E-CHANGER publie son dossier sur le Forum Social Mondial

La Tunisie, laboratoire des luttes citoyennes planétaires: un dossier sur le Forum Social Mondial
Du 26 au 30 mars, Tunis accueillera le Forum Social Mondial (FSM). A l’origine des mobilisations massives qui ont balayé le nord de l’Afrique en 2011 et qu’on appelle le « printemps arabe », la Tunisie est aujourd’hui traversée par des luttes constantes en faveur de la démocratie, de la justice sociale, et de la liberté. C’est précisément autour de ces thèmes que le FSM, depuis 2001 et sa création à Porto Alegre, articule son programme et ses axes thématiques. Cette rencontre à Tunis soulève des enjeux majeurs, tels que la solidarité entre la société civile mondiale et les aspirations tunisiennes à un système plus juste.
Entre 30 et 50  mille participants – soit des milliers d’organisations représentées – investiront le campus de l’université El Manar. Une délégation Suisse de plus de 60 personnes, formée de syndicalistes, membres d’ONG, personnalités politiques et journalistes, sera également présente.
 
Un dossier, réalisé par E-CHANGER en partenariat avec Le Courrier et publié à près de 12’000 exemplaires, dessine les axes thématiques de ce FSM. Il permet de comprendre ce qu’est le Forum aujourd’hui et d’imaginer les défis qui l’attendent.  
Pour cette 9ème édition, la première dans le Maghreb et la troisième en Afrique, cet espace d’échange horizontal et démocratique, aminé par les sociétés civiles du Sud comme du Nord, devra faire face à d’énormes défis. L’un d’eux consiste à définir l’alternative à la crise profonde et durable du système actuel. La solution passe-t-elle par la modification de mécanismes à l’intérieur du système ou par une reconceptualisation globale d’un système qui n’est, coûte que coûte, plus viable ? Pour Adeline Aubry et Sergio Ferrari, qui cosignent l’édito du dossier, le débat idéologique est ouvert et la rencontre de Tunis représente un rendez-vous unique pour confronter les avis, densifier les réseaux, solidariser les engagements et coordonner les agendas sociaux.
 
La deuxième page revient sur deux décennies de résistances mondiales. Dans une lecture transversale des luttes citoyennes, Sergio Ferrari postule que les mobilisations civiles de ces dernières années, telles que le « printemps arabe » ou le mouvement « Occupy Wall Street » en 2011, donnent un nouvel écho aux revendications des Zapatistes. En 1994, ce mouvement occupa des villes du Chiapas pour dénoncer un Traité de libre-échange entre les Etats-Unis, le Canada et le Mexique. Si la mobilisation contre ce Traité fut soudaine et puissante, c’est qu’il était le symbole d’un dispositif juridique international que les puissances du Nord voulaient imposer au Sud. Que l’on parle de démocratie, de justice ou de liberté, que l’on soit Zapatiste ou Indigné de Wall Street, les luttes citoyennes demandent toujours la participation « de ceux d’en bas ». Tunis leur offre une plateforme.
 
En page 3, Claude Desimoni propose une lecture efficace et sans concession d’une société en perte de sens, de repères et de valeurs, dont le seul enjeu est l’accumulation effrénée de richesses matérielles. Sortir de ce capitalisme outrancier et s’attaquer à son moteur, c’est initier le changement au niveau économique, là où se situe le pouvoir réel, avec comme idéal et ligne de conduite la décroissance : consommer moins et en adéquation avec les ressources de la planète, agir par le bas au lieu de s’attaquer frontalement au pouvoir économique dans un combat perdu d’avance. Cette réflexion se termine par des axes de discussion qui viennent s’ajouter au programme thématique du FSM, expliqué sur cette même page en encadré.
 
Le dernier volet du dossier donne la parole aux acteurs du Sud à travers deux interviews. Tout d’abord, Mimoun Rahmani, membre du comité de suivi du Forum Social Maghrébin et président d’ATTAC Maroc, exprime un défi central de cette rencontre : celui de mobiliser et d’impliquer les mouvements qui luttent au quotidien mais qui ne disposent pas forcément des ressources nécessaires pour se déplacer à Tunis. Il raconte également la réaction indignée de la société civile tunisienne suite à l’assassinat de Choukri Belaïd le 6 février. La parole est ensuite donnée à Miriam Nobre, coordinatrice du Secrétariat international de la Marche Mondiale des Femmes. Elle souligne que la quasi-totalité des enjeux internationaux sont présents en Tunisie, ce qui fait de cette capitale du Maghreb un espace de rencontre plus actuel que jamais. Une quinzaine de femmes de la Marche Mondiale feront le déplacement.
 
Au retour de la délégation suisse, un second dossier, rédigé à nouveau par E-CHANGER en partenariat avec Le Courrier, proposera des analyses, témoignages et photos de cette rencontre. Dans quelle mesure ce FSM de Tunis aura-t-il été constructif pour les sociétés civiles ? Réponse le 27 avril, date de parution du dossier.  
 
Pierre Meyer, journaliste
Consulter le dossier complet sur le Forum Social Mondial

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