CAMEROUN: Un journaliste condamné à six mois de prison pour diffamation

Le directeur de publication du bimensuel indépendant Le Jeune Observateur, Jules Koum Koum, a été condamné, le 10 janvier 2005, à six mois de prison ferme pour diffamation. Il est, depuis, incarcéré à la prison centrale New Bell de Douala, la capitale économique du pays.« La condamnation d’un journaliste à une peine de prison ferme pour diffamation marque un net recul pour la liberté de la presse au Cameroun, a déclaré Reporters sans frontières. La rédaction d’un article sur les dysfonctionnements de certaines entreprises ne constitue pas un crime mais une contribution au devoir d’information du public. Nous soutenons donc la « journée sans journaux » initiée par le comité de soutien en faveur du journaliste Jules Koum Koum. »« Il est temps que la presse indépendante cesse d’être dans le collimateur des autorités camerounaises et que l’appel des professionnels des médias pour la dépénalisation des délits de presse soit entendu. S’il souhaite réellement prouver sa volonté de progresser en faveur de la liberté d’expression, nous incitons le gouvernement camerounais à s’engager dans le même processus que le Togo, la République centrafricaine ou l’Ouganda », a conclu l’organisation.Suite à la publication d’un article, le 8 février 2004, intitulé « CPA  [Compagnie professionnelle des assurances] et Satellite sont-elles des compagnies d’assurances fiables ? », la CPA a déposé plainte pour diffamation. Dans son enquête, le journaliste remettait en cause les intentions réelles et la bonne gestion des entreprises. Selon certaines sources, le juge chargé de l’affaire serait un parent d’un dirigeant de la CPA. La condamnation du journaliste a provoqué l’indignation de la presse indépendante qui a spontanément créé un comité de soutien à Jules Koum Koum, à l’initiative du directeur de la rédaction de L’Aurore Plus, Michel Michaut Moussala. Parmi les membres de ce comité figurent les directeurs de rédaction Peter William Mandio, du bi-mensuel Le Front, Samuel Mben Mben de l’hebdomadaire Habeas Corpus, Nyemb Popoli du tri-hebdomadaire satirique du même nom, et des représentants d’autres publications et de radios privées. Ensemble, ils ont convenu d’une « journée sans journaux », vendredi 21 janvier. Les radios ne diffuseront pas de programmes d’information pendant la matinée mais uniquement de la musique. Michel Moussala et le président de l’Union des journalistes camerounais, Célestin Lingo, se sont rendus, dans l’après-midi du 19 janvier, au ministère de la Communication pour rencontrer le ministre Jacques Fame Ndong qui leur a signifié une fin de non-recevoir. Ils ont pris la décision d’y retourner le 24 janvier.
 
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Reporters sans frontières
Reporters Without Borders
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