Le cacao en Haïti : une richesse à valoriser

La variété Trinitario, à Chambellan – Grand’Anse

Emeline a rejoint ACTED en décembre 2016 dans le cadre du programme des Volontaires de l’aide de l’Union européenne (EUAV). Elle participe aux projets de sécurité alimentaire et de développement agricole d’ACTED en Haïti. Elle témoigne de son engagement au sein d’un projet de soutien aux producteurs de cacao touchés par Matthew, contribuant à la relance de la production et leur sécurité alimentaire.


Parmi les multiples richesses méconnues qu’abrite Haïti, on retrouve le cacao, dont la culture représente un enjeu socio-économique et environnemental majeur.

Une filière porteuse pourtant délaissée

En Haïti, la production nationale annuelle de cacao est estimée à 7500 tonnes. Si la production n’est pas optimale et imposante par ses chiffres (production annuelle de 50 000 tonnes en République dominicaine voisine), elle reste essentielle à l’économie locale. Après la mangue et les huiles essentielles, le cacao est le produit primaire haïtien le plus exporté. En 2011, la fève de cacao a constitué 28% du total des exportations agricoles haïtiennes pour une valeur totale d’environ 7 millions de dollars américains.

À la suite de la chute de la dictature des Duvalier en 1986, les principales familles bourgeoises qui avaient la main mise sur l’exportation du cacao et du café ont été les principales cibles d’un soulèvement populaire. Entre destruction des infrastructures de stockage ou de transformation et crise économique, la filière du cacao s’est retrouvée totalement déstabilisée.

Aujourd’hui, la cacaoculture concerne plus de 20 000 familles de zones rurales souvent très reculées des départements de la Grand’Anse et du Nord. Ces familles sont très dépendantes des quelques acteurs privés présents (seuls deux exportateurs opèrent toujours) et souffrent du manque de soutien de la filière par l’État.

Des variétés de cacao riches en saveurs et en potentiel

Les variétés de cacaoyer que l’on trouve en Haïti sont principalement le Criollo et le Trinitario, variétés très recherchées car fines et aromatiques, elles sont notamment utilisées pour la fabrication de chocolats haut de gamme.

Cependant, la qualité des variétés de cacao haïtien n’est pas valorisée, les fèves n’étant pas fermentées. Or, la fermentation du cacao est une étape technique importante qui permet d’obtenir des fèves d’une qualité aromatique supérieure recherchée sur le marché exigeant du chocolat, notamment en Europe. L’exportation actuelle des fèves non fermentées de cacao haïtien, simplement séchées au soleil, est destinée au marché de masse.

Renforcer la filière cacao : un enjeu environnemental de taille

La précarité de plus en plus préoccupante de la population pousse de plus en plus de familles à abattre leurs cacaoyers pour produire du charbon de bois, principal combustible utilisé pour la cuisson. Les plantations de cacaoyers ont alors progressivement disparu et les producteurs ont privilégié la plantation de cultures alimentaires à cycle court comme le haricot ou le maïs afin de limiter l’insécurité alimentaire encore bien trop présente en zone rurale.

Renforcer la cacaoculture en Haïti signifie retrouver une couverture végétale protectrice pour préserver les sols et les sources d’eau dans les zones montagneuses, de plus en plus mises à nu.

Un projet de réhabilitation de parcelles de cacao mené par ACTED

L’ouragan Matthew qui a frappé Haïti le 4 octobre 2016 a détruit une très grande partie des cacaoyers en Grand’Anse. Avec le financement des conseils départementaux des Yvelines, de l’Essonne et des Hauts de Seine, 269 hectares de parcelles de cacao ont pu être nettoyés dans trois communes de la Grand’Anse, Dame-Marie, Chambellan et Anse-d’Hainault, grâce à un projet d’argent contre travail qui a permis à 850 personnes de recevoir une rémunération à la hauteur de leur travail dans les parcelles de cacao ciblées par le projet de réhabilitation.

Dans le cadre de ce même projet, les producteurs de cacao de ces trois communes ont suivi une formation à l’agroforesterie, et des sessions de sensibilisation à la préservation de l’environnement ont été effectuées auprès des bénéficiaires et dans trois écoles primaires.

 

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