Analyse participative et qualitative d’identification des effets de la coopération par l’échange de personnes (CEP) – Résumé exécutif

 Démarche

Dans le cadre du programme institutionnel (PI) 2021-2024, chaque organisation membre (OM) d’Unité est tenue de réaliser une « analyse participative et qualitative » des effets de son programme, avec un focus porté sur un pays d’intervention. Dans le cas d’E-CHANGER, organisation se présentant comme un mouvement de solidarité internationale, actif au Burkina Faso, au Brésil, en Bolivie et en Suisse, le focus a été porté sur le Burkina Faso.

Un total de 6 organisations partenaires (OP) d’E-CHANGER ont participé à l’étude : ARFA, Baobab, CNABio (ODD n° 2), ABAPE, Balai Citoyen, CEFISE (ODD n° 16). En premier lieu, ont été mené à Ouagadougou deux ateliers de « niveau 1 ». L’un avec les OP actives dans l’objectif du développement durable (ODD) 2, c’est-à-dire la sécurité et la souveraineté alimentaire, un autre avec les OP actives dans l’ODD 16 représentant la défense des droits humains. Ensuite, un atelier de « niveau 2 » réunissant toutes les OP a été tenu. Des entretiens approfondis ont été réalisés avec des participant-e-s aux ateliers lors de ce séjour au Burkina Faso. Enfin, un atelier de « niveau 3 », réalisé au siège d’E-CHANGER à Lausanne avec la participation, notamment, des coordinations du Brésil, de la Bolivie et du Burkina Faso a clôturé la démarche.

Cette étude avait pour objectifs d’identifier les résultats principaux issus de la coopération par l’échange de personnes (CEP) réalisée par E-CHANGER (sous forme d’outputs, outcomes, impacts), la manière dont ces derniers ont été atteints, et les leçons apprises et recommandations pouvant en être tirées. Une question transversale portait sur la manière dont le programme s’est adapté aux changements intervenants dans le contexte d’intervention en l’occurrence la crise économique, politique et sécuritaire que traverse le pays.

Principaux résultats et réflexions

L’analyse a mis en évidence différentes catégories d’outputs issus des actions directes des coopér-acteurs/trices. Une catégorie majeure, retrouvée dans toutes les OP, est celle du renforcement des capacités organisationnelles et administratives, issue des affectations en fonction support. Ces fonctions sont par exemple liées à l’administration, la gestion financière et comptabilité, la communication, la recherche de financement, la capitalisation d’expériences et le suivi-évaluation. Un renforcement des capacités méthodologiques et techniques est également relevé, avec notamment de meilleures compétences en montage et gestion de projet. D’autres outputs, variables selon les OP, ont pu être identifiés. Concernant les outcomes, une distinction a été faite entre les changements en lien direct avec les résultats induits par le-la coopér-acteur/trice (appelés effets) et les changements plus discrets, non liés au cahier des charges de la personne en insertion (appelés incidences).

Parmi les effets, un renforcement des compétences opérationnelles et des compétences en suivi-évaluation a pu être identifié.

Concernant les incidences, elles sont très nombreuses et ont été regroupées en trois catégories :

  • Des changements de vision sur le travail réalisé, induit par un nouveau regard, externe, permettant parfois de faire la distinction entre vie privée et vie professionnelle.
  • Des adaptations de méthodes de travail, là aussi grâce à un œil externe, qui interroge les pratiques quotidiennes.
  • La naissance d’esprits d’équipe, grâce au renforcement de la collaboration entre le personnel des OP.

Ces incidences dépendent notamment de la légitimité des coopér-acteurs/trices, qui ne s’acquiert pas de la même manière selon qu’on soit coopér-acteur/trice national-e (CAN) ou suisse (CA).

Concernant les impacts, ils ont été analysés en tenant compte du modèle d’effet à trois niveaux d’Unité.

  • Au niveau d’effet 1, c’est-à-dire au niveau de l’organisation partenaire elle-même, les impacts sont très variables en fonction de l’axe d’intervention des OP.  Les principaux impacts relevés se situent au niveau de :
    • procédures nouvellement acquises, qui se sont institutionnalisées,
    • un climat de travail amélioré (plus sain et participatif).
    • l’accroissement du nombre de membres de la structure appuyée.
    • à noter également que dans le cas de deux organisations partenaires, un engagement d’un-e CAN par la structure d’accueil en fin d’insertion a pu être réalisé.
  • Au niveau d’effet 2, concernant les bénéficiaires des OP, des impacts divers ont pu être identifiés, dont le renforcement de la prise en charge des enfants et l’autonomisation de groupements de femmes.
  • Finalement, au niveau d’effet 3, c’est-à-dire au niveau systémique, un impact emblématique – parmi d’autres identifiés – a été l’adoption d’une stratégie nationale relative à l’agroécologie par les autorités burkinabè, vécue comme le fruit du travail du CNABio et de son processus de certification biologique. La création de cadres de concertation entre les acteurs de l’agriculture biologique dans le pays est également un acquis notable.

L’analyse a mis en évidence que l’atteinte des résultats et les effets des partenariats sont globalement très bons. La manière dont les résultats (outputs, outcomes, impacts) sont atteints est liée à la fois à des facteurs concernant les coopér-acteurs/trices eux-mêmes, notamment leurs capacités d’intégration, et aux OP, par exemple dans leur capacité à « absorber » les acquis engendrés par les insertions. La qualité du co-travail semble être un élément-clé.

En ce qui concerne les évolutions récentes du contexte burkinabé, E-CHANGER a adapté son programme de plusieurs manières. Les adaptations principales sont :

  • Le passage d’insertions de CA à des insertions de CAN
  • Le développement d’appuis élargis (terme explicité dans le rapport)
  • Le maintien du programme au Burkina Faso, et le report de l’ouverture d’un nouveau programme dans un second pays d’Afrique de l’Ouest bien que celui-ci ne soit pas lié uniquement aux défis contextuels)

L’analyse permet de confirmer l’importance des fonctions support, avec la nécessité de les « panacher » avec d’autres fonctions plus proches des bénéficiaires.

Elle met également en avant une bonne capacité d’adaptation d’E-CHANGER au contexte.

Analyse menée par Nicolas Jammet en collaboration avec Jean-Eudes Beuret sur mandat d’Unité Unité | Association suisse pour l’échange de personnes dans la coopération au développement

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