Appel international contre l’aide au développement alloué aux multinationales pétrolières

Nous, représentants des organisations de développement, d’environnement, des droits humains, des communautés et des droits indigènes, appelons les pays riches et les institutions internationales à arrêter l’utilisation abusive de l’aide au développement et des autres ressources publiques pour subventionner les activités des multinationales pétrolières. Ces subventions favorisent la surconsommation dans les pays riches, bénéficient à une industrie déjà hautement profitable et bien établie, et exacerbent de nombreux problèmes parmi les plus urgents auxquels l’Humanité doit faire face aujourd’hui. Il est temps d’arrêter l’aide au secteur pétrolier.
 
L’argent qui est supposé aider les populations des pays pauvres est au contraire utilisé massivement pour subventionner l’industrie pétrolière. Cette aide accroît les conflits et la pauvreté dans de nombreuses régions du monde et aggrave la dépendance à l’égard du pétrole et le changement climatique. La Revue des Industries Extractives de la Banque mondiale elle-même a appelé fin 2003 à l’arrêt du soutien au secteur pétrolier, en recommandant ceci: « Le groupe Banque mondiale devrait mettre fin aux investissements dans la production pétrolière d’ici 2008 et utiliser ses maigres ressources pour investir dans le secteur des énergies renouvelables… ». Malheureusement la Banque mondiale a choisi d’ignorer cette recommandation, et les banques de développement multilatérales continuent d’utiliser l’argent public pour subventionner les compagnies pétrolières.
 
A lui seul, le groupe de la Banque mondiale a accordé plus de 5 milliards de dollars à des projets d’extraction pétrolière depuis 1992, en n’allouant dans le même temps qu’une fraction minime de son budget énergétique aux énergies propres et renouvelables. En outre, dans le secteur pétrolier, plus de 80% des financements de la Banque mondiale sont alloués à des projets d’exportation vers le Nord. Ces projets n’ont pas pour but de réduire la pauvreté énergétique, mais d’assurer la santé financière des compagnies pétrolières et d’entretenir l’addiction pétrolière des pays riches.
 
Les agences de crédit d’exportation subventionnent également à hauteur de plusieurs milliards de dollars par an des projets d’extraction pétrolière et gazière et des oléoducs. Exxon Mobil a reçu plus d’un milliard de dollars des agences de crédit d’exportation depuis 1995, et d’autres compagnies, telles que Shell, Halliburton, BP , Chevron, Total et Repsol, ont reçu plusieurs centaines de millions de dollars de ces institutions agissant pour le compte de leurs gouvernements.
 
Les compagnies pétrolières bénéficient de cette « aide pétrolière » au moment même où elles enregistrent des profits records. Comme l’ont montré de manière croissante des recherches indépendantes, les compagnies pétrolières internationales retardent le développement des pays pauvres au lieu de le favoriser, en exacerbant les conflits et en poussant davantage les pays producteurs de pétrole vers les inégalités économiques. La dépendance accrue au pétrole a un impact disproportionné sur les pays les plus pauvres à une période de prix pétroliers élevés, réduisant d’autant les bénéfices des annulations de dette et nuisant à ces mêmes pays que les institutions internationales, comme la Banque mondiale, devraient aider.
 
Du fait de ces autres problèmes, il est désormais clair que subventionner les compagnies pétrolières ne représente pas une manière efficace ou justifiable d’utiliser l’aide publique au développement et tout autre financement public, qui sont limités. Mais le changement climatique a mis en lumière à un niveau jusque-là inégalé la crise découlant de notre addiction aux énergies fossiles. Les émissions de gaz à effet de serre des pays riches au cours du XXème siècle sont largement responsables des problèmes croissants posés par le changement climatique, mais ce sont les pays les plus pauvres du monde qui en subiront le poids disproportionné dans les prochaines décennies. En utilisant l’aide et l’argent public pour subventionner la croissance de la production pétrolière, les pays riches et les institutions internationales contribuent activement à exacerber le problème du changement climatique, sans s’attaquer au problème central de la pauvreté énergétique grandissante.
 
Mettre fin à l’aide au pétrole et soutenir des politiques énergétiques alternatives réellement soutenables serait une avancée importante vers la réduction de la pauvreté énergétique et la construction d’un nouveau futur énergétique. Pour cette raison, nous demandons l’arrêt de l’aide publique internationale aux compagnies pétrolières.
 
Soutenu par:
 
International:
African Forum and Network on Debt and Development, Based in Zimbabwe, Charles Mutasa
Central and Eastern Europe Bankwatch Network, Based in the Czech Republic, Petr Hlobil
Friends of the Earth Europe, Based in Belgium, Paul de Clerck
Friends of the Earth International, Based in the Netherlands, Janneke Bruil
Greenpeace southeast Asia, Shailendra Yashwant
Jubilee South, Based in Philippines, Lidy Nacpil
Oil Change International, Based in the U.S.A, Steve Kretzmann or Graham Saul
Oil Watch Sudamerica, Based in Ecuador, Ivonne Yanez
 
Austria:
GLOBAL 2000, Silva Herrmann
 
Azerbaijan:
Oil Workers Rights Protection Public Union, Sona Taghiyeva
Himayadar Humanitarian Organization, Himayat Rizvanqizi
 
Bangladesh:
Banglapraxis, Zakir Kibria

Belgium:
FERN – Belgium/UK, Judith Neyer

Brazil:
Coletivo Alternativa Verde – CAVE, Cesar Augusto Guimarães Pereira
PACS – Instituto Políticas Alternativas para o Cone Sul, Rio de Janeiro – Marcos Arruda
 
Cameroon:
Global Village Cameroon, Wirsiy Emmanuel Binyuy
 
Canada:
Halifax Initiative, Fraser Reilly-King
Sustainable Scale Project, Jack Santa-Barbara

France:
Amis de la Terre France, Gwenael Wasse
Helio International, Laura Williamson

Germany:
erlassjahr.de, Jurgen Kaiser
Urgewald, Regine Richter
World Ecology, Economy and Development (WEED), Daniela Setton

Ghana:
Foundation for Grassroots Initiatives in Africa, Yakubu Zakaria

Indonesia:
Yayasan Pelangi Indonesia, Nyoman Iswarayoga

Italy:
Campaign to Reform the World Bank, Antonio Tricarico or Elena Gerebizza

Japan:
Friends of the Earth Japan, Naomi Kanzaki
 
Kazakhstan:
Ecological Society Green Salvation, Sergey Solyanik
 
Kenya:
Solidarity Network Africa, Soren Ambrose
 
Malawi:
Citizens For Justice-(CFJ) Malawi, Reinford Mwangonde
 
Nigeria:
Community Research and Development Centre (CREDC), Etiosa Uyigue
Centre for Research and Action on Developing Locales (CRADLE), Richard Ingwe
Environmental Rights Action (ERA), Nnimmo Bassey
 
Poland:
Polish Green Network, Anna Roggenbuck
 
Russia:
Sakhalin Environment Watch, Dimitry Lisitsyn
 
Senegal:
African Forum on Alternatives, Demba Moussa Dembele
 
South Africa:
South Durban Community Environmental Alliance (SDCEA), Desmond D’Sa
groundWork, Bobby Peek
 
South Korea:
Citizens’ Movement for Environmental Justice, Su Jin Yim

Spain:
Deuda en la Globalización (Catalonia, Spanish State), Monica Vargas

Switzerland:
Berne Declaration, Andres Missbach
Alliance Sud, Bruno Gurtner

United Kingdom:
Bretton Woods Project, Lucy Baker
Corner House, Larry Lohmann
New Economics Foundation, Andrew Simms
Platform, Mika Minio Paluello
 
United States of America
Amazon Watch, Maria Lya Ramos
Bank Information Center, Bruce Jenkins
Friends of the Earth U.S., David Waskow
Jubilee USA, Neil Watkins
50 Years is Enough: US Network for Global Economic Justice, Sameer Dossani

Uzbekistan:
Center « Armon », Dilbar Zaynutdinova

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