Forum social mondial… heure zéro

Les femmes donneront le départ « officiel », en précédant avec leur assemblée mondiale l’ouverture de la 12e session du Forum social mondial (FSM), le 26 mars. Quelques heures plus tard, mardi après-midi, dans la capitale tunisienne une manifestation (comme c’est d’ordinaire le cas) ouvrira le rendez-vous des altermondialistes. La marche débutera sur la place du 14 janvier, date emblématique qui rappelle le début, en 2011, de la « révolution de jasmin ».

L’action des femmes et la mobilisation de rue, dans le cadre de la transition démocratique, soulignent les aspects de ce premier FSM au Maghreb, 12 ans après Porto Alegre 1 (en Rio Grande do Sul, Brésil).

Cette session du FSM, à Tunis, se tiendra dans un contexte politique complexe, plein de défis. Après l’insurrection de 2011 qui avait renversé le régime du président Ben Ali, les tensions croissantes entre l’islamisme radical, au gouvernement, et les forces démocratiques d’opposition occupent la scène politique dans ce pays de 10 millions d’habitants.

Avec une assistance de milliers de participants (30 à 50.000, en provenance de 127 pays, selon les estimations des organisateurs), le FSM pourra représenter une bouffée d’air frais pour le pays. Cela, six semaines après l’assassinat de Choukri Belaïd, l’un des dirigeants les plus connus de l’opposition de gauche, un acte criminel qui a fait exploser la colère populaire.
« Cette session du FSM en Tunisie a une signification importante. Elle peut nous aider à rompre la spirale de la peur et servir d’une barrière importante pour arrêter la violence », déclare Basma Khalfaoui, militante féministe et veuve de Choukri Belaïd, Et de souligner: « Cela nous servira à apprendre d’autres expériences, à nous inspirer d’autres processus et à des échanges mutuels avec les représentant-e-s des forces démocratiques du monde entier ». Une manière concrète d’ouvrir la dynamique tunisienne et régionale à la solidarité internationale, à un moment où les issues, les sorties du labyrinthe sont difficiles à prévoir.
Les efforts organisationnels déployés pour les préparatifs du FSM ont été impeccables. Les 5000 organisations inscrites animeront plus de 1000 activités autogérées dans l’énorme campus de la capitale, l’Université El Manar. Le programme des activités a été inséré sur Internet, plusieurs jours avant le début du FSM. La version imprimée de ce programme circule massivement.
D’autre part, ces dernières heures, le FSM commence à se profiler, lentement, dans la capitale: affiches dans les rues appelant au « Forum de la Dignité », des espaces médiatiques jusqu’ici pas très abondante, une tente d’information et d\’accréditation sur l’avenue Bourguiba, au centre de Tunis et l’arrivée des premiers participants étrangers.
Trois composantes joueront un rôle décisif dans le succès de cette rencontre: la capacité réelle de convocation des mouvements sociaux les plus dynamiques du pays, notamment l’Association tunisienne des femmes démocrates(ATFD), l’Union générale des travailleurs (UGTT) et l’Union des diplômés chômeurs (UDC) ; – la réponse de la société civile tunisienne, en général et la participation de la société civile internationale.
Un défi énorme pour les militant-e-s démocratiques de la Tunisie et du Maghreb, souligne Fathi Chamkhi. Ce professeur d’université, membre d’ATTAC-Tunisie et du Comité pour l’annulation de la dette extérieure/Afrique, est aussi l’un des dirigeants nationaux du Front populaire pour la réalisation des objectifs de la révolution (FPror), qui regroupe l’opposition de gauche tunisienne.

Et de souligner l’importance de cet exercice de solidarité concrète dans une conjoncture délicate de la vie du pays: le processus populaire, surgi avec toute sa virulence en janvier 2011, est aujourd\’hui en dispute, menacé et a besoin d’être appuyé par les démocrates du monde entier, conclut Fathi Chamkhi.

Sergio Ferrari , collaboration de presse, E-CHANGER . Traduit de l\’espagnol: Hans-Peter Renk

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