L’une des conclusions du Forum de Davos 2006 est que l’évolution des pays en voie de développement change l’équilibre des forces dans le monde. Pour James Wolfensohn, ancien dirigeant de la Banque Mondiale, "il faut impérativement réparer les déséquilibres sociaux actuels sinon nous n’aurons pas une planète stable… " Du coup les dirigeants économiques présents ont appelé à plus d’engagement et de partenariats pour aider à atteindre les Objectifs du Millénaire.
Même si l’accent n’était pas mis sur la lutte contre la pauvreté et l’aide au développement, comme en 2005, le forum de Davos y a quand même consacré une partie de ses conclusions. Les Objectifs du Millénaire pour le Développement ont occupé une partie des débats, après les menaces de crise énergétique et les développements spectaculaires de la Chine et de l’Inde.
Les participants se sont appuyés sur un rapport du forum économique mondial mettant l’accent sur l’utilité de l’expertise des entreprises pour lutter contre la famine, l’absence d’éducation et des maladies comme le paludisme, pour appeler à la généralisation des partenariats publics-privés. " Les entreprises ont des aptitudes qui peuvent être appliquées au développement " a expliqué Richard Samans, directeur exécutif du Forum " Elles peuvent souvent s’avérer plus efficaces que la signature d’un simple chèque. Notre rapport indique des pistes à suivre pour qu’on fasse appel aux compétences de certains secteurs pour répondre aux besoins spécifiques du développement. "
Les propositions de service couvrent trois grands champs d’action : la lutte contre la faim, la promotion de l’éducation et la prévention essentiellement du paludisme.
En ce qui concerne la lutte contre la faim en Afrique, Antony Burgmans, président d’Unilever, a expliqué que les chefs d’entreprise se joignaient au combat via un plan d’action qui inclut des initiatives permettant aux petits agriculteurs de mieux vendre leur production grâce à l’amélioration des chaînes d’approvisionnement et à l’investissement dans des programmes de formation. L’industrie agroalimentaire a promis de faire des efforts pour fournir des semences et des fertilisants aux régions connaissant la famine, les distributeurs se sont engagés à garantir certains marchés à ces agriculteurs et à mettre en place des programmes de formation et les fabricants alimentaires doivent fournir des aliments de base contenant les oligo-éléments indispensables.
En ce qui concerne l’éducation, c’est l’industrie informatique qui veut apporter sa contribution. John Chambers, le patron de Cisco Systems a mis en avant les nombreux partenariats publics-privés que sa compagnie a montés en Jordanie, dans les Territoires palestiniens ou en Inde pour équiper les écoles de zones déshéritées en infrastructures informatiques et nouveaux programmes d’études et de formation des enseignants. " Un système éducatif efficace est un élément clef de la croissance et du développement du secteur privé " a -t-il ajouté, en précisant que seule la montée en puissance de partenariats publics privés dans ce domaine pouvait permettre d’améliorer le niveau d’éducation sur un plan mondial.
Enfin sur le paludisme, plus de 50 patrons de multinationales ont expliqué leurs stratégies. Elles ne se résument pas seulement au développement du marché des médicaments spécifiques, des moustiquaires et des recherches sur d’éventuels vaccins mais s’étendent à des politiques de limitation des impacts de la maladie sur les communautés locales. Les entreprises, citées dans le rapport, ont compris quels bénéfices elles pouvaient tirer de ces programmes qui leur permettent non seulement de préserver la santé de leurs employés mais aussi de développer de nouveaux marchés tout en gagnant un bénéfice d’image et en renforçant les liens avec les communautés locales.
En écho, les Nations Unies et les gouvernements, présents à Davos, ont confirmé que l’appui des multinationales était indispensable." Les objectifs du millénaire ne pourront être atteints sans engagement actif du secteur privé "a déclaré Kemal Dervis administrateur du « PNUD. C’est d’autant plus vrai que les Etats, réunis en sommet à New-York, en septembre 2005, n’ont pas été capables de prendre les engagements indispensables.
Extrait de www.novethic.fr (A.C.Husson-Traore)
Pour aller plus loin :
. Télécharger le rapport "Le potentiel des partenariats pour faire progresser la lutte contre la famine, le paludisme et l’analphabétisme, en anglais : http://www.weforum.org/pdf/Initiatives/Harnessing_private_sector.pdf
. http://www.weforum.org/