Fin 2010, de la fin du contrat liant l’UNIÃO et le Gouvernement de l’Etat de la Bahia à travers la Fondation AVSI a découlé toute une évaluation des différentes étapes du projet et de la mise en place des « opératrices sociales », équipe composée par des entités de la société civile brésilienne telles que l’UNIÃO. Garantissant la participation populaire, l’exercice de la citoyenneté, la mise en place du travail social et nouvel instrument de démocratie directe dans la gestion politique brésilienne, l’intérêt de continuer avec cette nouvelle « technologie sociale » s’est fait pressentir de toutes les parties. Dans une période de transition, le Gouvernement de l’Etat de la Bahia par le truchement du Département de Développement Urbain (SEDUR) a toutefois accepté de prolonger d’une année l’engagement liant les 4 opératrices sociales au projet Dias melhores 7344BR en les employant directement.
Un projet en transition
Dans le cas de la zone de Pau da Lima, une nouvelle équipe a été engagée par l’UNIÃO qui a donné une priorité à des personnes habitant la zone d’intervention. Patrícia, Raquel, Suzana, Gilmara et Jailde composent cette nouvelle équipe. De fait, les instances dirigeantes du projet admettent volontiers aujourd’hui que les « opératrices sociales » ont largement rempli leurs tâches et sont devenues indispensables à l’accomplissement du travail social. Cette dernière année équivaut à une dernière ligne droite pour le projet puisqu’il s’agit d’accomplir tous les objectifs fixés auprès de la Banque Mondiale, responsable du financement.
Le travail en perspective
Travail et revenu, Sécurité et cohabitation, développement social et renforcement institutionnel des entités dont le siège se situe dans la zone d’intervention ainsi que communication sociale sont autant d’axes de travail qui vont démultiplier une légion d’activités. D’une part, de nombreux cours sont prodigués auprès des différents leaderships : gestion sociale, gestion financière, associativisme, communication…D’autre part, l’Etat a mis au concours la possibilité pour les entités d’obtenir 200 heures auprès de consultants, l’acquisition de biens patrimoniaux et le financement nécessaire aux réformes des sièges des associations.
Le projet continue de donner une attention toute particulière aux zones d’interventions urbaines, notamment en conseillant plus de 200 entrepreneurs individuels dans la gestion de leur commerce. Le but avoué est bien évidemment réussir à faire en sorte que les futurs bénéficiaires du projet puissent payer les factures qui découleront de la régularisation de leur logement. Côté coopératives, nous nous attelons à renforcer quatre institutions : Coopartes, Flor da Mata, Cooperbrava et Arte Baroco. Une volonté qui a poussé l’équipe à élaborer un projet avec l’UNIÃO en ce qui concerne l’Economie Solidaire en participant au concours public du Département de l’Emploi, Travail, Revenu et Sport (SETRE) de l’Etat de la Bahia. Le but : développer un fond rotatif solidaire entre différentes coopératives et groupes de production en parallèle à différentes activités de formation continue, de cogestion et de planification d’actions stratégiques.
Le Plan Local de Développement Communautaire (PLDC) comme focus
Il va de soi que l’équipe garde bien en tête que son principal focus réside dans l’avènement du Plan Local de Développement Communautaire comme produit d’un processus de cogestion entre le Gouvernement et la Société Civile. Ce plan devrait amener de nombreux nouveaux projets dans la zone d’intervention/intégration que ce soit au niveau de l’habitation, de l’infrastructure, des contentions de terrains, l’assainissement du territoire, de nouveaux projets d’éducation, de culture et de loisirs, de santé publique, de transport, de sécurité et de génération de revenus … d’amélioration des conditions de vie dans son ensemble pour les communautés.
Souvent relégué au second plan par la nécessité de répondre aux objectifs du projet en cours, le PLDC regagne donc en intérêt aujourd’hui auprès du Gouvernement et de la Banque Mondiale qui redouble de curiosité quant l’application de ce plan au sein du Gouvernement, notamment à travers la mise en place d’autres projets par d’autres Départements de l’Etat et de la Préfecture.
De fait, nous travaillons d’arrache-pied pour constituer une commission de travail intersectorielle qui regrouperaient tous les Départements que le PLDC sollicite. De cette manière, l’articulation entre les différents Départements déboucheraient sur de nouveaux financements de projets à partir des demandes des communautés participant au programme Dias Melhores.
Au programme des prochains mois, le pré-forum et le Forum Local de Développement Communautaire auront lieu pour peaufiner et faire approuver le PLDC par toutes les entités autant de la société civile que des différentes instances du Gouvernement. La crédibilité du travail effectué en amont en ressortira grandi et permettra de fait d’engendrer de nouvelles interventions à partir de la consultation opérée auprès de la population. Autrement dit, le moment est crucial pour l’avenir de ces communautés et de cette nouvelle méthodologie en terme de travail social.
Le lancement officiel du Réseau des Entités et Groupes Organisés du Haut du Bassin de Pituaçu (REGOABAPI)
Conscients des enjeux politiques et entraves bureaucratiques, nous avons décidé de développer avec la société civile de Pau da Lima, São Marcos, Jardim Cajazeira, la Grande Sussurana, Vila Nova de Pituaçu, les ensembles résidentiels de São Rafael et les occupations de la Gal Costa un réseau social qui se nomme le Réseau des Entités et Groupes Organisés du Haut du Bassin de Pituaçu (REGOABAPI). Son objectif est de représenter les intérêts des communautés insérées dans le réseau dans le cadre de son développement territorial intégré. De fait, le réseau va travailler sur quatre axes : dialogue avec le Gouvernement et les institutions publiques en ayant une forte capacité de mobilisation, renforcement mutuel par l’échange d’expériences et de compétences, échange d’informations et mise en place de projets communs aux entités membres du Réseau.
Le 21 mai 2011, la REGOABAPI a organisé une solennité en présence de différents représentants politiques et communautaires. Parmi eux, Nelson Pellegrino, Député Fédéral et futur candidat du PT à la préfecture de Salvador, Olivia Santana, Conseillère municipale du Parti Communiste et une vingtaine d’autres personnalités garantissant la connaissance de la REGOABAPI auprès des instances dirigeantes tant au niveau du législatif que de l’exécutif. Avec cette visibilité, nous espérons atteindre les différentes strates politiques sans dépendre directement du Département du Développement Urbain et rester hors intrigues de partis politiques ou de campagnes électorales.
Participation de la REGOABAPI à la Planification PluriAnnuelle du Gouvernement de l’Etat de la Bahia
Gonflés par le succès de la solennité, une dizaine de leaders de la REGOABAPI ont participé à la planification pluriannuelle (2012-2015) du Gouvernement de l’Etat de la Bahia avec comme objectif implicite la remise d’un document de plus de 120 pages répertoriants toutes les demandes des communautés insérées dans la REGOABAPI. Un instant, l’espoir de voir enfin la périphérie de Salvador prise en compte dans ses demandes est à nouveau d’actualité et s’est lue dans l’expression des visages de chacun au moment de la remise de ce document, même si objectivement personne n’ose vraiment croire à une révolution du jour au lendemain. Nous avons tout de même réussi à remettre en mains propres ledit document au responsable du Département de la Planification, M. Zézeu Ribeiro, bien connu de l’UMP-BA.
La REGOABAPI, elle, s’organise dans ses premiers pas et a planifié son travail entre les tâches du Conseil délibératif, de son Secrétariat Exécutif, de ses commissions thématiques, ses assemblées et divers projets qu’elle prétend mettre en place. Le 02 juillet, jour de l’indépendance de la Bahia, les leaders communautaires de toute la région se sont réunis pour définir quelles seront leurs priorités en terme de travail pour l’année 2011-2012 en définissant un plan d’actions et un agenda commun. Ce fut aussi l’occasion pour nous d’évaluer dans quelle mesure nous devons accompagner la REGOABAPI et si nous pouvons d’ores et déjà la considérer sur la voie de l’autonomie et de l’autogestion.
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Olivier Grobet