Une fois de plus, les pays les plus pauvres seront les premiers exposés.“Les vagues de chaleur semblables à celle qu’a connue l’Europe en 2003, entraînant la mort de 35 000 personnes et des pertes de 15 milliards de dollars pour l’agriculture, seront monnaie courante au milieu du siècle”, prévient Stern. Selon les calculs de Stern, le coût du changement climatique atteindrait 5 500 milliards d’euros pour l’économie mondiale si les gouvernements ne prennent pas des mesures radicales au cours des 10 prochaines années: “Si nous ne faisons rien, chaque tonne de CO2 émise aujourd’hui occasionnera 85 dollars de dommages.”
Quelles sont les options ? Une prise de conscience immédiate et un changement tangible sur le terrain de la part de tous les acteurs : citoyens, entreprises et gouvernements à échelle globale.
Quelques solutions :
Réduire les biens et les services polluants.
Investir massivement dans les énergies renouvelables.
Mettre en place des politiques institutionnels crédibles qui favorisent l’efficacité énergétique et la réduction d’émissions de CO2 de 30% jusqu’en 2020 et 60% jusqu’en 2050.
Oser des comportements différents.
Evaluer avant chaque investissement, production de biens et services leurs impacts sur l’environnement et la nature.
Compenser les émissions de CO2 ‘inévitables’ avec des projets de offsets (voir article ‘Voyages qui traînent’).
Et si nous déclarions un jour par semaine la Journée en Harmonie avec la Planète? Le dimanche, le vendredi ou le samedi selon les différentes traditions, était le jour de repos, en famille, dédié à une promenade. Si tout le monde laissait son véhicule au repos une journée par semaine, ce serait bénéfique pour notre santé ainsi que pour la planète. Avec un coup de baguette nous pourrions baisser d’un septième nos émissions de carbone dans l’atmosphère. Trop demander ?
Lutter contre ces émissions coûte beaucoup moins qu’attendre que des remèdes technologiques miracles nous tombent sur la tête. Le changement climatique était jusqu’à dernièrement perçu à tort comme une “simple” question d’écologie. Il devient LA question politique et économique du siècle.
Nicole Voillat
www.convergence-durable.org