10 ans après ses débuts l’UMP-BA compte aujourd’hui une douzaine de projets tant au niveau de la construction de quartier que de l’urbanisation de favela. Les nouveaux programmes du Gouvernement Fédéral semblent mieux pensés et vont probablement s’achever avant ceux qui ont débuté en 2004 sous les hospices du Crédit Solidaire.
Que va devenir le projet habitationnel du Crédit Solidaire des 236 familles de Paripe ?
Depuis que nous sommes arrivés au Brésil, on vous relate les aventures de Paripe qui semble être un jeu de l’oie en 3D avec ces avancées, et ses nombreux retours à la case départ entre les invasions, l’argent non libéré, les nombreuses grèves institutionnelles et j’en passe. Alors la question principale se pose : que va devenir le projet de Paripe et quand ce périple va-t-il prendre fin ? Nous n’avons malheureusement pas de réponse exacte. Nous savons tout de même que l’União ne lâchera pas l’affaire et qu’elle est bien déterminée à poursuivre son combat pour arriver à ses fins. Nos collègues continuent leurs nombreuses démarches auprès du Gouvernement et tente de trouver la bonne porte de sortie. Encore une fois, nous partageons notre vécu et le quotidien des acteurs de ce projet, cette fois-ci sous forme d’un roman photos avec quelques moments clefs des évènements du semestre passé.
Juin, juillet et Août 2010, Ce n’est malheureusement pas encore des briques qui s’empilent sur le terrain de Paripe pour former les édifices tant attendu par les 236 famille, mais bien encore des piles de papiers bon marché fabriqué en masse avec l’eucalyptus des plantations qu’on appelle ici avec tristesse « le désert vert ». Ironie du sort, petite revanche, appelons cela comme nous le voulons, toujours est-t-il que pendant que l’équipe de Gestion court contre le temps avec toutes les démarches bureaucratiques pour que le chantier puisse redébuter, la nature semble reprendre ces droits sur le chantier de Paripe.
Août 2010, remise des nouveaux contrats signés par tous les acteurs. Les familles attendent que la Caixa Econômica Federal libère le reste du financement bloqué depuis septembre 2009 pour redémarrer le chantier. Cette fois-ci, dans les nouveaux contrats, l’emplacement de la maison de chacun est indiqué. Cette information provoque une nouvelle difficulté. Certains futurs habitants refusent d’habiter dans la zone la moins avancée du chantier et aussi la plus dégradée pour cause des pluies de l’hiver dernier. L’União fait face à une nouvelle crise et tente de résoudre le problème du mieux possible, sachant que la meilleure solution serait de terminer les constructions le plus vite possible. Décembre 2010, une partie du financement est enfin libéré par la banque, le chantier reprend son cours. Lors de l’additif de contrat, la Caixa Econômica Federal, bailleur de fond du projet, a augmenté l’enveloppe budgétaire de 1 million et cent mille reais alors que l’ingénieur et la commission de gestion du chantier représentant l’intérêt des familles avaient demandé 1 million sept cent mille reais. A cela s’ajoute les difficultés liées au blocage de l’argent pendant plus d’un an. Les travailleurs engagés par l’UNIÃO n’ont pas pu être payés, ni licenciés, faute de moyens. Une plainte aux prud’hommes a été donnée et 350 000 reais a été dévolu aux employés alors au chômage technique. De 1 700 000 reais sollicités, il ne reste donc plus que 750 000 reais disponibles ; il manque au final plus d’un million pour finaliser le chantier. Conscients du problème, les dirigeants de la Caixa Econômica Federal ont décidé de réévaluer les coûts du projet pour effectuer le 40% manquant de la construction et se base sur une loi de réalignement de prix pour réajuster le budget du projet. Autre possibilité envisagée, le Gouvernement de l’Etat de la Bahia pourrait financer en contrepartie toute l’infrastructure du projet, ce qui permettrait de réorienter l’argent existant uniquement au niveau de la construction des maisons, ce qui rendrait solvable le chantier. Au final de quoi, nous sommes plus qu’optimistes dans l’idée qu’en 2011, les maisons du quartier de Paripe peuvent être remises auprès de leurs propriétaires respectifs.
2011 semble prendre une direction constructive…
Tout le Brésil est en route et semble plus que déterminé pour donner un aspect nouveau au pays avant 2014, date butoir puisque le monde entier va se tourner vers lui le temps d’un simple jeu de ballon. Depuis l’arrivée au pouvoir de Dilma Rousseff en 2011, le mot d’ordre est: terminer les chantiers de logements sociaux qui sont en cours avant de recommencer de nouveaux projets. Il faut bien admettre qu’en 8 ans de gouvernance, le PT a réussi à transformer le pays en chantier à ciel ouvert tant et si bien que les prix des matériaux de construction flambent, que la main d’oeuvre qualifiée se fait rare, que le manque de terrain disponible pour la construction incite les politiques et constructeurs à « verticaliser » le paysage urbain par le truchement de gratte-ciels profitant en majorité à la classe moyenne émergeante. La politique consensuelle du PT a permis de surmonter la crise financière en investissant tant dans des constructions de logements sociaux que dans des ensembles résidentiels de standing permettant à la construction civile d’agir comme un levier sur la croissance du pays.
Profitant de ce contexte politique favorable aux projets de construction et de réforme de quartiers populaires, après 10 ans d’existence, l’União Bahia pour l’habitat populaire a acquis plus de 12 projets habitationnels rattachés au Gouvernement dans toute la Bahia. Les frontières s’agrandissent : le plus grand nombre de projets reste dans la capitale, Salvador (6 projets et le siège du mouvement), mais d’autres projets sont prévus pour des municipalités bahianaises qui rencontrent le même type de difficultés lié au déficit et aux conditions habitationnels comme Feira de Santana, Itiuba et Senhor de Bonfim. L’UMP-BA se doit de faire un grand travail d’articulation pour réussir son défi. On compte à ce jours environ 1500 familles qui devrait obtenir une maison, dans les années à venir et deux zones d’environ 200 000 habitants chacune qui devraient obtenir des meilleures conditions de vies grâce au projet Dias Melhores combinant intervention physique et travail social.
Construction de l’âme du quartier : les futurs habitants se mettent en route…
Comme pour les projets habitationnels du Crédit Solidaire de Paripe et d’Estrada Velha, des activités sociales pour les nouveaux projets de l’União sont prévues pour faciliter la construction de la communauté. Comme le dit l’expression : ce n’est pas l’apparence qui compte mais bien ce qui est à l’intérieur. Certes, l’União défend le droit au logement décent pour tous, mais elle croit aussi à la possibilité de construire une autre forme société. Pour cela, des formations et des activités sont offertes aux familles afin d’apporter une réflexion sur leur droits et devoirs en tant que citoyen, comment ils souhaitent vivre en communauté, quel est leur projet commun et comment ils vont se mettre en route pour obtenir les infrastructures qu’ils auront besoin dans leur nouveau quartier. Comme par exemple une école, un accès aux transports publiques, un espace de vente genre petits commerces… Ces activités sont aussi pensés pour que les familles se rapprochent dans de bonnes conditions afin d’éviter d’éventuels conflits de voisinages pour le futur. Depuis cette fin d’année, une petite équipe de travailleurs sociaux, constituée par Marli, Consuelo et Claire sont allées à la rencontre des bénéficiaires pour commencer ces actions sociales à Feira de Santana dans le cadre du Projet de Minha Casa Minha Vida de Mangabeira pour 300 familles. Les actions ont également débuté auprès des 260 familles du projet Minha Casa Minha vida de Cabula à Salvador.
Nouveau projet de construction sous le regard attentif des futurs habitants
Dans le cadre des activités sociales, une visite des futures bénéficiaires a été organisée sur le chantier du projet Minha Casa Minha Vida de Mangabeira. L’ingénieur prend le temps de répondre à toute une liste de questions préparée avec soin par les futurs bénéficiaires enthousiasmés à la vue de ce qui se concrétise. Le rêve se matérialise petit à petit. La joie se lit dans les visages, les familles réalisent et s’imaginent déjà dans les murs de leur maison, on entend des réflexions du genre : « crois-tu que ma table serait mieux dans le salon ou dans la cuisine ? », « vu la rapidité de l’avancée des travaux, ça mérite peut-être déjà qu’on inscrive les enfants dans une école plus proche du nouveau quartier… ». 300 unités de 40 m2. Les familles auront entre 10 et 15 ans pour rembourser le prêt, à raison de 50 reais par mois (30 francs suisses). La moitié des travaux de construction a été effectuée en 5 mois seulement. On prévoit la remise des cléfs pour septembre 2011 « Se Deus Quiser » pour autant qu’on ne rencontre pas quelques embûches incontournables et toujours aussi imprévisibles, espérons que le vent soit favorable ! A savoir aussi que pour les projets habitationnels de Minha Casa Minha Vida, une maison coûte entre 40 et 50 mil reais. Par contre, dans le cadre du projet habitationnel du crédit solidaire, qui est le cas de Paripe, une maison coûte 22 mil reais. Il n’y a pas besoin d’être fort en calcul pour se rendre compte de l’écart qui existe entre le budget initial et les besoins réels en terme de dépense et par conséquent les difficultés que l’União rencontrent pour faire aboutir cette œuvre
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