Campagnes pour la protection des journalistes

Les violences contre les journalistes détériorent la démocratie, avertissent l’UNESCO et la faîtière des travailleurs des médias.
Lundi 9 novembre, le journaliste Israel Vázquez Rangel était assassiné alors qu’il couvrait l’exhumation de restes humains dans la municipalité de Salamanca (Etat de Guanajuato). Une semaine plus tôt, dans l’Etat de Sonora, le médiactiviste Alfonso Piñuelas avait connu le même sort. Arturo Alba Medina, animateur de l’émission Teleradio sur Multimedios Televisión, dans la ville de Juárez, était lui tombé fin octobre. Trois victimes les plus récentes, toutes au Mexique.

Les chiffres mis en exergue par la Fédération internationale des journalistes (FIJ) sont effrayants. Depuis dix ans, un reporter est assassiné tous les quatre jours. Et neuf meurtres sur dix demeurent impunis. Si, selon les Nations unies, l’Amérique latine et les Caraïbes continuent d’être la région la plus dangereuse pour les travailleurs des médias, la plaie est mondiale. Durant les neuf premiers mois de 2020, plus de quarante meurtres ont été dénombrés, dont seize sur le continent latino-américain, onze en Asie et douze dans les Etats arabes et en Afrique.

Décidée à réagir, la FIJ a lancé il y a trois semaines une campagne contre l’impunité. Avec le Mexique en ligne de mire, la nation aztèque représentant depuis des années le pire des exemples. Depuis le début de la dénommée «guerre contre le narcotrafic», en 2006, la Commission nationale des droits humains a constaté que 90% des crimes contre des journalistes étaient demeurés impunis. «Nous voyons des centaines de cas où les autorités corrompues, liées à ces assassinats, continuent d’occuper des positions de pouvoir», souligne l’organisation regroupant quelque 600’000 journalistes affiliés à 187 syndicats dans 140 pays.

«Les groupes au pouvoir font d’énormes efforts pour cacher la vérité», dénonce la FIJ, qui estime qu’au moins 2644 journalistes ont perdu la vie dans le monde depuis 1990. La mort de ces travailleurs de la presse «signifie que des milliers d’histoires d’intérêt public ne sont pas racontées. Quand cela se produit, la démocratie est sérieusement affectée», écrit la fédération.

L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a également donné de la voix le 2 novembre – Journée international contre l’impunité des crimes contre les journalistes. Dans une étude publiée ce jour-là, elle pointe les attaques contre les femmes journalistes, tant dans le cyberespace qu’en dehors de celui-ci, du harcèlement par des trolls en passant par les agressions physiques et sexuelles.

Le 10 décembre 2020, Journée internationale des droits humains, l’UNESCO organisera une conférence internationale portant notamment sur «le renforcement des enquêtes et des jugements pour mettre fin à l’impunité des crimes contre les journalistes». L’occasion de présenter des directives élaborées par l’organisation internationale à l’intention des procureurs et des juges enquêtant sur ces crimes.

Sergio Ferrari,
https://lecourrier.ch/2020/11/19/campagnes-pour-la-protection-des-journalistes/

Traduction: Hans-Peter Renk

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