Cinq irréductibles ONGs continuent de sensibiliser le public du Paléo festival de Nyon aux causes humanitaires

« Le Paléo constitue une association neutre, mais il alimente une conscience sociale et humanitaire. Il a toujours été question de travailler avec comme principes : le respect, la tolérance et l’ouverture d’esprit », tels ont été les mots de Daniel Rossellat, fondateur du Paléo, pour expliquer la présence d’ONGs sur le site de l’un des festivals de musique les plus incontournable de l’arc lémanique. Ainsi, au fil des ans, quelques tentes d’irréductibles ONGs se tiennent au Paléo, profitant d’un public souvent décrit comme bon enfant.

Cette année, elles sont quatre à avoir planté leur tente et sardines entre le chapiteau et la grande scène. Médecins du Monde, Amnesty International, Terre des Hommes Suisse et Enfants du Monde ont ainsi côtoyé quelques autres stands à vocation sociale tel que celui de 143 la main tendue ou de prévention SIDA. Médecins sans frontières ont, eux, opté pour l’orient. Plus à l’écart qu’à l’habitude, l’occasion était belle pour évaluer l’impact d’un autre positionnement au sein du festival.

D’année en année, une poignée de bénévoles se relaient pour sensibiliser le public aux causes humanitaires et aux défis du développement durable. La formule plaît – rien d’étonnant donc de retrouver quelques habitués en poste. Pourtant dans un cadre festif tel que le Paléo, il est parfois difficile d’amener les passants à s’intéresser aux actions d’associations. Stratégies de communication, objectifs de sensibilisation ou de recrutement, tout a été passé en revue pour introduire leurs messages. (GO)

Visite guidée des cinq stands,  de leur façon de procéder et florilèges des questions fréquemment posées par les curieux

Médecins du monde – Raphaël Rollier :

Médecins du monde est au Paléo, bien évidemment, pour se présenter. La visibilité donnée nous permet non seulement de sensibiliser les gens, mais de récolter quelques dons en plus. Par rapport à l’année dernière, nous avons adopté plus ou moins la même stratégie de communication. Ici, au Paléo, le public est toujours très sympathique, super ouvert, souriant et intéressé. Nous avons d’ailleurs pu recruter pas mal de personnes. En règle général, c’est le public qu vient à nous avec des questions souvent compliquées genre : « Je suis médecin, J’ai envie de travailler au sein de l’humanitaire. Dites-moi simplement comment cela se passe au niveau des assurances ? » En dehors du fait de vouloir partir, moins de gens s’intéressent aux problématiques médico-sociales de notre monde. Et même s’ils s’y intéressaient, la majorité vient tout de même voir des concerts pour se divertir. C’est donc difficile de faire un travail de sensibilisation exhaustive.

Amnesty international, groupe de la Côte – Michèle Resin

Comme chaque année, Amnesty International présente une pétition différente chaque jour. Cette fois, nous avons commencé avec la Suisse et le conseil fédéral concernant les restitutions de prisonniers par les Etats-Unis. Ensuite, il y a un sujet relatif à la Tunisie. Nous avons d’ailleurs obtenu des résultats très encourageants à propos des 10 prisonniers dont on s’occupait. Neuf ont été libérés jusqu’à aujourd’hui. Nous cherchons à obtenir la grâce du dernier. Amnesty s’investit aussi dans une campagne contre les violences domestiques en Albanie, une autre sur les paysans sans terre du Guatemala, encore une autre sur une condamnée à mort en Arabie Saoudite qui se nomme Siti Zainab. Enfin nous nous engageons au Nigeria pour responsabiliser les compagnies pétrolières au niveau des conditions de vie qui se sont dégradées pour les populations locales. Souvent le public se montre très curieux et se montre surpris par exemple quand on lui présente la Tunisie comme un pays liberticide. Chaque signature est importante. Ce qui est intéressant, c’est qu’en proportion par rapport au nombre de personnes venant au Paléo, il y en a moins qui viennent signer nos pétitions. Je suppose que cela est dû au fait que le public est beaucoup plus dispersé à l’intérieur de l’enceinte qu’il y a quelques années en arrière où le Paléo était plus petit. Nos stands sont donc moins visibles.

Toute la semaine nous incitons le public à voter 2x non concernant le référendum qui sera voté le 24 septembre à propos de la loi sur les étrangers. Votez 2x non !!! Ces lois sont contraires aux droits de l’Homme ; il n’y a plus d’entrée en matière sur les demandes déposées par des personnes qui ne peuvent pas présenter leurs papiers d’identité à l’arrivée. Le délai pour faire recours est ramené à 5 jours, y compris le week-end. Or, les personnes persécutées n’ont bien souvent pas de passeport car elles partent en toute hâte de leur pays. Ensuite le délai de recours est aberrant et impossible à respecter. Comment voulez-vous par exemple obtenir en 5 jours des papiers provenant de Sierra Leone. En tant que NEM, ces réfugiés n’ont aucune aide et aucun droit. Est-ce cela la Suisse ? Je vous rappelle qu’il existe un article dans la convention des droits de l’Homme qui stipule : « Toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile en d’autres pays. » Cela constitue un droit fondamental qui risque d’être bafoué en Suisse. Donc 2x NON le 24 septembre.

Si vous passez  au Paléo, venez nous voir pour signer nos pétitions. Chaque signature compte. Cela permet d’arrêter des tortures, de libérer des innocents et de combattre l’injustice.

Terre des Hommes Suisse – Audrick Guerrazzi :

Le premier but de notre présence  ici est de faire de la reconnaissance institutionnelle – montrer que nous existons et que nous sommes actifs. On informe volontiers le public vis-à-vis de nos actions, notamment à propos de la Marche de l’espoir. Terre des Hommes Suisse fait aussi partie du collectif contre l’exclusion et la xénophobie et partage donc la campagne de lobbying politique pour prôner le 2x NON sur la loi contre les étrangers. Sinon, comme l’année dernière, nous avons actualisé la campagne solidarcomm. Le but est d’inciter les gens à remettre leurs anciens natels (téléphones portables) dans les urnes qui se trouvent à Terre des Hommes Genève, à la FNAC et à l’Université de Genève, pour pouvoir les remettre à une association qui s’appelle  » Realise « . Cette dernière les détruit dans les normes ou les remet en état afin d’être à nouveau commercialisés en seconde main. Cette campagne s’inscrit donc dans l’optique du développement durable. Sinon les personnes nous demandent souvent quelle est la différence entre Terre des Hommes Suisse et Terre des Homme Lausanne. Où va l’argent ?  L’année dernière, nous avions un questionnaire Quiz qui nous permettait d’aborder les gens. Cette année, nous sommes un peu plus passifs. Du coup, moins de personnes s’arrêtent. Enfin si cela touche au moins une personne – c’est déjà pas mal.

Enfants du Monde – Vanessa Da Silva

Par rapport aux autres années, nous avons beaucoup moins de contact. Avec Terre des Hommes Suisse, nous avions un Quiz qui nous étaient très utiles pour amener les sujets que nous souhaitons aborder. Nous proposons aussi une expo de photos. Sinon nous vendons quelques objets d’artisanat d’ailleurs. Je dirais que c’est très calme cette année. Cela peut du reste fluctuer en fonction des jours. Souvent les personnes qui s’arrêtent connaissent déjà EdM et demandent s’il y a encore des camps interculturels. Quelque uns viennent aussi pour obtenir un stage.

Médecins sans frontières – David Di Lorenzo

Cette année, nous avons été délocalisé par rapport aux autres ONGs parce qu’inscrit trop tardivement. L’expérience démontre assez clairement que l’emplacement entre le chapiteau et la grande scène est bien plus fréquenté. Pour cette édition, les habitués du stand ont même baroudé pour nous retrouver. Dans le quartier de l’Orient, les gens viennent plutôt se restaurer. Les curieux qui s’arrêtent volontiers sont souvent des personnes travaillant dans le domaine de la santé et qui cherchent à envisager une mission auprès de notre ONG. Les questions qui reviennent le plus tentent de répondre aux conditions d’engagement nécessaires : conditions salariales, types de spécialisations requises, possibilité de travailler en couple… La Paléo constitue un excellent endroit pour recruter, peut-être grâce à l’ambiance, la mentalité des personnes le fréquentant. Un médecin qui apprécie les conditions de vie du festival, le camping et l’esprit « roots » n’aura probablement pas de problèmes lorsqu’il s’agira de vivre dans des conditions plus simples qu’en Suisse. Je dirais même que nous obtenons plus de résultats ici que dans un forum de médecine beaucoup plus ciblé. En ce qui concerne les dons et la vente de T-shirts – je dirais que cela reste marginal. Nous n’avons pas mis en place de pétition cette année, même si celle de l’année dernière concernant la malaria et Novartis a eu un bon impact médiatique     (http://www.humanitaire.ws/plus_info.php?idnews=273 ). L’actualité nous touche aussi, notamment les événements se déroulant au Liban. Nous avons en ce moment même sur place une équipe qui évalue les besoins de la population et de l’envergure de l’opération que nous devrions mener. A priori, le Liban vit bel et bien une nouvelle tragédie, supposant une crise humanitaire d’envergure. Nous en saurons plus très rapidement.

Propos recueillis par Olivier Grobet

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