Quel rôle doit tenir l’humanitaire aujourd’hui ?
L’humanitaire possède un sens dans la mesure où nous pouvons l’intégrer dans un concept beaucoup plus large, notamment au niveau des potentialités du Sud. Il y a des situations d’urgence- évidemment. Mais on ne peut pas en rester là. Dans le monde de la coopération, il y a deux grands « acteurs » : l’aide humanitaire et l’aide à la coopération au développement. Il faudrait essayer de créer une nouvelle culture de communication complémentaire. On a trop sectorisé les domaines. L’aide au développement ne peut pas agir s’il n’y a pas eu de l’aide humanitaire à la base. Il y a un débat à développer, des synergies à mettre en place et un concept à renouveler. Pour moi, l’humanitaire a un sens dans la mesure où on ne le nourrit pas uniquement d’aides ponctuelles. On doit le replacer dans l’optique d’un genre humain qui se développe de façon équilibrée. A ce niveau, on paie le prix d’un fonctionnement très sectaire. Là où il y a des cas d’urgences, il existe des mouvements sociaux qui se développent. Le but est de construire une aide commune où les acteurs sociaux locaux se fortifient. Malheureusement, les mécanismes de l’humanitaire amènent une certaine passivité des autochtones. Il y a matière à réfléchir à propos de nos interactions.
Quel conseil donner à une personne qui souhaite s’engager aujourd’hui ?
Au niveau des relations Nord-Sud, le concept-clé est le partenariat. Il faut toujours se demander quels engagements et partenariats on veut privilégier. Avec qui et comment on souhaite se lancer. Les acteurs qui développent la conscience, l’organisation dans la réalité sont à favoriser. Le concept qui doit animer cet engagement est celui de la justice planétaire. La nécessité de trouver une logique d’équilibre entre son interaction entre les différents acteurs sociaux semble primordiale. Il s’agit de savoir quel apport concret nous allons pouvoir donner à un système planétaire beaucoup plus équilibré. L’engagement n’est pas seulement ce qu’on fait pour une cause en Suisse, mais de savoir quels vont être les répercussions planétaires de son action collective. Le « je » acteur devient mondial dans une perspective de coresponsabilité entre les acteurs du Nord et du Sud. Il est question d’une civilité planétaire.
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Propos recueillis par Olivier Grobet
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