Le 20 septembre dernier, de très diverses organisations sociales et syndicales comme USO (Union Syndicale Ouvrière), CUT (Centrale Unitaire des Travailleurs), MANE (Bureau Nationale Etudiant), La Route Pacifique des Femmes et le Réseau d’Initiatives de Paix depuis la Base, entre autres, se sont réunis pour convenir du programme de la Semaine Nationale de l’Indignation : « Allons pour un programme social ». Il a été discuté des propositions et des activités, quant au processus de dialogue et de négociations Gouvernement-FARC.
Les inspirateurs de la ″Semaine″ avaient convenus d’exprimer l’indignation, avec des manifestations par secteurs : le 4 octobre, les Centrales ouvrières avec une mobilisation nationale en vue d’un travail digne et la MANE (Bureau National des Etudiants), appelle à la mobilisation nationale pour une éducation publique et gratuite. Le 12 octobre, de nouveau la MANE appelle à une mobilisation nationale ; le mouvement social et syndical convoque, pour sa part, à une grève nationale.
Avec l’annonce de conversations de recherche de paix, les organisations se sont mises d’accord, dans le cadre de la semaine de l’indignation, de consacrer le 8 octobre à la journée de la paix, avec une grande manifestation sur la Place Bolivar de Bogota et la présentation de la Route Sociale Commune pour la Paix. Cette mobilisation aura comme but principal d’entourer, d’accompagner et de ″blinder″ le processus de négociation. Les organisations sociales et populaires expriment ainsi leur soutien déterminé et font passer le message qu’ils ne quitteront pas la table des négociations jusqu’à ce qu’ils arrivent à un accord définitif quant au conflit armé. De même il a été convenu de mobilisations simultanées dans les principales villes du pays.
Route Sociale Commune pour la Paix
Les très divers participants ont été d’accord pour s’identifier comme un espace vaste réunissant différentes initiatives de paix, secteurs et organisations sociales et syndicales, qui cherchent à ″avancer dans la construction d’un plan d’unité des organisations populaires et d’un mouvement Social pour la Paix″.
Avec cette prémisse comme base, le Comité Opératif de préparation du Congrès National de Paix a présenté les avancées de la préparation du congrès.
En premier lieu, il a averti que l’initiative d’une Route Sociale Commune pour la Paix n’est pas un espace des guérillas comme la rumeur a couru. C’est un espace ouvert, inspiré par le Congrès des Peuples, dans lequel ont participé d’autres mouvements comme la Marche Patriotique, des Eglises, des ONG, la Route Pacifique, le Réseau d’Initiatives de Paix depuis la base, la Coordination Nationale d’Organisations et de Mouvements Sociaux et Politiques de Colombie (COMOSOCOL)
Que la Route Sociale Commune pour la Paix est une initiative récente, qui a pris la décision de « protéger » le processus de négociation entre le gouvernement et les FARC, mais qui considère que dans ce processus et autour de cette table de négociations, la construction de la paix en Colombie ne se terminera pas. De même, elle considère qu’il est nécessaire d’identifier « les ennemis de la paix et de la négociation ». La Route Sociale Commune continuera de souligner l’exigence que les diverses parties se mettent d’accord sur un cessez-le-feu et qu’il y ait une réelle et effective participation de la société civile et des organisations sociales durant les négociations et les prises de décisions, pour le futur de la paix en Colombie. La Route Sociale Commune pour la Paix réclame une place dans ce programme de dialogue et de négociation.
Cette proposition – un « bureau » de la société civile pour la paix, conjointement avec la Route Sociale Commune pour la Paix – se soumet au président Santos et aux FARC afin d’être considérés comme interlocuteurs dans les dialogues et négociations de la Havane.
Et que dit le gouvernement ?
Le président Santos a également appelé tous les citoyens à se manifester le 8 octobre, en faveur de la paix. De son côté, l’extrême droite appelle à des mobilisations, le même jour, contre le processus de dialogues et de négociations avec les FARC.
Le président a nommé l’ex-maire de Bogota, Luis Garzón, pour qu’il commence une série de débats et de réunions dans les régions, incluant des secteurs de la société civile, avec l’intention de débattre et de recueillir les propositions de la société civile quant au programme de pourparlers entre gouvernement et FARC. Garzón a déclaré que sa tâche est de « mettre le peuple à la paix » et a signalé qu’il a proposé au président Santos de redéfinir le Conseil National de Paix de telle manière qu’il puisse être un organisme de communication permanente, non seulement à la table de négociation de la Havane, mais aussi avec toute la société.
De nombreux secteurs des organisations sociales considèrent que la participation des milieux populaires et de leurs organisations, dans le processus de dialogues et de négociations, doit se faire au travers de programmes propres, politiques et bien établis , convenus préalablement entre eux. Il faudrait, de plus, exiger publiquement qu’on n’accuse pas de « crimes » ceux et celles qui soutiennent les dialogues et qui travaillent pour la paix.
Irma García, PAS/Coordinatión E-CHANGER en Colombie
Traductión Xavier Allart, collaboration E-CH, ONG de coopération solidaire présent en Colombie