Corruption au Sarawak: Wikileaks confirme les reproches du Bruno Manser Fonds

 
Ambassade US à Kuala Lumpur: Taib Mahmud, chef du gouvernement du Sarawak, est «hautement corrompu» et ignore les recommandations de la commission des droits de l’homme.
 
(Bâle / Kuala Lumpur). Certaines dépêches confidentielles de l’ambassade des États-Unis à Kuala Lumpur, publiées la semaine passée par Wikileaks, confirment les reproches formulés par le Bruno Manser Fonds à l’encontre du gouvernement de l’État malais du Sarawak, sur l’île de Bornéo. Selon ces documents, l’ambassade US en Malaisie était au fait de l’extrême corruption du chef du gouvernement du Sarawak Abdul Taib Mahmud («Taib») et en avait informé de manière exhaustive Washington.
 
Après une visite au Sarawak réalisée en octobre 2006, l’ambassade US avait fait savoir que la famille Taib possédait des participations financières dans la plupart des entreprises du plus grand État de Malaisie, en particulier dans le défrichage des forêts tropicales. «Les sources de l’ambassade externes au gouvernement caractérisent Taib de manière unanime comme étant hautement corrompu», a résumé le chef de la section politique de l’ambassade US. En nommant des chefs de tribus dociles à des postes financièrement intéressants, Taib arrive à étouffer dans l’œuf toute opposition.
Selon Wikileaks, la commission malaise des droits de l’homme SUHAKAM s’est plainte auprès de l’ambassade US comme quoi ses recommandations seraient tout bonnement ignorées par le gouvernement de Taib. Le commissaire aux droits de l’homme Mohammad Herman Titom Abdullah a rapporté que 15’000 Penan ne disposeraient ni d’électricité, ni d’eau potable, ni d’un accès à une formation scolaire. Il a en outre critiqué le fait que le gouvernement malais ne respectait pas sa promesse d’intégrer tous les habitants au système de formation: «Pour beaucoup d’enfants Penan, l’école la plus proche est à plus de deux heures de marche ou de bateau.»
 
Ambassade US: Taib patrouille avec 14 hélicoptères
 
 En novembre 2009, les analystes de l’ambassade US rapportaient qu’après 27 ans au pouvoir, Taib restait indéboulonnable: «Pendant que son gouvernement remet des licences de défrichage et patrouille l’État sous-développé avec 14 hélicoptères, ses sociétés familiales contrôlent une grande partie de l’économie». Tous les contrats importants ainsi qu’une part essentielle des surfaces utilisées pour les nouvelles plantations de palmistes sont allés à trois entreprises de la famille Taib, Cahya Mata Sarawak, Naim Cendera et Titanium Management.
 
La Deutsche Bank fricote avec une entreprise de Taib
 
L’entreprise Cahya Mata Sarawak, mise en exergue par l’ambassade US, est un proche partenaire de la Deutsche Bank, avec laquelle elle entretient une Joint Venture en Malaisie. Dans un courrier adressé en juin à la Chancelière fédérale Angela Merkel, le Bruno Manser Fonds informait le gouvernement allemand de la problématique et demandait un blocage des éventuels fonds de Taib déposés en Allemagne. La missive a été redirigée vers le Ministère des finances, sans qu’une réponse ait pour l’instant été donnée quant au contenu. La Deutsche Bank pour sa part n’a pas trouvé bon de répondre à plusieurs demandes à ce sujet.
 En mai 2011, sur l’initiative de la Présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey, l’Autorité suisse de surveillance des marchés financiers (FINMA) a ouvert une enquête sur d’éventuels avoirs de Taib en Suisse. La Malaisie a réagi à cette information en annonçant que l’autorité malaise anti-corruption MACC enquêtait à l’encontre de Taib.
 
Bruno Manser Fonds, Socinstrasse 37, 4051 Bâle
www.bmf.ch, www.stop-timber-corruption.org
 

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